Je me souviens de Jean. C’était un bel
homme fort civil, financièrement aisé et, disons-le, non seulement de commerce
agréable, non seulement quelqu’un qui faisait les choses bien et pas à moitié, mais
c’était aussi un ami, quelqu’un ayant des fondamentaux et sur qui on pouvait
compter. Malgré tout, ce type m’énervait. Ou plutôt il m’exaspérait. Non pas en
raison de ce tic qu’il avait de se passer souvent la main dans ses cheveux (tignasse, au demeurant,
dont j’aurais eu de bonnes raisons d’être jaloux…) mais pour une raison qui va vous paraître idiote :
En sortant de table, une fois son café bu, il allumait une cigarette, une
blonde filtre américaine sortie de son paquet à lui (c’était il y a plus de
trente ans) Une cigarette,
UNE. L’après repas pouvait parfois se prolonger durant des heures à discuter
mais ça n’y changeait rien : C’était une cigarette après chaque
repas. Il est vrai qu’il était un peu du même genre pour le vin et la bonne
chair… Voilà une forme de tempérance qui m’est totalement étrangère et le
symbole de sa clope me faisait l’effet du bruit d’un ongle sur une vitre. Même
Mme Ploukèm’, aussi latine mais bien moins véhémente que moi, s’interrogeait
sans comprendre sur la monoclopie de
ce vieil ami...
Mais je m’égare. Où en
étais-je ?
J’ai dérivé sur ce Jean parti continuer sa vie autrement, mais je ne
voulais pas parler de tempérance. Je voulais plutôt évoquer cette engeance que
sont les gens qui font les choses à
moitié, qui truffent leurs propos de "un peu", de "en
partie", de "en même temps"… Bref, ceux qui vous donnent juste
l’essence qu’il faut pour tomber en panne sèche au milieu du gué ou jamais plus
de dix-neuf sous pour faire un franc.
Ce matin sur Europe 1, Gerard Collomb, ministre
de l’Intérieur, des Cultes et de toutes les Polices a annoncé que la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes « sera évacuée des éléments les plus radicaux ».
Comme c’est beau !
Entendons-nous bien. Je ne sais pas ce
qu’il faut penser de ce foutu projet d’aéroport. Tout au plus puis-je avancer
la probabilité, pliée de chez plié, qu’on ne le fera pas. D’où deux regrets,
une inquiétude et une quasi-certitude :
- 1° regret : Pour tous ce fric de
nos poches gaspillé depuis des années, de ce fric qu’il faudra encore raquer
pour indemniser Vinci et pour réhabiliter les lieux, etc. Du fric que nous n’avions,
n’avons et n’auront toujours pas. Donc du fric emprunté qu’il faudra rembourser, emprunté pour le jeter par les
fenêtres puisqu’il n’y aura jamais aucun
retour sur investissement. Et un paquet de fric d’une ampleur auprès de
laquelle les portiques écotaxe, les Mistral et le vaccin de la grippe H1N1 ne
sont qu’une poignée de pièces jaunes…
- Mon 2° regret ne coûte pas cher :
Celui de perdre la ZAD de NDDL comme fond de tiroir, comme marronnier, permettant
de meubler le blog pendant encire au
moins dix ans (j’écrirai
du ciel avant…)
- L’inquiétude, c’est ce qu’on va faire
de tous ces hectares expropriés pour utilité
publique. Une réserve naturelle durable ?
Un Disneyland ? Des surfaces agricoles vendues aux Chinois ? Un lieu de mémoire avec monument au Zadiste
Inconnu ?
- La quasi-certitude, ça au moins c’est
du solide : L’autorité de l’Etat ne sera plus bafouée et la République en marche fera ce qu’il faut pour faire
disparaître cette zone de non droit. Mai on
y mettra le temps qu’il faut !
L’a-pouvoir exécutif vient de le
confirmer par la voix de Gérard Collomb qui s’en fout dans la mesure où il sait qu’il sera mort avant la clôture du
dossier… Non, il ne s’en fout pas vraiment ; mais son seul souci se résume
à trouver l’équilibre entre faire suffisamment de moulinets de (petits) bras pour prouver l’autorité de l’Etat
et ne pas avoir un mort sur les bras…
En proclamant qu’on évacuera les
éléments les plus radicaux, il
confirme que l’on fera comme d’habitude les choses à moitié. La ZAD de NDDL ne
sera ni l’Austerlitz ni le Waterloo de Macron. Mais ça restera pour nous un bâton merdeux
vaguement écolo, donc durable. Durable
dans le genre conflit israélo-palestinien…
Pauvre Colomb-1...
RépondreSupprimerévacuer Notre-Dame des Landes de ses zadistes en faisant un tri rigoureux entre les bons zadistes et les méchants zadistes... évacuer la nouvelle jungle de Calais en exigeant beaucoup d'humanité et de respect de la part des forces de l'ordre... évacuer les gardiens de prison qui manifestent contre les méchants détenus qui les agressent au nom du "renouveau religieux"... évacuer les pompiers qui se font agresser à chaque incendie provoqué par nos chances pour nous... évacuer les femmes de policiers qui manifestent pendant que leurs maris se font cocktailmolotoviser dans les banlieues... évacuer tous (?) les clandest### les migrants qui n'ont pas "la vocation" (c'est comme ça qu'on dit ?) "à rester sur notre territoire"...
Quel mérite !
Voilà ce qu'il aurait fallu faire : réaliser cet aéroport, pour sceller dans le ciment, à défaut de goudron et de plumes, tous les zadistes, des plus au moins radicaux qui, partant, vont continuer à nuire.
RépondreSupprimerA défaut, les aéroplanes vont continuer à dégazer au dessus du lac de Grandlieu. C'est ballot, quand même !
quel boulot dis donc il va se fader le petit lyonnais-qui-pleure, il va faire office de croque-mort, ce qui lui va très bien, pour présenter ses condoléances à tous les gentils zadistes qu'on va virer avec respect
RépondreSupprimer"En même temps", une zone de non-droit qui ne se situe pas dans le neuf-trois ou en banlieue nord de quelque grande ville, on ne peut tout de même pas tolérer ...
RépondreSupprimerPou moi ces zadistes, il faudrait les décorer, sans eux on aurait encore un nouvel éléphant blanc style aérotrain mais en pire.
RépondreSupprimerMais si on ne va pas les décorer, on va leur attribuer des titres de séjour. Faudrait pas que le "droit du sol" soint un vain concept ! Vous verrez : dans 10 ans le site de NDDL sera nettoyé : Il ressemblera aux jardins publics de Tchernobyl avec ses balançoires désertes parmi les herbes folles...
SupprimerPardon "leurs" balançoires...
Supprimer