"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

lundi 11 octobre 2010

Augmenter la réalité


Lu dans La Croix d’aujourd’hui ce billet d’un prof d’HEC, un certain Laurent Murani :

Si un jour vous trouvez que les nuages sont trop bas, que vos épaules sont bien lourdes et que le monde entier ne vous tend que des pièges, prenez votre téléphone mobile et, à hauteur de regard, postez-le entre vous et le monde. Tenez-le bien et naviguez, en le bougeant autour de vous tout en explorant les millions de fichiers disponibles et correspondant à vos attentes. Vous fusionnez réel et virtuel. Vous venez de rentrer dans la « réalité augmentée » , le Web 3.0. Tout change, vous êtes bien au-delà du Web 1.0 qui est une grande bibliothèque, après l’interactivité caractéristique du Web 2.0, vous incarnez désormais la combinaison du palpable et du virtuel, vous cabotez dans des espaces qui n’existent que pour vous, à cet instant… Pour rendre cette idée plus tangible, perceptible, donnons quelques illustrations déjà actives.
En vacances : vous êtes à New York, Ground Zero, et l’absence des tours jumelles vous trouble encore. Vous les retrouvez immédiatement dans un fichier et, par une manœuvre aisée, vous combinez sur votre écran le paysage actuel, avec ses passants, son ciel, sa lumière, et les tours, le tout fondu en une représentation calibrée, ajustée, virtuelle certes mais qui semble réelle.
Au magasin virtuel : la caméra de votre ordinateur vous filme et vous regardez sur l’écran l’image de votre visage en train de regarder l’image de l’image de votre visage… Nouvelle méditation sur la vanité? Non, un début d’essai de lunettes de soleil ou de vue, avec précision de la focale si besoin. Vous choisissez une paire et vous vous voyez sur l’écran équipé de ces bésicles. Le choix fait, vous commandez, payez. Vous serez livré dans quatre heures.
À l’atelier : vous réparez un moteur de voiture et voulez savoir ce qui apparaîtra une fois enlevé le carburateur. De nouveau votre appareil personnel identifiera de lui-même la marque et la référence du véhicule et ira chercher l’information. Il vous suffira alors de signaler l’ablation de carburateur pour voir apparaître l’image désirée.
Les conséquences économiques générales peuvent être importantes ; certains pensent qu’elles seront même structurantes. En voici quelques-unes.
La mémoire et le droit : Quelle place doit désormais occuper la mémoire ? Cette « réalité augmentée » est une immense chronique, instantanée, fidèle, mais aussi manipulable. Que devient dans cette situation le droit à l’oubli ? Quel avenir pour le droit individuel à l’image ? Plus encore, ce monde de la réalité augmentée est encore un espace privé de non-droit, un droit absent qui n’est ni civil, pas encore pénal, pas du tout social et assez peu commercial. Quel en sera le modèle dominant de fonctionnement ?
Moi et plus : suis-je enfin le centre externalisé de mon propre monde, combinant tous les éléments autour de moi ? Grâce à la caméra, je joue déjà avec mon corps, à la guerre ou au foot, je suis même excellent quand la balle arrive virtuellement sur ma tête et que je marque en angle contre un goal programmé dans son talent. Mais en même temps, ne suis-je pas en train de m’imposer, à l’instar de l’aveugle, une nécessaire canne blanche dans tous les domaines ? Avant chaque action ou décision, ne vais-je point aller dans une zone de soutien de réalité augmentée, voyage qui, à répétition, fera de moi un assisté du Web ?
Le retour du visuel, autrefois effacé en partie par la voix du téléphone et des radios, mais dans un espace réel augmenté, va nous entraîner dans un monde qui ne cherchera plus ses marques mais simplement les raisons d’en avoir. Elles sont nombreuses : lutte contre le handicap intime, résolution de certains stress, anticipations et soutien de la réflexion. Chacune de ces vertus a son double négatif, chaque ange a son démon. Tant que ce dernier ne fusionne pas avec le premier, dans un souci de réalité augmentée…
«Le retour du visuel va nous entraîner dans un monde qui ne cherchera plus ses marques mais simplement les raisons d’en avoir.»
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Et quand il les aura trouvé (peut-être, à défaut de ne pas les avoir perdues) il restera encore et toujours à l’Homme, survivant lucide, oubliant écran filtrant, codes d’accès et joystick, attentif au réel qui l’entoure sans lâcher l’horizon des yeux, de continuer à marcher à pied en regardant où il met les pieds…
Comme les Bô Doî de l’oncle Hô ou les pouilleux d’un cheik طالبـان…

Rien qu’avec son cerveau et sa kalashnikov…

2 commentaires:

  1. Brrrr...frissons ...
    Heureusement , selon moi , on aura tous rétrogradé dans la dèche avant de se laisser " avoir " ( je suis polie ! ) par ces hyper - luxes pour dégénérés ...
    Voilà ...tout à fait ....marre - marre, deux mains et un gourdin ...

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  2. La vénération des idoles comme analphabétisme tendance je le vois bien dans le slogan "chaque ange a son démon", ne plus penser mais cracher des mots, ne plus penser mais vriller dans le virtuel-réel de la solitude assistée, ne plus penser mais déchoir dans la petite tristesse, l'homme non pas omnipotent mais impotent comme stade terminal

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