Méditant en ce week-end de trois jours sur les "ponts"
du calendrier, tant attendus par l’acuraba-de-bas-mensualisé, m’est venue, pour
meubler, l’envie de vous ressortir un mien billet publié il y a deux ans à l’occasion
du jeudi de l’Ascension :
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Mai, mois des ponts.
Sur les billets en
Euros, on a scrupuleusement veillé à exclure de la vue (de la vie ?) toutes références à
un pays
précis, à un monument précis, à une personne ;
même Charlemagne ou les pères fondateurs du machin étant trop
réducteurs… Outre l’omniprésence d’une carte géographique sans frontière et des
douze étoiles dont le sens originel s’est perdu, la déco retenue se
limite à deux symboles :
au recto des portes ou fenêtres ouvertes et, au verso, des ponts ;
symboles respectivement, de l’accueil et, à condition de faire
l’effort de tourner la page, symbole de la libre circulation
et de l’échange
entre les peuples…
Toutefois, les
nécessités du réel ont conduit à consentir de faire apparaître une progression
dans la chronologie des styles architecturaux et moyens techniques illustrés.
Et on ne pouvait faire débuter la série au Traité de Rome, ni même aux
Lumières. C’est contrariant, je sais, d’autant que les graphistes ont dû se
tordre les méninges pour que certaines des portes les plus anciennes ne fassent
pas penser à des portes d’églises. Mais bon.
Au demeurant, les ponts
symbolisaient encore bien, à l’orée du XXI° siècle, cette joyeuse possibilité
d’aller et venir des hommes, des marchandises, des richesses… et des
prestations sociales, ne les oublions pas. Mais c’était déjà avant-hier soir.
De nos jours, ces
ponts-là, couchés sur
le papier, symbolisent il est vrai toujours la même chose. J’en veux pour
preuve que la construction d’un pont entre Lampedusa et la côte libyenne serait
un investissement créateur d’emplois et d’économies en secours maritimes. Même
les plus farouches écologistes défenseurs des écosystèmes n’y verraient rien à
redire en dépit du drame que ce serait dans la chaîne alimentaire pour la
murène et le cœlacanthe de Méditerranée.
Il n’en est pas de même
pour les ponts du mois de mai. Ceux-là sont à l’évidence des obstacles à la
croissance du Produit Intérieur Brut ! Par quelque effet comme
l’alignement des planètes, il est des années où ils se retrouvent tous les
quatre dans ce qui fut et reste encore pour certains le mois de Marie. Et ça
craint…
Dans la prolongation du
film-culte 1792-Commune-Congrès de Tours sous-titré "Du passé faisons
table rase", le consortium Macron-MEDEF-Fran mac’ et ses idiots utiles
attirent l’attention sur le coût insupportable de ces ponts pour la
croissance, l’emploi, toussa…
Evidemment, ils se gardent bien de calculer que, lorsque ces quatre ponts se
conjuguent dans la pire des hypothèses de calendrier, ils n’ont sur le temps
annuel travaillé qu’un impact trente fois moindre que les 35 heures, non
compris les effets induits de celles-ci sur les RTT et la désorganisation du
travail dans certains secteurs… Mais c’est ainsi et ce souci vient
judicieusement relayer l’extension de la lutte
pour le travail du dimanche…
Au demeurant, ces ponts sont des
symboles bien moins virtuels que les ponts de papier de la BCE. Ils sont tous
les quatre liés à notre histoire et tous contribuent à notre identité commune.
Commémorer la Victoire contre le nazisme, le 8 mai n’est pas plus négociable
que le 1° mai célébrant la fête du Travail. La tentative absconse qu’avait
faite Giscard de supprimer le 8 mai et d’en noyer le souvenir dans une
célébration commune le 11 novembre suffit d’ailleurs, après coup, à montrer que
son septennat marquait bien le début de la décadence et de l’inculture
historique de modernœud :
S’il y avait un jour chômé à supprimer ou à transformer en jour de deuil,
c’était le 11 novembre qui concluait le suicide de la civilisation européenne…
Quant au lundi de
Pâques et au jeudi de l’Ascension, si leur raison d’être originelle est
désormais ignorée par l’écrasante majorité et, aux dires de nauzélites
déculturées, un résidu suranné de croyances des temps obscures en des racines
chrétiennes fantasmées, ils sont profondément ancrés dans les cerveaux
reptiliens de tous. Et il n’est pas une association sportive ou corporatiste ne
croyant ni à Dieu ni à diable qui manquera à l’appel pour les défendre comme le
lundi de Pentecôte ! Ils ne savent pas pourquoi mais c’est comme ça.
Et c’est souvent parce
qu’on ne sait pas dire pourquoi qu’un symbole d’identité est le plus
solide…
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Le 11 Novembre mérite davantage que le 8 Mai d'être commémoré.
RépondreSupprimerJe vous l’accorde bien volontiers pour garder la mémoire de tous ceux qui se sont battus de part et d’autre sans autre issu que de mourir enterrés vivants dans cette effroyable boucherie. Il n’en demeure pas moins que célébrer 14-18 revient à célébrer comme une victoire ce qui a été à la fois le point de départ et le point de non-retour du suicide de l’Europe.
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