Or donc, l’opération est lancée sans qu’on sache
encore qui va remporter l’appel d’offre et
combien cela coûtera aux con-tribuables hexagonaux : Le cahier des charges
prévoit d’équiper d’une ligne directe avec un poste de téléphone fixe 50 544
chambres cellules dans 178 hôtels établissements pénitentiaires.
Nommée Garde des Sceaux fin juin dernier pour oublier
l’erreur de casting Bayrou, Nicole
Belloubet avait évoqué cette hypothèse dès le mois d’août : Doter du
téléphone chaque cellule de prison.
Jugée audacieuse
et officialisant le renoncement à l’interdiction faite aux résidents d’avoir des téléphones personnels, l’idée avait alors
suscité de nombreuses critiques et on n’en avait plus entendu parler.
Ben ça y est ! C’est dans les tuyaux : La Chancellerie
va sélectionner un concessionnaire pour la
fourniture, l'installation, la mise en œuvre et l'exploitation et la
maintenance d'une infrastructure de téléphone et de vidéoconférence dans les
établissements pénitentiaires à destination des personnes détenues et
permettant le contrôle par l'administration.
Bon. Cela suscite de ma part un certain nombre de remarques :
- Je n’évoquerai que pour le fun la scandaleuse discrimination qui est faite entre des
populations aussi respectables l’une
que l’autre : Alors que les détenus réels
sont tous condamné (au moins) à 2 ans ferme et plutôt plus et que les prévenus ne sont maintenus en détention
que pour de bonnes raisons, la population carcérale se trouve honteusement
privilégiée par rapport à celle des demandeurs
d’asile qui n’ont… rien à se
reprocher et qu’on empile dans des Formule1 et des hôtels de
sous-préfecture dont les chambres sont dépourvues de téléphones ! Il y a là
une manifestation évidente de xénophobie !
Mais soyons sérieux.
- La méthode, tout d’abord : Ballon d’essai en
août, vague concertation-consultation (supposée) au niveau hors-sol du
Ministère et… discret appel d’offre (faut bien) publié dès
la rentrée au Bulletin officiel des marchés publics… Clôture du dépôt des plis
cette semaine. Très jupitérien…
Et toussa pourquoi ?
- Quand on ne peut plus maîtriser une situation, l’essentiel
est de faire croire que tout est sous contrôle : Il y a plus de portables
en circulation des les prisons que de détenus. Et les matons sont débordés,
épuisés à écoper la mer en fouillant les cellules au lieu de se consacrer,
notamment, au renseignement sur nos
chers radicalisés…
- Probablement soufflée à Nicole par les petits malins
y voyant la perspective de juteux marchés, la solution du problème passerait
donc par l’installation d’un poste fixe dans chaque cellule avec toute la
coûteuse architecture informatique qui va avec : En effet, chaque détenu
pourra appeler H24 quatre numéros prédéfinis agréés et contrôlés par l’administration.
Ce qui, je suppose, implique que tel n° d’appel sortant soit exclusivement
accessible du poste fixe de telle cellule par tel détenu, sans doute à l’aide d’une
carte personnelle…
- Soyez sûr qu’on va nous vendre la chose (c’est déjà fait) en évoquant des motivations humaines : "Maintenir le lien social" avec les
familles, pouvoir joindre les proches le soir et non pas aux heures où ils
travaillent… Et, bien sûr, "préparer la réinsertion"…
- Et comme nous sommes en Marconie (ne l’oublions pas), on obtiendra[it] des gains appréciables de
productivité en libérant les matons des heures de recherches fastidieuses de
portables clandestins !
Qu’en conclure ?
- D’abord, soit le fameux contrôle évoqué
des communications reste à la charge des surveillants, auquel cas ceux-ci
seront encore plus surchargés ; soit, ce que suggère l’appel d’offre, les
contrôles se feront à l’aide d’une usine à gaz facturée la peau des fesses et dont
les algorithmes seront rendus inopérants pour passer sous les fourches caudines
du religieusement politiquement correct et des gardiens des Tables de la
Loi…
- Ensuite, les correspondants "famille
et proches intimes" étant préalablement acceptés par l’administration, il
n’est pas exclu que le Conseil d’Etat ou la justice européenne retoque les
contrôles des communications annoncés pour rassurer les couillons de base. D’où
une probable mise à la casse du système façon portiques écotaxe…
- Enfin encore, le chantier ne tient pas
compte de la surpopulation carcérale.
Les cellules individuelles sont réservées aux VIP. Imaginez-vous, en
déplacement professionnel par exemple, en train de communiquer avec votre nana,
vos jeunes enfants, votre mère… depuis
une piaule surpeuplée où vos trois ou quatre "colocs’" braillent,
tapent le carton, sodomisent le petit jeune ou… gloussent bêtement d’entendre
vos propos…
On compte aujourd’hui plus de portables
en prison que de détenus. Au mieux, il n’y en aura pas plus…
Et le pognon dépensé sera prélevé où ?
Sur le budget de construction ; où d’autre ?
- Enfin et surtout, avec cet
installation de téléphones dans les cellules, nous franchissons un pas de plus
dans le rétrécissement, sinon bientôt vers la disparition, de la différence encore concrètement
perceptible entre la "privation de
libertés" imposée (parfois)
aux criminels et délinquants et la "liberté"
(de plus en plus contrôlée) encore consentie à l’acuraba virginal…
Et si cela se trouve, les détenus conserveront leurs portables parce que quatre numéros max disponibles, cela va être un peu court pour la nana officielle, les officieuses, les potes, comparses complices du dehors et l'avocat, bien entendu.
RépondreSupprimerSans compter que de savoir que les conversations pourront être écoutées ou disséquées devraient être réfrigérant pour l'usage de ses fixes...