Non ! Je ne parlerai
pas du discours de télé-évangéliste d’hier à Versailles, ni du discours d’épicier
d’aujourd’hui au Palais Bourbon. Ni l’un ni l’autre n’était plus qu’un exercice
convenu au contenu déjà connu. On notera que celui qui est censé être le plus
concret et opérationnel (celui du chef du
gouvernement) a enfilé les passages obligés sur la
santé, l’éducation, la fiscalité, toussa et délayé sur l’accueil des réfugiés
sans évoquer la sécurité intérieure qui n’est pas un problème…
En revanche, j’ai retenu de la semaine que l’acceptation
légale totale de la PMA étant de fait maintenant sur les rails sous réserve de dernières
mises au net de textes législatifs sur un coin de table. Rien ne s’oppose donc plus
dorénavant à la légalisation en France de la GPA. En effet, en l’état actuel de
notre droit ainsi que des jurisprudences de la Cour européenne, il n’est pas
imaginable, discriminatoire et hautement condamnable que les hommes n’aient pas
les mêmes droits que les femmes en matière d’acquisition de biens. Sachant, qui
plus est, que la prestation dont il s’agit est exactement la même, PMA ou GPA,
seul diffère l’utérus utilisé pour obtenir le produit fini. La prestation
serait donc autorisée si c’est l’utérus d’une femme ayant passé commande du
produit. Et elle ne le serait pas si c’est celui d’une femme prestataire de
service agissant comme mandataire d’un homme souhaitant passer la même commande
et qui en serait privé faute d’être personnellement doté des organes nécessaires ?
Ce serait d’autant plus scandaleusement
discriminatoire que le concept de "projet parental" n’évoque pas le
sexe des demandeurs. Sans compter qu’en cette période de crise et de chômage,
la demande masculine en question serait créatrice d’emplois (CDD de Projet de 9 mois) alors qu’on cherche à
développer les emplois de "services à la personne"…
Mais bon. Cela m’a remis
en mémoire un billet-dialogue que j’avais publié céans il y a 5 ans en plein
débat "Mariage-pour-tous – Manif-pour-tous"… J’en profite pour vous
le ressortir, histoire de meubler :
___
Lui (caressant le chat) : - Qu’est-ce qui ne va pas ?
L’autre lui (soucieux) : - Mattéo va bientôt avoir treize ans ; faudrait que tu lui parles…
Lui : - Pourquoi moi ?
L’autre lui : - Tu fais chier. Dès qu’une chose t’emmerde, tu deviens macho. C’est un truc à expliquer entre mecs…
Lui : - Elle est bonne celle-là ! Tu vires souris d’église mal baisée ? Tu sais aussi faire le mec quand t’as envie, tu sais que ça me plait mais c’est toujours quand ça t’arrange ! Quand je suis arrivé, t’étais bien seul responsable de ta cécévée* perso avec ton envie de mioche !
L’autre lui (soucieux) : - Mattéo va bientôt avoir treize ans ; faudrait que tu lui parles…
Lui : - Pourquoi moi ?
L’autre lui : - Tu fais chier. Dès qu’une chose t’emmerde, tu deviens macho. C’est un truc à expliquer entre mecs…
Lui : - Elle est bonne celle-là ! Tu vires souris d’église mal baisée ? Tu sais aussi faire le mec quand t’as envie, tu sais que ça me plait mais c’est toujours quand ça t’arrange ! Quand je suis arrivé, t’étais bien seul responsable de ta cécévée* perso avec ton envie de mioche !
*[NDLR – CCV : Communauté
Contractuelle de Vie – nouvelle appellation administrative de
l’unité statistique ci-devant identifiée par l’INSEE sous le vocable
"ménage"]
L’autre lui : - Nous sommes toi et moi co-responsables de notre cécévée, c’est légal et tu le sais. Toi de genre gay et moi de genre trans ; c’est pour ça qu’on touche les allocs’ et surtout pour ça qu’on est pareil mais que c’est toi le mec !
Lui : - La belle affaire ! Ton choix de vie, c’est juste un truc commode qui te permet de baiser avec moi tout en te pensant hétéro pour pouvoir me stigmatiser quand ça t’arrange !
L’autre lui : - Et alors ? T’as la chance de me baiser chaque fois que t’as envie. Mattéo, t’étais d’accord pour qu’on l’ait ensemble, non ? Alors occupes-t-en !
Lui : - Bon. Ça va, ça va… Faut tout lui dire ? Ça va pas être simple…
L’autre lui : - Evidemment pôv con ! D’abord c’est légal ! Tu veux attendre qu’il épluche son livret de famille et nous fasse un procès pour atteinte à ses droits ?
Lui : - Son livret de quoi ?
