Laisse les filles… Souvenirs, souvenirs…
24 000 baisers… Retiens la nuit…
Pour moi la vie va
commencer… Donc, Johnny a entendu siffler le train cher à
Richard Anthony. Ça faisait déjà un moment qu’il lui faisait signe, ce foutu
train. Mais, cette fois-ci, comme tout le monde un jour ou l’autre, il a fini lui
aussi par grimper dedans pour aller continuer
sa vie autrement (maybe…) Il a trouvé une place pour s’asseoir un peu
derrière Jean. Quand je dis Jean,
hein, il faut que je précise que je cause d’Ormesson, alors que pour Johnny, ce
n’est pas la peine. Ces deux-là ne jouaient pas dans la même division, ni même
dans la même discipline ; pourtant, ils étaient tous les deux non
seulement sur la même planète, non seulement du même pays, mais - quelque part - tous-deux étaient intimement
liés, enracinés, parties intégrantes de cette chose si malaisée à définir -
communauté ? quasi fratrie ? – qu’on pourrait appeler la France d’avant…
Chacun dans son genre, certes… Jean d’Ormesson avait pour lui toutes les facilités qui permettent de se
distinguer des médiocres et des nains de jardin rongés d’ambition qui sont
aujourd’hui la norme sociale : l’allure, l’aisance aristocratique, l’esthétisme
et, avant tout, le pouvoir de séduction. Séduction par le physique, l’élégance
du geste et, surtout, le choix des mots et la façon de les agencer entre eux.
Et tout cela, bien sûr, promu grâce à
l’aisance que procure les retombées d’une production littéraire foisonnante
dont le succès auprès du plus grand nombre tient surtout à sa gentille
superficialité vaguement nostalgique et à sa fréquente vacuité. Restons-en là…
Johnny, c’est autre chose. Enfant de la
balle poussé pour la première fois sur scène par sa famille à l’âge de neuf ans
pour meubler l’interlude pendant que ses oncle et tante changeaient de costume,
Jean-Philippe Smet a toujours su attraper non pas l’air-du-temps, mais l’air du temps
qui-allait-venir. Tout y est passé : Rock (qui était encore ‘n’roll), Twist, Country, Blues…
Je me souviens parfaitement de ses débuts
(les vrais :
premiers 45 tours…) J’avais
quinze ans et il n’en avait pas dix-sept… J’en avais entendu parler au lycée et
la première fois où je l’ai écouté, c’était dans ma chambre sur un transistor (une vraie valise) emprunté à un copain…
J’avais très bien compris son truc sur
scène : balancement déhanché latéral + mouvement montée-descente du coude
droit avec point fixe du micro devant la bouche + balancement pendulaire du
bras gauche… Mais moi j’étais trop gros et, surtout, je n’ai pas de voix et je
chante comme une casserole. Mais bon, j’étais parfait pour la gestuelle devant
ma glace et ça me suffisait…
Et, ce matin, quand je lis les réactions
de mes enfants sur notre compte familial chez What’s App, je réalise à quel point
Johnny est partagé par toutes les
générations. L’un, pourtant peu porté sur le lyrisme, écrit : "un
visage familier du peuple de France. L’ancien monde qui passe…" Et celui
des fistons habitant en région parisienne à guère plus d’un km de la résidence
de Johnny nous informe que la route en bas de chez lui qui y mène est
complètement bloquée ce matin…
Voilà. Comme Jean, Jean-Philippe a pris
le train avec Ducon et Mme Michu. Chacun à son heure. Comme ça fait longtemps
que je ne l’écoutais plus, ça ne me manquera
pas mais il me nous manque…
Il nous reste Djamel Debbouze, signe des
temps, et on va essayer de faire avec…
ah celui-là je l'avais ! moi je l'écoutai sur mon tepaz, tu te souviens des tépaz ? j'ai eu son premier 45 tours pour un Noël, mes parents n'y comprenaient rien mais moi, quel choc avec les Beatles ! sale temps pour notre génération ces temps derniers !
RépondreSupprimerAh oui ! Le Teppaz ! Moâ qui ne suis pas très Môzic je n’avais pas ça, il n’y avait à la maison que le "pic-up" (un vrai meuble) dédié aux 33 tours de grrrands classiques… Mais s’étaient encore les sixties… En revanche, au début des septantes, ma femme avait encore le sien de Teppaz et au début on n’avait que ça. Je me souviens que, jeunes mariés, il chauffait tout le w-e pendant qu’on repeignait notre premier appart’ (en location, hein !) et bien des disques ont pris de la peinture dans les sillons. On passait aussi bien du Barbara que du Listz. Mais comme il fallait bien que la peinture avance, on ne mettait jamais un certain concerto pour violoncelle de Saint-Saëns lié à certains souvenirs ; on risquait trop d’arrêter le chantier pour faire… autre chose. Enfin, bref. Souvenirs, souvenirs…
Supprimerdjamel beurck
RépondreSupprimerJ-J S
Je n'aurais pas dû ajouter cette dernière ligne superflue. Excusez-moi...
SupprimerNe vous excusez pas c est malheureusement la réalité.
RépondreSupprimerJ-J S