14 heures. Je prends mon café sur ma terrasse et je m’étire dans un mouvement de grand délassement ; un de ces petits moments de bonheur qu’il faut savoir goûter et savourer. Car le bonheur n’est pas un état mais la survenance de moments, souvent fugaces qu’égobody ne sait pas voir, ne peut pas reconnaître, tant il est embourbé en saturation tout à la fois dans son instant présent et dans son rêve métissé d’un éternel futur… D’où, entre autre, ses aigreurs d’estomac et son envie du pénal…
Egobody, Béachelle, Laurent Joffrin, Mouloud Aounit, les groupies d’Amy Winehouse ou de Borloo peuvent bien crever la gueule ouverte en bavant leur fiel, Eva Joly éructer, Nicolas Hulot prendre sa température et CSP son Lexomil, moi, je n’en ai rien à foutre : Aujourd’hui je me sens bien…
Car aujourd’hui, dans mon douar d’élection, c’est la kermesse paroissiale.
Descente au village sous la pluie ; Météo France nous l’avait prédit : déluge non-stop jusqu’en fin d’après-midi. L’église était quand-même pleine à craquer et un beau soleil nous accueillait à la sortie de la messe pour quelques heures. Sûrement une louche manœuvre de l’Opus Dei…
Sur le parvis, le groupe folklorique et la fanfare municipale étaient au rendez-vous. Sortis après la bénédiction, les jeunes et moins jeunes musiciens qui vont à la messe avaient juste eu le temps de reprendre leur place parmi ceux qui n’y vont pas… Puis, derrière les danseurs et la fanfare, en cortège bon enfant, tous âges confondus, nous avons gagné le parking public fermé aux voitures depuis la veille jusqu’à demain matin (avec les rues barrées et les inversions de sens interdits qu’il fallait, etc.) La, tout autour de l’esplanade, tous les stands étaient en place comme d’hab’ : buvette, pâtisseries, librairie, pêche à la ligne, chamboule-tout, casse-bouteilles, tir, pochettes surprises, mini-brocante, artisanat des bonnes sœurs africaines que la paroisse aide… Et, bien sûr, le four à pain municipal carburait et les premiers diots s’alignaient sur les grilles des grands barbecues collectifs à l’approche de midi…
Au milieu de tout ça, les gamins s’en donnaient à cœur joie, les adultes échangeaient en cherchant à s’entendre malgré les cuivres et les tambours ou faisaient le siège de certains stands. Les vieux tenaient fermement la position stratégique de la buvette… On a beau faire : rien que des caucasiens et je m’en excuse…
Je ne suis pas resté. Je suis descendu à 950 mètres d’altitude prendre un apéro plus sophistiqué en terrasse au bistrot du village. Là, aujourd’hui, évidemment, surtout des estivants temporaires standards non concernés par ce qui se passait à 1000 mètres ; le genre à lire l’Equipe ou Gala et dont les mioches suaient le désœuvrement…
16 heures. Ça y est ! Joffrin et Fourest peuvent être rassurés : Les agents d’influence du Vatican n’ont pas tenu la distance contre Météo France. Dommage pour la fête, dommage pour nos petits jeunes à guitare et saxo qui prennent le relais de la fanfare, pour l’affluence aux concours prévus et aux stands dont la finance paroissiale a bien besoin… Mais il y aura quand-même du monde ; les pluies d’août, ici on a l’habitude. On est pas en sucre…
Mais Joffrin et Fourest ont bien raison de rester vigilants. Il reste encore en France des zones de non droit où l’espace public et ses accessoires municipaux (barrières, tables et bancs, etc.) s’utilisent au profit du financement d’un culte (comment ? Non il n’y a pas d’autres exemples) ; où des personnes morales laïques subventionnées par la mairie (folklore et musique) assurent bénévolement des prestations au même profit ! Où le maire se permet de communier ouvertement tous les dimanches (et pas qu’en période électorale) en dépit de son devoir de réserve de magistrat laïc et sans même avoir l’excuse d’être chanoine de Latran ! Et toussa en l’absence de quota de diversité !
Surtout, surtout, des zones où on ne trouve pas un seul libre penseur (et pourtant il y en a) pour oser attaquer le maire au tribunal administratif ! C’est dire à quel point une chape de plomb doit peser sur le libre arbitre des honnêtes citoyens…
Je ne suis pas redescendu. J’y retournerai ce soir. Pour patauger sous les grandes bâches protégeant (un peu) de la pluie. Pour retrouver quelques potes au dîner sur les longues tables en planches sur tréteaux. Au programme, il y aura gratin dauphinois et jambon braisé sur assiettes en carton et bouteilles de rouge du pays. Surtout, il y aura cette ambiance à laquelle Joffrin et les autres ne comprendront jamais rien. Serrés les uns contre les autres dans le pré derrière le presbytère, ils seront tous là : les essaims de préados, les quadras en couples, en famille, et toutes ces trognes que je situe toutes au moins de vue et qui me rappellent que moi aussi je vieillis. Et c’est bien…
ADDENDUM : 19h40 : Je pars dîner. La pluie a cessé et le soleil est revenu. Merci à la pieuvre vaticane…
Et vous n'avez même pas pris le temps « d'envoyer un signal fort aux marchés », comme tout le monde dans la blogosphère aujourd'hui ?
RépondreSupprimerTss…
Didier - Il y a "des jours comme ça"; c'en est un aujourd'hui : Je me donne un triple A+ "de moi et à moi" Et après, c'est demain...
RépondreSupprimerBravo!
RépondreSupprimertant qu'il y aura du "jambon braisé sur assiettes en carton", il y aura de l'espoir !
Profitez en bien, bientôt on pourra plus!
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