L’autre lui : - Fais pas l’idiot, son "Carnet de Traçabilité des Origines"…
Lui : - Ç’est bon, c’est bon, j’y vais…
Il va voir le môme dans sa chambre… Mattéo ne se retourne pas ; il torture son gaimboï, le casque sur les oreilles…
Lui : - Mattéo, faut que j’te parle…
Mattéo (continuant à jouer) : - Mmmh…
Lui : - Euh, voilà… Maintenant que tu es grand, il faut que tu saches exactement ce qu’il en est. Bien entendu, tu sais déjà que tu es issu de la fécondation d’une mère porteuse inséminée à la pipette et qui a accouché sous x ; la femme de papa étant partie quand elle a découvert qu’il était gay avec déjà un peu ses tendances trans. Quand ton autre papa (moi) est venu habiter à la maison, papa t’a voulu, mais pas de moi et lui ne pouvait pas. Il a alors demandé à l’oncle Jérôme de prêter sa semence à ta maman biologique inconnue...
Mattéo (continuant à jouer) : - Ah Ouais ? Et alors ?
Lui : - Ben… En fait, oncle Jérôme fumait depuis le collège ses deux paquets quotidiens de Gauloises (tu sais bien que le tabac est plus nocif que le shit) Et comme il ne mangeait pas cinq fruits et légumes par jour, il avait un taux de cholestérol à 103 et la norme maxi est de 100 pour les donneurs de sperme. Il a alors signé une "autorisation de l’ayant droit" pour qu’on décongèle et utilise la semence de son compagnon mort du sida dans la dignité ; tu sais bien l’oncle Nathan dont il t’a souvent parlé… Comme l’oncle Nathan avait un QI de 138 et avait fait l’ENA, papa et moi on a trouvé que c’était bien pour toi et ont signé la décharge…
Mattéo (continuant à jouer) : - Ah Ouais ? Et alors ?
Lui : - Alors rien. C’est pour que tu saches…
Mattéo (continuant à jouer) : - Et pourquoi faut que je sache aujourd’hui, comme ça tout d’un coup ?
Lui : - Ben à cause de l’orientation scolaire au mois de mai. Si l’an prochain tu veux faire arabe en 2° langue, c’est toi qui décide seul. No problem’. En revanche, si tu veux faire espagnol il te faudra l’accord parental à la majorité qualifiée. Surtout, pour faire latin-grec et l’option littérature médiévale dont tu nous as parlé (tu sais ce qu’on en pense mais c’est ta liberté), il faudra l’accord parental à l’unanimité ; et ça, ce sera compliqué…
Mattéo (continuant à jouer) : - Ah Bon ? Pourquoi ?
Lui : - C’est la Loi depuis les indispensables réformes de 2013 sur la liberté de procréation, le partage de l’autorité parentale et les mesures pédo-protectrice post CVG [Continuation Volontaire de Grossesse]. Tant que tu es mineur, tu es sous l’autorité conjointe de papa et de moi en nos qualités de co-responsables de notre cécévée et donc de toi. Papa qui n’est pas ton papa puisqu’il est stérile mais qui portait le projet parental et moi pareil... Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi oncle Jérôme qui est maintenant un peu gâteux. En tant que veuf et légataire envoyé en possession du bien séminal résiduel de son époux Nathan prédécédé, il a participé à notre projet parental en faisant don du gamète mâle dont il était juridiquement détenteur légal (usus, fructus et abusus, en fait de meuble possession vaut titre…), gamète qui a été incorporé dans le processus de ta conception...
Et puis tu sais que papa et moi sommes un couple moderne. Pour pallier les conséquences pour toi d’une éventuelle défaillance de l’un ou de l’autre et prévoir de toute façon le non-prévu mais statistiquement probable futur divorce entre nous, papa et moi avons demandé au Tribunal d’Instance de pouvoir partager l’autorité parentale avec notre copain Hafid que tu connais bien. Ça n’a pas posé de problème compte tenu de la jurisprudence dite "des trois lesbiennes" qui rend possible le partage de l’autorité parentale avec la concubine de la marâtre… Et pour l’espagnol il faudra que tout le monde signe…
Pour les langues mortes et la littérature médiévale, ça risque d’être plus compliqué. Le directeur du collège et le conseiller d’éducation ne voudront sans doute pas prendre ce risque sans s’assurer que toutes les démarches ont été faites pour informer ta mère biologique de cette drôle d’idée que tu as et obtenir son consentement via le fichier des origines génétiques. Bien sûr, elle a son droit acquis, personnel et inaliénable de conserver son anonymat. Mais ton droit aussi inaliénable de rechercher tes origines génétiques à ta majorité risquerait de la mettre dans une situation délicate. Apprendre un jour qu’elle a généré un individu passionné par toutes ces vieilleries peut lui occasionner un terrible choc psychologique dont l’Education Nationale, dans son laxisme, pourrait être tenue civilement responsable…
Lui : - Euh, voilà… Maintenant que tu es grand, il faut que tu saches exactement ce qu’il en est. Bien entendu, tu sais déjà que tu es issu de la fécondation d’une mère porteuse inséminée à la pipette et qui a accouché sous x ; la femme de papa étant partie quand elle a découvert qu’il était gay avec déjà un peu ses tendances trans. Quand ton autre papa (moi) est venu habiter à la maison, papa t’a voulu, mais pas de moi et lui ne pouvait pas. Il a alors demandé à l’oncle Jérôme de prêter sa semence à ta maman biologique inconnue...
