Je n’avais pas évoqué ici l’affaire de la éRrATéPée et de sa pudibonderie
de Tartuffe laïc ; d’autres l’ayant très bien fait. Tout ce que je
souhaite, c’est que la Chredo ne lui lâche pas le mollet et je ne peux que
ricaner de voir le concert outragé des vierges sages du Gouvernement et du
Péèsse contraintes de joindre leurs voix à l’indignation générale… Bon
Mais deux choses m’amènent à venir sur le sujet.
- La première, c’est d’avoir lu ce matin le touitt commis vendredi dernier par Diego López Garrido. Vous ne connaissez pas ce type ? – C’est
pas grave. Diego López Garrido
est depuis trente ans une figure de la gauche espagnole. Secrétaire d’Etat du
gouvernement Zapatero jusqu’en 2011, il est depuis porte-parole du PSOE à la chambre des députés pour les questions de
Défense. Oui, de défense :
(La tuerie au Kenya a un message : il y a une
guerre des religions. Mais ce n’est pas un crime contre les chrétiens. C’est
[un crime] contre l’humanité)
Mettez juste le mot Kényan à la place du mot chrétien qui lui donnerait
des aphtes dans la bouche et ce serait du pur Hollande. Et examinez la
subtilité :
Tout d’abord, il y a une guerre de
religions. C’est une guerre, donc pas quelque chose d’unilatéral comme une
persécution religieuse. Et pour faire la guerre, il faut forcément être deux, deux
entités qui se font la guerre. Donc deux
ennemis qui se battent entre eux. Et si c’est manifestement une guerre d’agression,
dire qu’il y a guerre, ça veut dire qu’on se bat, donc forcément que l’agressé
ne se laisse pas faire, donc qu’on tue des deux côtés…
Ensuite, comme c’est une guerre de religions, il n’y a pas de crime
contre les chrétiens en particulier puisqu’ils sont inclus de fait dans les
belligérants ! Allez ! Pour calmer le jeu médiatique, disons que c’est
un crime contre l’humanité comme
toutes les guerres…
- La deuxième nouvelle, c’est que l’Elysée maintient son candidat au
poste d’ambassadeur de la France auprès du Saint-Siège…
Il faut savoir que les usages diplomatiques veulent qu’un nouvel
ambassadeur d’un pays A dans un pays B soit agréé
par ce dernier préalablement à sa prise de fonction. Je n’ai pas connaissance d’exception
à cet usage. S’agissant du Vatican, celui-ci se montre légitimement très
susceptible en la matière quand il prend l’envie à un pays de vieille tradition
chrétienne, a fortiori à la fille aînée
de l’Eglise, de lui envoyer un athée féroce, un homo affiché, un multi-concubin
notoire ou je-ne-sais quel franc-mac pilier du Grand-Orient…
Quand un nom lui est proposé, le Vatican confirme le plus souvent son
accord au bout de trois à six semaines. S’il ne lui convient pas, il ne notifie
pas son refus (c’est ça la
diplomatie…) mais reste aux abonnés absents.
Au bout de trois mois de silence, le pays demandeur a compris et propose
quelqu’un d’autre…
Pour la France, ça s’est déjà produit en 2007 (je ne sais pas si c’était déjà Sarko ou encore
Chirac) Paris avait proposé un
diplomate connu pour son homosexualité La demande était restée sans réponse. La
France avait compris et proposé quelqu’un d’autre. Tout ceci se réglant toujours
de façon feutrée dans l’arrière-boutique, diplomatie exige…
Le 5 janvier dernier, la France a
proposé M. Laurent Stefanini, chef du protocole au Quai d’Orsay, lequel,
célibataire et catholique, ne cache pas son homosexualité… Silence radio du
Vatican depuis maintenant plus de trois mois… On avait sans doute dû penser
pouvoir tenter le coup avec le nouveau pape François.
Mais voilà, était-ce pour forcer la main ?, sûr
de lui et dominateur l’exécutif a annoncé dès fin janvier dans la presse que l’agrément
était acquis ! Et voilà que, interrogé hier par l’AFP, l’Elysée soi-même fait savoir que "Laurent Stefanini est l'un de nos meilleurs diplomates,
c'est la raison de sa nomination. Nous attendons la réponse à la demande
d'agrément. Le choix pour ce poste de M. Stefanini résulte à la fois d'un
souhait du président de la République et d'une décision du Conseil des ministres" Point barre…
Bref, après l’annonce
dans la presse et la déclaration d’hier, le Vatican est fondé à voir là une
provocation. Et il est manifeste que le gouvernement pédalonautique veut
contraindre le Vatican à expliciter formellement sons refus contrairement à
tous les usages pour pouvoir stigmatiser
les catholiques… Quand on n’a plus rien dans sa boîte à outils et que ça ne
marche pas avec Poutine ou Bachar on trouve ce qu’on peut pour rouler des (petites) mécaniques…
- Ah oui ! Encore autre chose :
Un extrait d’une interview par le quotidien La Croix de Régis Debray qui m’a appris un détail du "11
janvier" que j’ignorais :
« J’ai surtout été
frappé que cette grande manifestation d’hommage à la laïcité se soit achevée
dans une synagogue. Et que dans ce lieu de culte se soit tenue une sorte de
meeting politique. J’ai trouvé curieux cette concession au communautarisme.
Dans la rue, le Président de la République, avec un signe religieux
ostentatoire sur le crâne, patientait en attendant le chef d’un gouvernement
étranger [d’Israël]. Par
définition un Président n’attend pas. Dans un lieu de culte en France, qui est
donc un territoire français, on l’attend mais pas l’inverse. Quand un Président
de la République porte une kippa et non un chapeau, on peut dire qu’il fait une
sérieuse entorse à la laïcité républicaine. Ce sont là des détails
protocolaires, mais qui montrent que nos gouvernants ne sont pas très sérieux
dans leur pratique de la laïcité. »
Marrant, je voulais faire un billet sur cette nomination au Vatican de Stéfanini. Si ça ce n est pas de la provocation...
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