Pour faire d’une seule pierre deux coups en donnant une
préface au roman des législatives
et une postface à celui des présidentielles (et peut être un prologue à la pièce de
théâtre du quinquennat…), quoi de mieux que de copier-coller ci-après le
principal du texte (1) que Denis Tillinac vient de commettre dans la dernière livraison de Valeurs Actuelles ? :
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"Bien que
contaminée par un marxisme résiduel, la vision de Debord, l’auteur de la
Société du spectacle, garde sa pertinence. On nous a servi presque
simultanément deux finales à suspense : Hollande-Sarkozy et Montpellier-PSG.
Pour nous tenir en
haleine avant la finale du championnat de rugby, le Tour de France, l’Euro de
foot et les jeux Olympiques, on nous refile les divas du Festival de Cannes, la
énième tournée de Johnny et le tournoi de Roland-Garros. Les camés ayant toujours
besoin que la dose augmente, on nous promet en outre deux autres matchs bien
saignants : Mélenchon-Le Pen avant l’été, Fillon-Copé pour la gouvernance de
l’UMP au début de l’automne. Ainsi réduit-on les peuples à l’état de supporters
hystérisés par le matraquage médiatique. Rien de fondamental ne distingue les
sectateurs dépités d’Auxerre ou de Sarko et ceux, comblés, du club de Nicollin
ou du parti de Hollande. Les sourires interchangeables de Marion Cotillard et
de Najat Vallaud-Belkacem sont en compétition sur le même marché. Peut-être
aurait-on tort de s’en lamenter : faute de guerre pour rémunérer les pulsions
élémentaires, faute de foi ou d’idéologie pour leur procurer des alibis, nos
sociétés sécrètent à titre compensatoire des jeux du cirque.
"Moins nocif que les tueries d’antan, cet “opium du peuple” ne présage rien de
très reluisant. Le retour d’un polithéisme primitif diagnostiqué par Chantal
Delsol (2) promeut des divinités éphémères,
les stars du sport, du show-biz et de la politique, avec les superlatifs jadis
dévolus à l’exaltation des sentiments religieux ou patriotiques. Les médias
sont commis au renouvellement des stocks de l’imaginaire. Ils croient
expliciter le réel ; ils en improvisent des parodies infantiles dont les enjeux
symboliques les dépassent. Dans cet univers en trompe-l’oeil du spectacle
permanent, les champions sportifs s’en tirent mieux que les gouvernants car
tout de même, la suprématie d’un Nadal, d’un Messi ou d’un Dusautoir se prouve
dans l’arène ; il est plus difficile de forger un mythe à base d’Ayrault ou de
Jouanno. Mais l’âge d’or d’un sportif ne dure pas longtemps, et la métamorphose
en héros homériques de petits mecs de banlieue tatoués de partout exige des
surdoses de lyrisme. D’où ce côté piège à gogos des liturgies médiatiques. Si
Aristote ou le baron de Coubertin revenaient sur terre, ils s’indigneraient que
l’on qualifie de joutes démocratiques ou sportives la gigue abrutissante de nos
barnums télévisuels. Ils la trouveraient d’une vulgarité innommable.
(…)
"À quoi bon se
commettre dans des débats oiseux pour défendre une “droite” si éloignée des
songes de chevalerie qui, au mois de mai 1968, m’ont isolé des copains gauchos
de ma génération ? C’était un printemps aussi et j’avais fait la belle avec mon
Solex, sur des routes désertes, seul, pour fuir les palabres dans les amphis.
Avec le recul, je me dis que cette évasion hors la clôture rouge et noire des
idées convenues aura été le seul acte politique dont j’ai lieu de
m’enorgueillir. À quoi bon passer pour un salaud de réac, décevoir des amis,
entretenir des malentendus puisque aussi bien la droite “officielle” a avalisé
tous les présupposés de la gauche, et n’en propose en somme qu’une version
affadie ? Elle n’a cure de l’agonie programmée de la civilisation occidentale,
et du sort que l’Histoire avec une majuscule réserve à la France. Son seul
souci est de maquiller devant le miroir des médias une “image” aussi “moderne”,
aussi “branchée”, aussi barbouillée d’“humanisme” niais que celle de la
scénographie de la gauche. Aussi soumise à l’air du temps. Aussi immergée dans
la société du spectacle, mais avec les balourdises du comédien amateur qui
déclame à contretemps des tirades mal apprises."
Denis Tillinac
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A la haute époque de la Rome antique, les Ludi comprenaient les courses
de chevaux, l'athlétisme, la boxe et même du théâtre où les acteurs portaient
des masques. Les combats de gladiateurs relevaient du vulgaire et avaient lieu à
part. Ce n’est qu’à partir de Caligula
qu’ils furent intégrés aux Jeux où
ils occupèrent une place de plus en plus majeure et appréciée par tous. Et vint
la décadence… Caligula voulait élever
son cheval au rang de sénateur et les citoyens de l’Urbs avaient le
pain et les jeux. Ils adoraient ça…
Aujourd’hui, les citoyens acurabas aux ventres
pleins grignotent du pop-corn en regardant TF1. Et ils adorent ça…
Le Président descend les Champs Elysées en voiturette
électrique. On ne lui jette pas encore de cacahuètes…
(1) C’est ici
(2) cf. VA daté du 31
mai…
Il faut être aussi étroitement catholique que Madame Delsol pour prétendre que le polythéisme gréco-romain était primitif. J'échange les métamorphoses d'Ovide contre toutes les merdes en barre cordicoles du passé récent, du présent en cours et du futur virtuel
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