Mattéo (continuant à jouer) : - Ah Ouais ? Et alors ?
Lui : - Ben… En fait, oncle Jérôme fumait depuis le collège ses deux paquets quotidiens de Gauloises (tu sais bien que le tabac est plus nocif que le shit) Et comme il ne mangeait pas cinq fruits et légumes par jour, il avait un taux de cholestérol à 103 et la norme maxi est de 100 pour les donneurs de sperme. Il a alors signé une "autorisation de l’ayant droit" pour qu’on décongèle et utilise la semence de son compagnon mort du sida dans la dignité ; tu sais bien l’oncle Nathan dont il t’a souvent parlé… Comme l’oncle Nathan avait un QI de 138 et avait fait l’ENA, papa et moi on a trouvé que c’était bien pour toi et ont signé la décharge…
Mattéo (continuant à jouer) : - Ah Ouais ? Et alors ?
Lui : - Alors rien. C’est pour que tu saches…
Mattéo (continuant à jouer) : - Et pourquoi faut que je sache aujourd’hui, comme ça tout d’un coup ?
Lui : - Ben à cause de l’orientation scolaire au mois de mai. Si l’an prochain tu veux faire arabe en 2° langue, c’est toi qui décide seul. No problem’. En revanche, si tu veux faire espagnol il te faudra l’accord parental à la majorité qualifiée. Surtout, pour faire latin-grec et l’option littérature médiévale dont tu nous as parlé (tu sais ce qu’on en pense mais c’est ta liberté), il faudra l’accord parental à l’unanimité ; et ça, ce sera compliqué…
Mattéo (continuant à jouer) : - Ah Bon ? Pourquoi ?
Lui : - C’est la Loi depuis les indispensables réformes de 2013 sur la liberté de procréation, le partage de l’autorité parentale et les mesures pédo-protectrice post CVG [Continuation Volontaire de Grossesse]. Tant que tu es mineur, tu es sous l’autorité conjointe de papa et de moi en nos qualités de co-responsables de notre cécévée et donc de toi. Papa qui n’est pas ton papa puisqu’il est stérile mais qui portait le projet parental et moi pareil... Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi oncle Jérôme qui est maintenant un peu gâteux. En tant que veuf et légataire envoyé en possession du bien séminal résiduel de son époux Nathan prédécédé, il a participé à notre projet parental en faisant don du gamète mâle dont il était juridiquement détenteur légal (usus, fructus et abusus, en fait de meuble possession vaut titre…), gamète qui a été incorporé dans le processus de ta conception...
Et puis tu sais que papa et moi sommes un couple moderne. Pour pallier les conséquences pour toi d’une éventuelle défaillance de l’un ou de l’autre et prévoir de toute façon le non-prévu mais statistiquement probable futur divorce entre nous, papa et moi avons demandé au Tribunal d’Instance de pouvoir partager l’autorité parentale avec notre copain Hafid que tu connais bien. Ça n’a pas posé de problème compte tenu de la jurisprudence dite "des trois lesbiennes" qui rend possible le partage de l’autorité parentale avec la concubine de la marâtre… Et pour l’espagnol il faudra que tout le monde signe…
Pour les langues mortes et la littérature médiévale, ça risque d’être plus compliqué. Le directeur du collège et le conseiller d’éducation ne voudront sans doute pas prendre ce risque sans s’assurer que toutes les démarches ont été faites pour informer ta mère biologique de cette drôle d’idée que tu as et obtenir son consentement via le fichier des origines génétiques. Bien sûr, elle a son droit acquis, personnel et inaliénable de conserver son anonymat. Mais ton droit aussi inaliénable de rechercher tes origines génétiques à ta majorité risquerait de la mettre dans une situation délicate. Apprendre un jour qu’elle a généré un individu passionné par toutes ces vieilleries peut lui occasionner un terrible choc psychologique dont l’Education Nationale, dans son laxisme, pourrait être tenue civilement responsable…
Mattéo s’est arrêté de jouer mais ne dit rien…
Lui : - Alors ? T’as compris ? Tu n’as rien à me dire ?
Mattéo (se retournant enfin vers son deuxième papa) : - Tu me prêtes 100 € ?
Lui : - Pourquoi ?
Mattéo : - J’veux prendre l’Eurostar et aller à Londres avec ma copine de classe.
Lui : ??!... - Euh… Si tu veux on en reparle…
Il retourne auprès de l’autre papa…
L’autre lui (caressant le chat) : - Alors ?
Lui : - Ce gosse est à rééduquer…
Entre les mouquères sous leurs bâches et les tapettes qui s'exhibent, on est plutôt mal barrés. Mon espérance de vie me permettra d'éviter de voir l'épilogue, ou tout au moins je l'espère.
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