"… une faiblesse aussi pitoyable ne pouvait
pas, ne devait pas constituer une menace…"
« Le
cargo rencontra sur sa route un premier naufragé qui sembla retrouver vie à l’approche
du navire, levant faiblement le bras en signe d’appel. La mer était plate, le
vent nul. Le capitaine fit stopper le navire et donna l’ordre de mettre un
canot à la mer. C’est alors que l’officier de quart, examinant le malheureux à la
jumelle, repéra soudain tout autour du survivant de très nombreux cadavres
flottant juste au-dessous de la surface de l’eau. Le capitaine saisit à son
tour ses jumelles et découvrit droit devant lui, presque à perte de vue sur la
mer, un océan de corps flottants ou à peine immergés selon qu’ils vivaient ou
non. (…) Il rappela le canot qu’on débordait déjà des portemanteaux et fit
remettre en route, arrière lente, tandis que l’homme, voyant le navire s’éloigner,
fermait les yeux sans un cri et se laissait couler."- Capitaine !"
dit l’officier de quart, "allez-vous les abandonner ?" C’était
un tout jeune homme, pâle d’émotion, au bord des larmes. "- Vous
connaissez les ordres", répondit le capitaine Notaras (…) "et si j’embarque
tous ces gens-là, qu’est-ce que nous en ferons, je vous le demande ? Moi,
je transporte du bois, c’est tout. Je ne suis pas chargé de favoriser l’envahissement
de l’Europe."
Cette fois,
le petit officier pleurait franchement : "- Vous les condamnez à
mort, capitaine ! Vous n’en avez pas le droit !"
"Ah !
Vous croyez !" dit le capitaine, "eh bien ! vous vous
trompez !" Et, plaçant le levier du chadburn sur "en avant toute"
il ajouta dans le téléphone-machine : "Donnez-moi le maximum de
tours, s’il vous plaît !" Au timonier, il jeta un ordre : "Comme
ça, la barre, et si tu modifies ta route d’un seul demi-degré, je te flanque
aux fers pour mutinerie en haute mer !"
"Comme ça la barre", cela
voulait dire : droit devant. Et droit devant, sous la proue du navire
lancé à pleine vitesse, commençait le champ marin de fleurs noires aux pétales
blancs, morts et vivants balancés par la houle comme une cressonnière humaine.
A vingt-cinq nœuds, le cargo grec Île de Naxos, par la volonté de son capitaine
et la passivité coupable de son équipage, perpétra en cinq minutes un millier d’assassinats.
Hormis les actes de guerre, ce fut probablement le plus grand crime de l’histoire
commis par un seul homme. Un crime que le capitaine Notaras considérait
justement, à tort ou à raison, comme un acte de guerre…
…
" - Nous
ne sommes pas des Notaras ! Nous ne serons jamais des Notaras ! "
Marcel et Josiane en furent persuadés… »
Jean Raspail – Le Camp
des Saints – chapitre XX- 1973 – Robert Laffont…
- Le Monde : " Naufrage en
Méditerranée : L’Europe n’a plus d’alibi "
- BFM-TV :
"Qui est responsable de ces tragédies ? L’Europe est-elle en train de
payer son inaction ?"
- Le Parisien :
" Naufrage en Méditerranée : L’Europe doit réagir ! "
et
- Bernard
Kouchner l’insubmersible : "L’Europe nous fait honte. Il faut créer
une flotte de secours spécialement dédiée avec autant de bateau qu’il faudra…"
Prions…
Je vois que nous avons eu les mêmes lectures
RépondreSupprimerJ'excipiait souvent de mes origines massaliotes et donc grecques pour rompre une conversation emmerdante au sujet de la misère du monde lorsque j'étais jeune
j ai attendu l age canonique de 50 ans pour lire Le camp des saints. Comment un gars comme Raspail a-t-il pu etreà ce point visionnaire ?
RépondreSupprimerVisionnaire hier, l'ami !
SupprimerVoyons ce que l'avenir, à compter d'aujourd'hui, va nous réserver