En principe, quand vous lirez ces lignes, vous
saurez quelles seront les dispositions scéniques
retenues "en accord avec la famille" par les plus hautes autorités de l’Etat pour accompagner la dépouille
de Jean-Philippe Smet alias Johnny Hallyday jusqu’à son dernier appart’
terreste. Pour ma part, je n’en sais encore rien au moment d’écrire et vous
aurez éventuellement l’indulgence d’en tenir compte…
Résumons : Devant l’ampleur vraie de l’émotion
populaire et, ne l’oublions pas, sa multiplication surjouée en boucle par les
médias trop contents de redresser fugacement leurs audiences, on ne pouvait pas
ne rien faire, ne serait-ce que pour assurer l’ordre public sur la voierie. D’autant
plus que la mort de Johnny est vraiment ressentie comme un deuil personnel par quasiment
toute la "France Profonde", laquelle constitue encore (je sais, c’est
contrariant)
une part incontournable de l’électorat. Bref, on ne peut pas en faire moins que,
par exemple, pour Stéphane Hessel ou Pierre Bergé.
Entendons-nous bien : Qu’il lui soit rendu
un Hommage National est la moindre
des choses. Après l’avoir consenti à Jean d’Ormesson, on doit bien ça à cette
icône reconnue d’un monde qu’on est aussi en train d’enterrer à bas bruit. Et,
bien sûr, la sécurité du public exige que l’on tienne compte de la largeur des
trottoirs et de toutes ces sortes de choses si on veut éviter que ça tourne à l’enterrement
de Victor Noir en 1870…
Mais de là à organiser des Obsèques Nationales où l’on évoque un Président de la République
qui-ne-s’occupe-pas-de-l’électricité descendant les Champs-Elysées derrière le
cercueil, ça sent sa récupération, son instrumentation, à plein nez. Un truc
aux relents d’obsèques de Victor Hugo en 1885, obsèques scénarisées à son profit par une III° République encore un peu
branlante. Obsèques il est vrai on ne peut plus grandioses qui ont servi de
prétexte pour désaffecter l’église Sainte-Geneviève (patronne de Paris) en Panthéon profane… D’ailleurs,
si "obsèques nationales" (et donc laïc) il y a, il faudra bien trouver à ménager dans
la scénographie un détour vers quelque église paroissiale. Car en dépit de ses
frasques et mariages multiples, avec sa croix ostensible où une guitare servait de cache-sexe au Christ, ultime
provoc’ aux connards, Johnny n’a jamais cessé de se reconnaître chrétien et
catholique romain…
On va voir comment les autorités et leurs
communicants vont se dépatouiller de toussa pour trouver la bonne mesure. Lui
doit se marrer…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire