Sauf qu’ici peut-être
plus qu’ailleurs la pluie a fait déborder mes drains et chenaux. Mais ça n’a
rien à voir. Il est vrai, aussi, que le Foll porte-parole du gouvernement (qui avait l’air de s’en
foutre comme jamais)
avait jugé nécessaire, mercredi dernier, de se faire assister par deux transparentes quoique bronzées de
service pour meubler son point de
presse. Pour éviter les questions sur les sujets qui fâchent, faire causer la
ministre déléguée à la réussite éducative
et la secrétaire d’Etat à l’Egalité
réelle sur la future loi sur l’égalité réelle dans les territoires d’outre-mer,
fallait ça… Mais ça n’a encore rien à voir ; encore que… Le vote en soirée
de l’article de loi interdisant dorénavant la vente des cotons tiges en plastoc
n’a rien à voir non plus…
Non. Ce qui me
tracasse, c’est que nous étions hier le 4 août ! Et cet année encore, j’attendais
une manifestation quelconque des plus hautes autorités de l’Etat, ne serait-ce
qu’un communiqué dont certains sont peu avares ; voire quelque festivité
citoyenne et subventionnaire pour marquer le 227° anniversaire de la "nuit du 4 août" !
Ben non, encore une fois rien, nada…
Pourtant, c’est au
cours de cette fameuse nuit d’août 1789 que l’Assemblée constituante décréta l'abolition
de tous les droits féodaux et privilèges de classes, de provinces ou de
corporations.
En dépit de la commémoratiomania
actuelle, plus personne ne se préoccupe de commémorer cette
nuit sublime. C’est triste. Même les vieillards chevrotants de la Libre Pensée ne s’en indignent plus. Il
y a cinq ans, choqués par l’absence de marketing mémoriel
à cette occasion, ils rappelaient encore que cette date avait connu entre
autres l’abolition des corvées et que "cette forme de servitude personnelle a failli être appliquée
dans le cadre du R S A."… Il est vrai que c’était encore du
temps de Sarko… Mais ne me faites pas dire que leur silence d’aujourd’hui n’est
dû qu’à la gêne de devoir critiquer un gouvernement de gauche ! C’est
braves gens ne sont pas aussi mesquins. La raison du silence de ces vieillards
est probablement plus prosaïque : Ils doivent être tous morts…
Mais pourquoidonc avoir poussé le 4 août sous le tapis ? Longtemps survendue aux
enfants des écoles comme une exaltation
démocratique, celle-ci n’était le fruit que d’une précipitation
pétocharde doublée d’une surenchère d’évêques dans un souci fébrile de calmer
le jeu à l’annonce de troubles dans le pays, les représentants du
peuple craignant (déjà) de se faire jeter
dans la Seine…
En définitive, les
Républicains et Citoyens un tant soit peu conséquents doivent bien sentir
confusément que la nuit
du 4 août est un évènement encore plus bidon que la prise de la Bastille…
Cette date ne rappelle
guère qu’une de ces déclarations banalement émotionnelles et sans suites que
les politiciens d’avant-hier et de demain nous servent quotidiennement.
Nous savons tous que
les privilèges n’ont pas été abolis. En revanche, nous sommes généralement
persuadés que l’Ancien Régime c’est évaporé ce jour-là. IL N’EN EST RIEN
!
Et ce matin du 5 août
où rien n’a changé, la flemme estivale aidant, c’est l’occasion de vous
ressortir une fois encore la théorie ploukèmienne sur la question ;
Rien ne meurt, tout se
transforme… Autant la Nature a horreur du vide, autant les sociétés humaines ne
peuvent pas se passer de l’Ordre Trinitaire. Et l’organisation sociale
millénaire en trois ordres est toujours là...
Avant-hier, le Clergé
avait mission de dire le bien et bénéficiait du for ecclésiastique
(n’être jugé que par ses pairs…) Ayant perdu sa fonction protectrice, la Noblesse
ne servait plus à rien mais, de par leur naissance, les nobles bénéficiaient de
rentes octroyées par le système et de privilèges d’embauche pour divers
emplois parfois fictifs. Quant au Tiers Etat, il trimait comme il
pouvait et se faisait essorer pour nourrir les autres…
Les trois ordres sont
toujours là. Mais tout se transforme et l’inertie cérébrale de nos
contemporains les rend incapables de discerner qui est qui aujourd’hui ;
au point de confondre la Noblesse et le Tiers Etat !
