Pas
de faire-part. Dans les rues désertes d’un Paris-au-mois d’août, le corbillard
passera sans faire plus de de bruit que celui conduisant Mozart à la fosse
commune, suivi par un chien dans les rues de Vienne. Le corbillard d’aujourd’hui
se résume à une brève en ligne annonçant
la conduite du de cujus au pilon des titres disparus. Il n’y aura pas grand
monde pour cette mise en terre. Le milieu
se passionne pour les crises successives, chaque fois plus intenses et
rapprochées, qui permettent à Libération
de se faire peur sans que son pronostic
vital ne soit vraiment engagé.
Quant à l’acharnement thérapeutique
dont bénéficie l’Humanité, son coût
en dépenses sociales ne fait pas débat comme pour Vincent Imbert.
C’est rassurant.
Le
décès brutal et inattendu du Spectacle du
Monde ne provoquera pas une avalanche de mots de condoléances ou une ligne
de communiqué du Sinistère de la Kultur. Personne ne se dira dévasté…
"Il faut de l’agréable et du réel ; mais
il faut que cet agréable soit lui-même pris du vrai." Présente dès l’origine
en page trois de la publication, cette phrase de Blaise Pascal exprime
parfaitement l’esprit de cette revue de haute tenue. Avec le recul qu'interdit à
la presse quotidienne son nez dans le guidon, et sans la lecture trop précipitée des
évènements qu’impose le rythme hebdomadaire, Spectacle offrait chaque mois depuis plus
de cinquante-deux ans une relecture réfléchie et une mise en perspective de l’actualité
politique, géopolitique, sociétale et de tous les domaines de la culture. Elle
permettait à l’honnête homme de se poser et, ainsi, de pouvoir prendre
conscience des dimensions parfois insoupçonnées des évènements et, aussi, de
découvrir souvent l’intérêt de certains sujets lui étant étrangers.
Hormis
quelques assez courtes interruptions volontaires à des moments de ma vie trop prenants pour que je puisse suffisamment
profiter de sa lecture, j’y suis abonné depuis quarante-cinq ans… J’en ai cinq
cartons à la cave car c’est le genre de revue qu’on répugne à jeter après consommation. S’ils sont forcément
aujourd’hui datés, je suis sûr que
feuilleter ces anciens numéros doit permettre de retrouver le "climat"
de certaines périodes et de découvrir bien des analyses prémonitoires… Pour le fun, je garde le souvenir fugace de quelques
articles aux apparences de billets d’humeur mais d’une profondeur
exceptionnelle dans la mise en perspective. Comme, par exemple, un article de
Jean-Raspail sur le tutoiement ; et même un autre de François Brigneau sur…
le rugby…
Aujourd’hui,
j’ai devant moi le numéro 613, celui de juillet-août. C’est le dernier ;
il n’y en aura pas d’autres… Et, contrairement à ce qui est fréquent dans la
presse, pas un mot n’y annonce sa propre mort.
Fondé
par Raymond Bourgine en 1962, Le
Spectacle du Monde a toujours été résolument de droite, tant par la qualité
des plumes dont il hébergeait la prose que par le soin et le souci de qualité
apporté à l’esthétique, à sa mise en page élégante et au choix des
illustrations.
Nous étions 16 500
abonnés. Mais le titre ne dispose évidemment pas des mêmes indulgences d’enfant
gâté que l’Huma, par exemple. Profitant
de la vacance de l’été, le groupe de
presse Valmonde vient donc d’évoquer
un manque de rentabilité pour arrêter
la publication en s’amputant d’une de ses deux guiboles essentielles (Va-t-il s’appeler
dorénavant le groupe Val ?)
Va pour le manque de
rentabilité… L’OJIM, toutefois s’interroge.
Ne s’agirait-il pas aussi, ou plutôt, d’une question de "ligne politique" ?
Le
Spectacle du Monde a toujours joué la carte d’une large ouverture sur
toutes les sensibilités de droite. Par les temps qui courent où, du
centre-droit aux courants les plus affirmés de la droite identitaire et/ou
euro-méfiante, des recompositions sont probables, voire des bouleversements
possibles, le positionnement ouvert du Spectacle
ne serait peut-être plus jugé en adéquation avec l’orientation très libérale et
franchement pro-sarkozyste de Valeurs
Actuelles, titre phare en pleine croissance sur lequel le groupe Valmonde met visiblement le paquet ?
Quoi qu’il en soit,
la fin de Spectacle du Monde est une
perte pour la culture française.
une perte pour la culture française ne peut que réjouir ceux qui sont en train de tout faire pour faire disparaitre la culture française , Tu pleures et avec toi , ceux qui trouvaient plaisir a lire un journal bien écrit et au texte réfléchi...ailleurs ça doit rigoler ...
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