Il me revient une
anecdote d’un moment pas très cool de mon adolescence, cet âge ingrat comme on
dit… Je devais alors avoir seize ans. Stressée de me voir dans un état dont je
n’avais pas conscience que ça se voyait
à ce point, ma mère s’en était ouverte à quelque amie qui lui avait
vivement conseillé de consulter une psychiatre ayant pignon sur rue… Bon type,
j’y consentis.
Je ne m’étendrai pas
sur les détails, notamment sur ce que cette praticienne a essayé de me faire prendre conscience, dire et avouer quant
aux souffrances que l’originalité de ma situation familiale m’infligeait inévitablement. Je me souviens avoir
choisi de lui mentir en abondant dans son sens pour avoir la paix. C’était ça
ou je lui aurais foutu ma main à travers sa gueule d’officier de santé
bolchévique (elle
l’était aussi mais je ne l’ai su qu’après…)
Au demeurant, sorti de
là troublé, j’avais pris à midi le traitement qu’elle m’avait prescrit. C’était
du Valium très faiblement dosé pour me calmer...
Et, moi qui ne sait pas ce que c’est de faire la sieste, je me souviens avoir dormi
plus d’une heure, allongé sur le tapis du salon…
Du coup, je suis allé
voir un prêtre que je tenais en haute estime (un type âgé qui avait sacrément
bourlingué).
Il a levé les bras au ciel et je ne suis pas retourné voir une deuxième fois
cette connasse. La consultation chez le curé était gratos et je me suis senti
très bien…
Pourquoi vous causer de
ça ? Parce que je viens de lire le dernier billet de Sixte et je prends la
liberté de vous le retranscrire ci-après in-extenso :
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« Dans un magazine
people, on demande à un pédopsychiatre de se prononcer sur le fait qu’une
star de football ait payé une mère porteuse 200 000 € pour avoir un enfant. "-
Est-ce que cela pourra nuire à l’épanouissement de
l’enfant lorsqu’il sera en âge de comprendre qu’il est le fruit d’une
tractation financière ? "
Telle est sa réponse :
"- Il est toujours possible d’expliquer à
l’enfant que la mère a fait cela par amour, préférant donner du bonheur à son
père ; qu’elle voulait donner la vie sans forcément élever un enfant, prenant
de l’argent pour récompenser cet effort, cet engagement, et qu’elle avait
besoin d’être soulagée. Ces paroles peuvent atténuer ce vécu, qui pourrait être
éventuellement pénible ensuite pour l’enfant ".
C’est sûr, il est toujours possible d’expliquer,
de trouver à dire – dire c’est
guérir, n’est-ce pas. Mais ce serait encore mieux si cette chose qu’on
trouve à dire n’était pas une ânerie complète lâchée avec désinvolture.
Les psy de magazine ou
de télévision sont toujours plus ou moins de ce bois. Ce dont ils semblent
soucieux avant tout, c’est de ne pas paraître « moraux ». Ils ne
doivent jamais questionner le dogme de la modernité, jamais manifester une once
de prudence ou de réserve par rapport à elle, mais s’en faire la caution et
apprendre aux individus à s’y acclimater.
Comme un avocat n’est
pas là pour soutenir la vérité mais pour faire gagner le mensonge de
son client, le psy de magazine travaille à ce que celui qui le paie parvienne à
vivre à l’aise avec ce qu’il est, ce qu’il fait, et dorme sur ses deux
oreilles. Notre professionnel de l’enfance n’est en réalité pas là pour
protéger l’enfant mais pour déculpabiliser le footballeur millionnaire ouvert
aux joyeusetés de l’époque. Et c’est pour cela que le magazine l’appelle à la
rescousse.
Ainsi, il arrive de
lire, face à des réalités dont la nocivité psychologique semble évidente au
premier venu, des professionnels
de la psyché qui ne trouvent rien à redire. Eux qui pourtant ont expliqué
des années qu’une anecdote bénigne de l’enfance pouvait avoir de graves
répercussions et provoquer une vie de névrose, eux qui écouteraient avec
compréhension Françoise Hardy leur expliquer qu’elle s’est longtemps sentie
moche malgré son extrême beauté parce que sa grand-mère le lui avait dit
petite… voilà qu’à présent ils ne semblent pas penser qu’être vendu par sa mère
à une célébrité mondiale puisse avoir de conséquence notable sur l’organisme.
Il y a de tout parmi les psy. Des foutus charlatans et des miracles. J'ai eu l'immense chance de croiser un des ces psy extraordinaires: il n'avait pas fréquenté l'école française et jouait du piano. Je ne sais s'il était si bon pour l'une ou l'autre raison, mais le fait est qu'il a sauvé la vie d'un des membres de ma famille. Ceux-là sont rares, mais ils existent. Les autres, pour peu qu'on ne soit pas trop mal en point, il faut les fuir. Ceux qui, comme tu le décris, cautionnent cette horreur qu'est la location des ventres à des fins de caprices sont purement et simplement des criminels. Ils sont du même bois que les kapos en blouse blanche qui officiaient des les hôpitaux psychiatriques soviétiques, même si les manières des premiers sont plus onctueuses.
RépondreSupprimerJe suis aussi convaincu que toi, chère Lau, que chez les psychotrucs il y a comme ailleurs des perles rares parmi les glands à cochons.
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