- Le Clergé est
bien là ; il a bien sûr changé et c’est lui qui est aux manettes à la Cour. On
peut facilement distinguer le haut et le bas clergé. Le haut clergé, on le
connaît bien ; il est reçu tous les soirs à la télé où il est dans son rôle :
nous dire le bien. Il a ses papes, ses théologiens, cardinaux, évêques
et abbés de cour… Le bas clergé (vérolé ou pas) officie au contact.
C’est son rôle : Les Services Publics ont seulement remplacé les
paroisses et les Associations les bonnes œuvres… Evidemment, pour maintenir
la fiction de l’abolition des trois ordres, le clergé se doit de
s’afficher anticlérical….
- Le Tiers Etat,
c’est bien sûr vous et moi. Vaste programme ! Bourgeois, gens de robe et petits
rentiers comme manouvriers, journaliers et autres tâcherons ; la grande masse
des vilains… On les trouve dans nos campagnes, nos petites villes et
dans ces immenses étendues pavillonnaires grignotant les champs, premiers
partis, derniers rentrés aux gares terminus des RER…
- Et la Noblesse
dans tout ça ? Elle existe toujours. Ce n’est plus la même mais les critères
qui la définissent sont toujours aussi pertinents : 1° - Tenir son statut de sa
naissance (se réclamant toujours d’une lignée d’envahisseurs étrangers ;
ex : Francs, Wisigoths, Normands…) ; 2° - N’être pas tenu de travailler ;
3° - Bénéficier de rentes octroyées par le Souverain ; 4° - Bénéficier
de toutes sortes de discriminations positives (le mot privilège
étant aboli, ne l’oublions pas) ; 5° - Bénéficier de diverses protections
juridiques et exonérations d’obligations qui lui sont propres ; 6° - Ne pas déroger
(ne pas se mélanger, rester entre eux…) et, 7° - manifester sa morgue…
J’oubliais : la noblesse peut porter l’épée…
Besoin de vous faire un
dessin en plus ?
[lu dans les
dépêches : Monseigneur le duc Dominique Sopo a été admis hier au petit lever du
Roi ; La vicomtesse Houria a soupé avec l’archevêque Joffrin en l’hôtel Téeffun
; le baron Mamadou et ses gens ont tiré l’épée et le mousquet contre ceux du
baron Karim accusés de chasser sur leurs terres du fief de Neuf-Trois ; leurs
chevauchées ont abîmé les cultures…]
jouissif , bravo !
RépondreSupprimernoblesse oblige
très bien vu l'ami ! combien étions nous à nous dire " tiens, le 4 aout " sans doute quelques anciens survivants du temps où l'école disait encore des choses intelligentes
RépondreSupprimerouiche, c'est la réflexion que je fait depuis 20 ans à mon personnel
RépondreSupprimerau début , ça toussait grave, comme vous pouvez vous le penser
et puis, d'année en année....
est ce la force de l'habitude?
ou ma force de conviction?
je préfère me le penser, que j'ai une force de conviction incroyable , que j'argumente les yeux dans les yeux , avec trémolos dans la voix et mimiques appuyées....
bon, je doute un peu comme tout le monde
mais lorsque je dit à l'une d'entre elle "superbe , votre coupe de cheveux , ma bonne Clémence ! et elle vous a sûrement coûté moins cher que celle d'un scoutairiste élyséen....".....ça commence à réfléchir....
Piètre analyse.
RépondreSupprimerah bon...
Supprimerfaut pas dire "ha bon' , faut dire "j'en suis bien conscient , livrez nous donc la vôtre"
SupprimerUn aristocrate new âge n' aimant guère ce coup de projecteur sur sa condition positivement discriminée...
SupprimerProvincialement parlant, j'aimerais assez, si possible, être le bénéficiaire d'un privilège corporatiste de classe. Il ne semblait pas si douloureux d'y être soumis avant l'avènement de l'ordre bourgeois de 1789 et la décapitation taquine y afférant jusqu'à 1793.
RépondreSupprimerAugustin Caron
Excellente analyse au contraire!!!
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