Comme on ne change pas une
méthode qui gagne, le mémoriel reste une des valeurs sures du fond de la
boîte à outils présidentielle. C’est un peu comme le lait pour les agriculteurs ;
même payé moins que rien avec des élastiques, ça tombe et c’est toujours ça. Les
occasions de faire mémoire du passé, on en trouve facilement sous le pied
d’un cheval pneu d’une voiture quand on a un creux à meubler dans l’actualité,
besoin de ranimer la flamme ou de faire oublier ce qui fâche à la
ménagère de cinquante ans…
Tenez, par exemple, en 2018
que-c’est-demain, si on en a besoin, on pourra en décembre célébrer le centième
anniversaire de la naissance d’Alexandre Soljenitsyne ;
ou bien le dixième anniversaire de sa mort au mois d’août. Je dis ça pour
donner des idées mais ce n’est sans doute pas porteur. On risque moins d’oublier en juin le dixième anniversaire
de la mort d’Yves Saint-Laurent. Mais je m’égare…
En 1989, le Mythe-Errant avait hérité du
bicentenaire de la Révolution (n’oubliez pas la majuscule), excusez du peu. Hollande, lui, a dû se contenter de broder
jusqu’à plus soif sur le 70° anniversaire des
débarquements. Mais bon.
Notre Jupiter-cyborg à la pensée
complexe, lui, est là où il faut au moment où il faut pour nous monter en sauce
une célébration sûrement de haute tenue pour commémorer le cinquantenaire de "Mai
68". Il s’agira, nous dit-on, de "sortir des discours “maussades” sur les événements
qui ont participé à moderniser la société française".
Et nous savons d’ores et
déjà que ce mois de mai que l’on va commémorer comportera moins de 30 jours et
aura sans doute débuté en mars… Car évidemment, l’incontournable, inoxydable,
insubmersible et si nécessaire Daniel Cohn-Bendit sera "associé à la réflexion sur les manifestations
proposées". Et, n’en doutons pas, il sera présent pour nous saouler sur tous
les plateaux télé durant un mois. Peut-être même apprendrons-nous ce que nous
devons à Dany et à ses copains dans l’obtention… des accords de Grenelle.
Bref, du temps de Mitouille, on avait au moins eu l’occasion
de profiter du spectacle de Jean-Paul Goude sur les Champs, lequel a certes dû
coûter un bras, mais au moins ça évitait de trop s’étendre sur la Terreur
robespierriste. Cette fois-ci, sous la houlette du Cyborg-Jupiter, ce sera
sûrement différent, dans un style plus "Louvre" en mai dernier.
Mais, en définitive, que va-t-on célébrer ?
Je m’interroge. Et le rôle que tiendront à la régie
Dany et la tripotée de ses semblables de l’époque, aujourd’hui encore confortablement
recyclés dans l’appareil d’Etat, laisse peu de doutes sur ce que l’on va célébrer…
Tout est dit dans le questionnement que j’emprunte au billet
publié avant-hier par Maxime Tendonnet :
« - Célébrer
ceux qui proclamèrent, "il est interdit d’interdire" à l’heure où les
professeurs, insultés, giflés, dans l’enfer d’un grand nombre de lycées et de
collèges ne parviennent plus à faire leur métier de transmettre le savoir et
l’intelligence ?
- Célébrer ceux qui
scandaient « CRS=SS » et « sous les pavés, la plage » alors
que, dans certains départements parisiens, un policier sur 10 est blessé chaque
année par les violences urbaines, sans compter les insultes et les crachats,
évidemment ?
- Célébrer les petits
malins qui scandèrent "élections piège à cons", alors que le taux
d’abstentions aux élections législatives dépasse désormais 50%, un record
absolu dans l’histoire de la république française, révélateur d’une démocratie
française à l’agonie ?
- Célébrer ceux qui
chantaient "jouissons
sans entraves" à l’heure ou une multitude de scandales à caractère
sexuel sortent de partout ?
- Célébrer les
pionniers de la politique moderne, qui exigeaient "soyons réalistes,
demandons l’impossible", en un temps où la vie politique, de l’extrême
gauche à l’extrême droite, ne cesse de fuir dans la démagogie et la
manipulation ?
- Célébrer ceux qui
traitaient de "vieillard obèse", l’un des héros de
l’histoire de France, auteur de l’appel du 18 juin 1940, chef de la
résistance française face au nazisme pendant les quatre années les plus
sombres de l’histoire de notre pays ?
- Célébrer les mêmes
qui vénéraient, idolâtraient l’un des plus grands criminels de tous les temps,
Mao et ses 80 millions de morts lors du "grand bond en avant"
? »
Quel beau souvenir ce 30 mai 1968! A fêter absolument.
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