On avait déjà eu l’inévitable Buren.
Ayant obtenu en son temps une juteuse commande de la ville de Lyon pour
agrémenter de ses rayures l’immobilier
urbain de la place des Terreaux, il avait assigné les éditeurs de cartes
postales, coupables selon lui de ne pas lui verser de royalties sur la vente
des cartes représentant la place. Le bon sens ayant alors encore prévalu, il
avait été définitivement débouté en appel. Mais, dans les circonstances d’aujourd’hui, la jurisprudence pourrait bien évoluer…
En 2001, la municipalité de Hayange (Moselle) avait
acheté à un certain Alain Mila, "artiste local", une fontaine de sa conception pour orner une
quelconque place de ladite ville. Cette chose dont l’esthétique et l’originalité
vous sauteront aux yeux se compose d’un tube métallique d’arrivée d’eau
joliment courbé. A l’opposé de quelques fils de fer ébouriffés, un bout de
tuyau horizontal envoie l’eau dans une conduite forée au travers d’un bloc de
pierre (probablement
de récupération sur quelque obsolète résidu de patrimoine médiéval) L’eau ressort astucieusement de l’autre côté pour
arroser le chef d’un gros œuf en métal. C’est vrai qu’il fallait y penser… Depuis treize ans, donc, ce mobilier urbain
cette œuvre d’art faisait la fierté des Hayangeois. Entre temps, l’artiste "local"
avait depuis longtemps quitté la région pour aller vivre la suite de ses jours
en des lieux peut-être plus attirants…
Las ! Un coup de fil anonyme
vient judicieusement de lui rappeler sa paternité de 2001 (laquelle lui avait, à l’époque,
rapporté la modique somme de 9.000 €) en l’informant
de l’outrage dont a été victime sa progéniture.
En effet, la nouvelle municipalité - dont les goûts et les couleurs peuvent
se discuter – n’a rien trouvé de mieux à faire pour égayer à moindre frais la
place paraît-il sinistre que de ripoliner la fontaine : le bassin en bleu
piscine et l’œuf en bleu turquoise… Ce n’est peut-être pas du meilleur goût
mais cela met une note de couleur et,
après tout, le turquoise peut rappeler l’enrichissement culturel que nous
devons et devrons de plus en plus à la Turquie…
Aussi sec, l’artiste ne pouvait pas rater cette occasion de faire parler de
lui et de réactiver sa réputation : Il attaque la collectivité devant le
tribunal administratif de Strasbourg pour "atteinte à son travail et à ses
valeurs"...
Il est vrai qu’en 2001 la municipalité était socialiste et qu’elle est
aujourd’hui FN.
De la part de l’artiste soucieux
de ranimer son business plan, sa réaction
outragée s’explique sinon se comprend. Alors, pourquoi vous en causer sinon
pour meubler tant on n’en a rien à
foutre ?
Parce que nous avons là un exemple de plus, un de plus, de la manière
désespérée avec laquelle les guignols qui nous a-gouvernent cherchent quelque chose à dire. Faut dire qu’ils
sont à bonne école depuis que le "Président de la République" (ne cherchez pas pourquoi je mets des
guillemets) se substitue au sous-préfet d’arrondissement
au point-presse du dernier accident de la route ; et qu’il remplace la spiquerinne du 20h pour lire les
dépêches de l’AFP sur les crashs d'avions exotiques en ajoutant des blancs et des euh à ce que
nous aurait dit la fille…
La divine Aurélie Filippetti, donc, s’est fendue d’un indispensable
communiqué où elle dénonce «une violation
manifeste du droit moral et des règles élémentaires du code de la propriété
intellectuelle et de la protection du patrimoine». Interrogée avec
gourmandise par France Info, elle a elle-même tenu à ajouter : «Qui sont ces gens qui s'arrogent le droit de
dénaturer des œuvres ? Ça arrive dans une ville Front national, on vient bien
le mépris avec lequel certains élus Front national tiennent l'art et la culture».
N’étant pas daltonienne (je crois), elle n’a quand-même pas osé reprendre
le propos de l’artiste outragé : «Le
bleu utilisé est très proche de celui du logo du Front national»…
J’attends avec impatience les attendus et le jugement de la justice
administrative…
Et comment y boit-on à cette fontaine? Et où pose-t-on le seau qu'on veut y remplir?
RépondreSupprimerSi j'étais la nouvelle municipalité, j'aurais avisé l'artiste précédemment local que sa fontaine avait été peinte par un artiste nouvellement local (par ailleurs employé communal).
pour outrager ainsi une œuvre d'art il eut fallu que chacun fut convaincu que c'était de l'art.
RépondreSupprimerdemain il peindront le tuyau en rouge et la pierre en blanc et ce sera comme le drapeau bien français , quand on vend son œuvre elle n'est plus a soi et le client fait ce qu'il veut! sinon comment accepter qu'on repeigne la cuisine décorée par un artiste a la mode quand la peinture est défraichie, ou rétrécir la robe de chez chose quand on maigrit.
ce bazar c'est pas une peinture ni même une vraie sculpture le mec a récupéré des trucs a la décharge et les a collé les uns a coté des autres ...il n'a rien fait lui même et n'a surement pas pondu l'oeuf , qu'il a acheté a un fabricant , car on en trouve partout !
et le Romain qu'a sculpté le caillou il a demandé un dédommagement a l'artiste ? sa famille devrait se manifester !Il a outragé l'art greco romain je crois .
font suer tous ces artistes en causerie et ineptie !
Dans mon bled, la municipalité a édité des plaquettes "Plan Graf", avec le logo de la ville, ce qui permet à la diversité de s'exprimer au tag sur des pans entiers de murs. C'est post-moderne et laid, des smoke et autres spliff s'enroulent autour de trompe-l'œil grossiers de ruines ou de jungle... Ils n'ont qu'à faire pareil, là-bas !
RépondreSupprimerHa, si le bleu utilisé est très proche de celui du logo du FN, c'est un cas pendable...
RépondreSupprimerJ'aimerais en être car, le mépris dans lequel ces "gens là" tiennent les zartiss comptantpourien et la Kultur, ce mépris je le partage....
Faut dire que je suis un gredin, mais bon, je rallie des gens à ma cause...
Imaginez un peu que j'ai réussi à faire douter ma femme ( et pourtant, hein, c'est dur) de l'unicité et de la magnificence de soulages
En lui disant "avec un râteau et du goudron frais, je fais pas pire" puis en stoppant la ouature familiale devant le camion qui collait des rustines sur la chaussée et en empoignant une pelle, à l'ébahissement des manars ( ça m'a couté une paire de grolles définitivement saloppees par le goudron)