Vendredi soir, le Haut Conseil d’Evaluation
de la Condition Militaire a rendu public son 11° rapport.
Ce HCECM (encore un sigle !) est composé de personnalités indépendantes nommées
pour quatre ans par décret présidentiel. Il s’agit de conseillers d'État, de généraux
et de dirigeants d'entreprise.
Intitulé
"La fonction militaire dans la société française", ce rapport
n’a évidemment pas soulevé les passions des media ni eu les honneurs du "20
heures" en dépit du contexte géopolitique actuel…
Jetons-y un œil
tout de même :
1°- "La
fidélisation constitue un défi de première importance" à l'heure où
l'armée, mobilisée sur tous les fronts, a de gros besoins en ressources
humaines.
- "Difficulté
à concilier vie militaire et vie personnelle, manque de moyens, crainte d'une
perte de compétences techniques et tactiques, lassitude face aux difficultés
rencontrées en matière de soutien et d'environnement (infrastructure et
hébergement)"
Seuls 65%
des militaires du rang rempilent ainsi dans l'armée de Terre et 58% dans
l'armée de l'Air après un premier contrat (trois ou cinq ans)
- "Le
caractère aride, fatigant et répétitif de leurs missions conduit à de faibles
taux de renouvellement de contrat (50% pour les fusiliers marins et 30% pour
les fusiliers commandos de l'air) alors que le risque terroriste renforce le
besoin en protection-défense et donc en effectif de fusiliers".
Il s’agit
des fusiliers marins et fusiliers commandos de l'air, chargés d'assurer la
protection des bases, alors même que les risques d’attentats contre ces
structures sont élevés (terrorisme
islamiste ou… écolo-pacifisme…)
- La
concurrence des salaires et conditions de vie du secteur privé est "forte
pour des spécialités de haute technicité" (maintenance aéronautique,
systèmes d'information, cybersécurité, chirurgiens du Corps de santé…)
- La
dégradation de l’immobilier et des conditions d'hébergement. Près du quart des
centres de restauration devront fermer pour non-conformité sanitaire s'ils ne
sont pas rapidement modernisés.
"Les
militaires souffrent de ces "délabrements" qui pèsent sur leur vie
quotidienne, au quartier comme à l'entraînement".
2°- Les
militaires s'estiment insuffisamment entraînés faute d'équipements disponibles
en métropole du fait des multiples OPérations EXtérieures.
- Le HCECM a
rencontré des équipages de blindés qui "n'avaient ni tiré, ni manœuvré
avec leur matériel de dotation depuis près de deux ans".
- 20% des
pilotes de l’ALAT (qui regroupe la plupart des hélicoptères de l'armée) ne sont
pas aptes à une "mission de guerre" faute d'heures de vol et
moins de 60% des équipages d'avions de transport tactique sont qualifiés pour
l'atterrissage en terrain sommaire (ce qui est le plus courant en opération).
Or
l'entraînement est fondamental pour le soldat ; c’est un peu son assurance-vie sur
le terrain…
Pour
conclure, le HCECM suggère deux pistes qui mériteraient d’être approfondies, sérieusement et… sans délai.
- Créer plus
de passerelles entre armée et fonction publique "dont les missions et
les responsabilités gagneraient à être en partie exercées par d'anciens
militaires" et
- Les futurs
cadres et dirigeants de l'État gagneraient à mieux connaître l'institution
militaire en ayant une "obligation militaire d'une durée significative",
avec expérience dans une unité, durant leur scolarité… notamment à l'École Nationale
d'Administration.
On ne leur
fait pas dire…
Mais toussa est sans importance, n’est-ce pas ?
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