Il y a trois mois (ici), naïf que j’étais, j’écrivais
ceci :
« … C’est le sable et lui seul qui fait l’identité
de Paris Plage ! Sans lui, quel Francilien bon enfant et pas forcément
boboïde sortirait-il sa pelle et son seau en plastique pour venir faire des
pâtés sur le bitume ? Lui fournir gracieusement les parasols ne suffirait
pas !
Certes, la parasolisation des voies sur berge
contribue déjà à elle seule à estivaliser Paris-au-mois-d’Août. Certes, le
sable ne permet pas comme à Palavas de faire trempette dans la décoction de
rats crevés et de je-ne-saurais-dire où vogue lascivement le bateau mouche.
Mais sans le sable, disparaît cette possibilité inouïe de marcher pieds nus
dans un livre d’image. Sans le sable, comment la Parisienne, aussi parasolisée
soit-elle, pourrait-elle s’évader ? Allongée sur son transat, tapissée de
Bergasol, protégée du soleil francilien par son numéro de Gala déployé devant
ses lunettes Miami Beach, les pieds bien au chaud dans le sable de carrière
bulldozérisé là par Caterpillar, elle peut fermer les yeux et se rêver être sur
la plage de Phuket, de Copacabana ou d’Hawaï sous les palétuviers en plastique
tant célébrés par Gauguin (à moins que ce soit par Philippe
Muray, je m’y perds…) Bref, le sable est aussi
incontournable que Maire Hidalgo est nécessaire à une collectivité territoriale
aussi durable et responsable que la Ville de Paris pour remplir sa mission, sa
vocation : Consoler ses acurabas de l’absence de bain de mer en leur
garantissant du sable plein les yeux ! Mais je m’égare… »
Oui ! Je m’égarais
grave !
Mais reconnaissez-moi des circonstances atténuantes :
Lorsque j’écrivais ça, c’était avant
qu’on rallume la lumière ! Avant que le PEF (Paysage Electoral Fwançais) soit mis cul par-dessus tête. Encore du temps où
Maire-Hidalgo dormait sur ses deux oreilles à l’idée de n’avoir, dans moins de
trois ans, qu’à affronter une NKM, simple formalité, et sûrement pas je ne sais
quel LREM… Avant, accessoirement, l’ouverture (discrète) d’une
enquête préliminaire sur soupçons de favoritisme et autres magouilles dans l’attribution
des marchés de travaux d’aménagement de Paris-plages (s’agissant des éditions
2012 et 2013, pour l’instant…)
Bref, Paris-plages a ouvert ses portes ce ouiquende avec ses parasoles sur bitume.
Tel Mussolini asséchant les Marais pontins, Maire-Hidalgo a désensablé les
voies sur berges !
La suppression d’un trait de plume de l’accessoire poudreux constituant depuis
quinze ans la marque identitaire,
donc le produit d’appel essentiel de
l’évènement, ne résulte que d’un caprice émotionnel et d’une indignation
médiatique surjouée devant les compromissions
de Lafarge. Et du fait de ne pouvoir trouver au pied levé d’autres fournisseurs
dans un délai aussi court…
Mais, bien sûr, on récupère le coup en évoquant un
souci de renouvellement et d’élargissement
de l’offre ludique, toussa avec une
petite note convenable d’activités sportives, de souci écologique, de soutien à
la candidature de Paris aux JO, etc. Même la place de l’Hôtel de Ville aura ses
solariums et ses brumisateurs dans la perspective du retour de la canicule…
La disparition du sable, si emblématique de ce livre d’image,
est heureusement masquée, diluée, noyée par la grande innovation de l’été :
On va pouvoir se baigner ! Pour ça, trois bassins flottants ont été
installés sur le bassin de la Villette au débouché du canal de l’Ourcq… Lieux emblématiques
s’il en est où les cadavres consécutifs aux règlements de comptes entre truands
nourrissaient les poissons aux riches heures du cinéma en noir et blanc ;
ou plus récemment…
Il ne s’agit pas là, bien entendu, d’une alternative à
la disparition du sable ; la chose était préparée de longue main et la
municipalité a depuis deux ans engagé des investissements considérables pour
pouvoir convaincre le Parisien, le Francilien, le touriste, et le migrant ne l’oublions
pas, de consentir à plonger sans terreur plus que son orteil dans la Seine qui,
à ce niveau de son cours et en dépit des efforts annoncés, demeure une décoction
d’escherichia coli, de rats crevés et d’huile
de vidange…
Certes, des
contrôles quotidiens de la qualité de l’eau sont prévus. Un système de mesure a été installé en amont des bassins pour anticiper
l’arrivée d’eaux contaminées et, à la moindre
alerte, la baignade sera immédiatement fermée. En
outre, le plus grand des bassins ne pourra accueillir que 300 personnes en même temps…
Cela me refait penser à la piscine-plan d’eau artificiel de mon douar d’élection.
Alimenté par les torrents de montagne où ne pissent guère que les vaches, ce
grand bassin où il fait si bon s’ébattre ou faire des longueurs est durable et était à l’origine très innovant. Inspiré d’expériences autrichiennes,
il était lors de sa mise en service le premier bassin "bio" en France,
"sans Javel", exclusivement assaini, épuré, par la nature elle-même
grâce à des plantations d’essences végétales aquatiques sélectionnées. Là
aussi, le nombre d’entrées était strictement limité et les contrôles sanitaires
constants de la part des fonctionnaires départementaux. Tout baigne chez nous.
Mais…les années de forte chaleur, en dépit de la qualité de nos eaux, le nombre
de jours de fermeture préventives pour risque de pollution pèse sur la rentabilité
et… l’humeur des usagers…
Attendons de voir ce que ça va donner sur la Seine… A moins que les
services sanitaires soient plus coulants pour Maire-Hidalgo que pour les bouseux de nos montagnes…
Attendons de voir, aussi, dans la chaleur de l’été, ce qu’il en sera de
la tranquillité
familiale des bassins avec une
fréquentation plus, euh… urbaine que… provinciale…
Le sable, à n’en pas douter, était plus propice au fare-niente et à la bronzette qu’aux excitations des piscines. Je dis ça, je dis
rien…
Mais rassurez-vous. Le sable ne devrait pas manquer car il me semble
bien que nous avons désormais la chance d’avoir un marchand de sable à l’Elysée.
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