Le plus
chiant c’est que celles-ci ne se fanent pas. On ne peut pas, les mettre à la
benne en loucedé et il va bien
falloir leur donner un vase pour qu’on puisse enfin les admirer au salon…
Vous ne vous
souvenez sûrement pas du monumental cadeaux qui-lui-a-coûté-peanuts que Jeff
Koons a fait à la ville de Paris ; merci à lui. J’en avais parlé ici au mois
d’août dernier où vous aviez tous d’autres choses en tête ; et même Lepoilux passant par-là m’avait
soupçonné de colporter un fake new, c’est
dire…
Mais bon ;
la Maison mettant son point d’honneur à assurer (parfois) le service
après-vente de ses billets, je me dois d’en reparler aujourd’hui. Et comme je
ne suis pas assez payé pour tout reprendre, je vous invite à relire
l’histoire avant de poursuivre…
C’est fait ?
Bon. Les généreux sponsors-collectionneurs, agents publicitaires et commerciaux
en art contemporain soucieux de faire grimper la cote de Jeff (surtout de ses œuvres qu’ils
détiennent déjà), ont fait le nécessaire pour concrétiser ce magnifique cadeau (offert par Jeff, rappelons-le, en l’état
de concept et peut-être de maquette) La bête de
33 tonnes de bronze, inox et alu laqués est donc aujourd’hui "prête à
poser". En attente des… autorisations nécessaires. Et le galériste de Koons à Paris (si c’étaient des produits financiers
dérivés on dirait le trader, si c’étaient
des bagnoles on dirait le concessionnaire) commence à s’impatienter…
Car
maintenant, on a vraiment ça sur les
bras et il faut se décider (Tiens ! Ça me rappelle beaucoup
d’autres choses…)
Maire-Hidalgo
n’en démord pas ; Ce sera sur la dalle du Trocadéro, point barre !
Ouais, mais maintenant que se profile le "passage à l’acte", ça
commence à grogner, et pas que chez les riverains. Certes, le directeur du
Musée d’Art moderne, comme son rôle l’indique, trouve que ça sera très bien
devant sa porte. Mais celui du Palais de Tokyo n’en veut pas devant la sienne !
Il faut dire que le Palais de Tokyo si cher à Frédéric Mitterrand ci-devant bouffon
du roi ministre de la culture est dédié à la création contemporaine en Europe. Et je partage son point de vue :
Une œuvre de Jeff Koons, quelle qu’elle soit, n’a rien à voir avec la création, c’est toujours rien de plus qu’un
produit manufacturé en multi-versions publicitaires usiné par une
multinationale financière…
Du coup
notre ministre de la Culture (Françoise Nyssen, je rappelle son nom des fois que vous auriez oublié qu’elle
existe) hésite. Elle a demandé des "études
complémentaires" afin, dit-elle, de "minimiser les risques techniques, mais aussi juridiques, économiques et
patrimoniaux"…
J’adore
cette succession de qualificatifs enfilés "en même temps". Elle ouvre
bien tous les parapluies :
- D’abord,
il y a des risques. Et ils sont réels
puisqu’il n’est pas question de les rechercher, mais, d’entrée de jeu, de les minimiser…
- Maire-Hidalgo
s’est-elle souciée du renforcement éventuellement nécessaire du soubassement de
la dalle du Trocadéro ? - Le projet résulte-t-il bien d’une délibération éclairée,
formelle et inattaquable du Conseil de Paris ? – Quel impact sur les mobilités douces sur la dalle ? - Cela
nécessitait-il une "enquête publique" ? - Qui va payer l’installation
? Sur quel budget ? – La construction de "l’œuvre" à installer
sur le domaine public ayant été financée par des personnes morales privées
autres que la personne ayant fait le "don", quels sont les "droits"
de chacun et le régime juridique de l’ensemble ?
- Et, in cauda
venenum, en ajoutant le qualificatif patrimonial,
la ministre pose sans doute la question de la pertinence de cette installation
au centre de ce magnifique espace architectural art déco hérité de l’Exposition
universelle de 1937, point de passage obligé des cohortes de touristes visitant
Paris…
Bref,
Maire-Hidalgo a des raisons de s’énerver. Raisons qu’elle n’avait pas vu venir
quand, en novembre 1976, elle avait claqué la bise à Jeff Koons pour le
remercier de son geste. Caudillo de
Paris, elle ne craignait personne. Et surtout pas de procès en légèreté, voire
en incompétence. Il est vrai qu’à l’époque elle ne soupçonnait pas plus que
nous l’émergence du Cyborg Macron sur les ruines du Pédalonaute…
Pas plus que
la plupart de ses collègues, la dame sinistre de la Kultur ne doit l’ouvrir
sans y avoir été invité d’en haut. Les tulipes de Koons ne sont qu’une de ces premières
petites escarmouches pour tâter le terrain, pas encore une préparation d’artillerie.
Les prochaines
municipales sont déjà commencées…
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