Récemment, notre Premier
ministre est allé comme de coutume baiser le soulier de la synagogue pour
exprimer es qualité ses vœux à l’occasion du Nouvel An juif (je croyais
que ces années-ci ça tombait en mars mais bon) Il y retournera sûrement pour Yom Kippour comme
à la mosquée pour l’Aïd et plus si affinité (pour Noël et Pâques, faut
pas trop en demander…) Mais ce n’est pas le sujet.
Edouard Philippe, donc, n’a pas mégoté. Il a mis le
paquet et tiré à la ligne pour rassurer la "première communauté juive
d'Europe" : "Nous battre ensemble - et quand je dis ensemble
c'est bien tous ensemble, toutes confessions, toutes philosophies confondues -,
contre cette bête immonde qu'est l'antisémitisme"… "bête"
qui "emprunte à la fois à l'hydre et au phénix : quand on le croit
disparu, il réapparaît encore et encore"…Sans oublier de lister en
détail la longue liste des assassinats et tueries collectives dont les
juifs ont été victimes es qualité depuis bientôt dix ans ; en citant au
titre des causes, "l'ultraviolence du terrorisme islamiste"
(j’ai rien oublié ? J’ai bon ?) Et de rappeler le plan national de lutte contre le
racisme et l'antisémitisme de 100 millions d'euros de 2015… Et d’annoncer un
nouveau plan similaire "pour la période 2018-2020"… Et de
rajouter pour faire bon poids au nom de la neutralité laïc et républicaine : "Je
ne vois pas ce qui empêche de faire en sorte que le calendrier des examens
permette à un lycéen ou à un étudiant de vivre sa foi tout en poursuivant ses
études" et "Il n'est pas non plus question de remettre en
cause des pratiques cultuelles traditionnelles comme l'abattage rituel"…
Blabla qui en satisfera bien d’autres…
Et, cerise sur le gâteau : "L'antisémitisme et sa forme
réinventée qu'est l'antisionisme"…
Alors là, la boucle est
bouclée. Voilà que l’antisionisme est
assimilé à l’antisémitisme. Antisémitisme qui est déjà un mot forgé totalement vide
de sens. Au prétexte, il est vrai, de désigner une triste réalité millénaire,
il sert surtout à interdire l’expression de toutes critiques ou toutes suspicions
éventuellement légitimes formulées dans un débat démocratique à l’encontre "des
juifs"… Y assimiler l’antisionisme traduit (trahit) bien que, s’agissant
des Juifs, même ce qui relève d’un projet politique ne peut être contesté au
motif que ce serait ethnique !
Je proposais déjà ici il y a cinq ans le terme de "judéophobie" pour ce qui est de la triste
réalité millénaire relevant de la "haine du juif" stricto sensu. Et de
parler d’antijudaïsme, d’attitudes
judéosceptiques, etc. pour ce qui devrait relever d’un débat démocratique
normal… Vous me direz que ça ne changerait rien vu la manière dont
anti-islamisme et homo-scepticisme ont été assimilés d’office à l’islamophobie
et à l’homophobie… Mais bon, il faut quand même s’obliger à trouver des mots
rendant la nuance de la chose, c’est une question de rigueur sémantique sans
quoi le locuteur brouille son message (c’est souvent voulu) et psychédélise le cerveau du récepteur…
De plus, parler d’antisémitisme renvoie l’acuraba à une
notion de race (que c’est
pas bien) alors
que le "peuple Juif", la "communauté juive", le "Peuple
Elu", toussa, est autant une race, une ethnie, que je suis confesseur d’un couvent de bonnes sœurs. De
tous temps, les diasporas n’ont été qu’une infime minorité des peuples restant sédimentés
sur leurs terres, attachés pour leur vie et leur survie à la terre par l’agriculture
et l’élevages. Contrairement au mythe entretenu par le roman national juif, les
Romains ne les ont pas déportés après l’an 70. Ils ne l’ont fait avec aucun
autre peuple de l’Empire. Les plus proches descendants directs des Hébreux de
la Bible sont probablement… les fellahs palestiniens d’aujourd’hui ! Mais
la religion de Moïse était alors prosélyte et une faible diaspora a suffi. Ce n'est pas un peuple qui s'est répandu, c'est une religion. Les juifs d’Espagne et
autres Sépharades n’étaient pas des déportés des bords du Jourdain, c’étaient les
descendants de Berbères convertis venus du Maghreb comme soldats de la noblesse
arabe… De même, les Ashkénazes d’Europe
centrale et orientale parlant Yiddish (sorte de patois allemand
médiéval) ont
autant de patrimoine génétique commun avec les autochtones de Judée-Samarie ou
Galilée que moi avec un natif du Timor Oriental… Le soi-disant antisémitisme
générique institué comme condamnation d’un racisme est donc un concept sans
signification.
Il est vrai que l'identité juive est racialement connotée. Beaucoup de juifs,
même laïcs, continuent à voir dans les mariages mixtes une menace
existentielle. Et en dépit de la sécularisation, la grande majorité des juifs
laïcs continuent à pratiquer le rituel de la circoncision.
Au demeurant, le "fait juif" contemporain
n’est en rien racial. Il est le fruit d’une histoire de la longue Histoire. La "communauté"
juive n’est pas "ethnique" ; très attachée à ses coutumes et
traditions comme bien d’autres, c’est une communauté de mode de vie largement multiethnique mais dont la
spécificité est de se penser par nature et par destination distinguée et structurellement minoritaire. Et cette façon de se penser conduit à adopter des stratégies de
comportement et d’action qui peuvent parfois soulever légitimement des
critiques ou oppositions de la part des tiers… Or le
concept abscons d’antisémitisme rend caduc toutes possibilités pour les tiers
de contester éventuellement les actes de cette communauté-là…
Par ses propos de l’autre jour à la synagogue, le
Premier ministre est allé plus loin encore en assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme !
Non seulement c’est une faute qui lie les mains de notre diplomatie pour
aujourd’hui et pour demain, mais c’est un péché contre l’esprit :
Fondé sur un soi-disant continuum racial, le mythe
du retour vers la Terre Promise qui leur aurait été volée se trouve donc validé
et élevé par la République laïque au rang de tabou intouchable. Alors que, pour
les Juifs d’aujourd’hui (ou
du lendemain de la Shoa),
il ne s’agit que de la manifestation d’un nationalisme, d’un lobbying, d'une
idéologie, d'une politique, etc. Et même, dans le cas d’espèce, certains ont
tout à fait le droit de penser que ce soi-disant "retour" n’est qu’un
prétexte à une invasion expansionniste tribale…
Toutes choses qui n’ont rien à voir avec l’antisémitisme
et devraient pouvoir être discuté et contesté par les goys…
NB : Il s’agit là d’une
question de principe. La bêtise a été faite en 1948. Eu égard à l’islamo-fascisme
qui prévaut en Palestine, ne me faites pas dire que je souhaite qu’Israël soit
rejeté à la mer !
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