"Gouverner c’est prévoir" disait Emile
de Girardin, cet affairiste de presse qui s’imaginait, l’imbécile, que dépendre
de la publicité assurera l’indépendance du journaliste, acteur essentiel ainsi
libéré d’une odieuse dépendance aux
envies bestiales du lecteur, ce con inculte tout juste bon à payer.
"Gouverner c’est faire croire"
aurait dit bien avant lui Niccolò
Machiavelli à Laurent II Médicis. Mais ce n’est qu’un bidonnage inventé plus
tard par des proto-bisounours.
"Gouverner c’est distraire" Ah !
Voilà enfin une définition satisfaisante ! D’ailleurs validée par l’Antique.
Le programme impérial Du pain et des jeux
n’assura-t-il pas déjà la prolongation d’un système
épuisé et vide ? Jusqu’à la solution chute finale, certes, mais
assez longtemps pour assurer le confort viager
de ses apparatchiks…
Le
programme Des allocs’ et des séries télé
ne suffisant plus quand la caisse est vide et les fins de mois percées, nos
gouvernants réactivent donc jusqu’à plus soif la grande peur hantant le soir
venu les forêts profondes de nos rues, quais de RER et couloirs de Métro. Mais pas
celle des détrousseurs et bandes de loups, non. Car ceux-là sont trop
habituels. Ce serait donc trop banal et, surtout, stigmatisant et cause certaine d’amalgames inacceptables.
Non,
distraire durablement le populo des
questions qui fâchent nécessite impérativement de lui inoculer une peur pérenne, une peur dont il n’aura
pas besoin de se justifier. C’est-à-dire la peur d’une menace sur laquelle, n’y
étant pas confronté dans le réel et ne
risquant pas de l’être, il peut fantasmer jusqu’à plus soif (et s’en masturber,
le cas échéant) Une peur virtuelle, donc, mais une peur indiscutable : une
peur institutionnelle.
Mais
rien n’est parfait. L’acuraba, ce con, oublie vite ce dont il a le don de se
foutre au lieu d’en avoir peur. Les gouvernants responsables et conséquents se
doivent donc de tisonner les fourneaux pour entretenir cette peur
institutionnelle qui les exonère de parler d’autre chose. Surtout quand ils n’ont
rien à dire.
On
ne les remerciera jamais assez des efforts qu’ils font en mouillant la chemise
pour pousser les feux chaque fois que nous avons besoin d’être distraits de la
dure trivialité de notre quotidien. Surtout de nos jours où ça devient une
absolue nécessité quasi permanente pour maintenir la cohésion du vivre-ensemble™,
du Pacte Républicain, toussa…
Comme
l’écrivait Didier Goux ce matin : "ils ont déjà dû sauver deux fois la démocratie depuis le début de la
semaine – des claquages sont à craindre d'ici samedi."
Entretenir
cette peur nécessite donc que nous autres simple citoyens n’hésitions pas à
aider nos gouvernants dans cette tâche indispensable. Ce doit être une œuvre collective
enthousiasmante pour la Nation. Chacun doit en prendre sa part, d’autant que l’aide
apporté à cette grande cause nationale peut produire éventuellement des
retombées avantageuses pour celui qui apporte bénévolement son aide à nos
dirigeants qui en ont bien besoin.
Merci
donc à l’hebdomadaire Minute pour son
aide…
Dites, M'sieur Robert, c'est quoi t'est-ce la définition de "l'acuraba" ? J'l'avons pas trouvé dans votre gros livre.
RépondreSupprimerM'sieur Robert n'habite pas à cette adresse et je ne ferai pas suivre, ne souhaitant connaître que Monsieur Emile Littré.
SupprimerCeci-dit, voulant vous être agréable, je vous copie-colle le post-scriptum d'un billet de 2011 évoquant cet acronyme fréquemment utilisé ici :
"Par compassion pour les éventuels passants égarés, les lecteurs assidus et attentifs de ce blog tolèreront que soit rappelé ici (une dernière fois) que les Acurabas ne sont pas une tribu d’Amazonie (pas encore) ; ACURABA = Administré-Consommateur-Usager-Résident-Assujetti-Bénéficiaire-Ayant-droit. On rappellera à cette occasion que le Plouc-em’ milite pour répandre l’usage de cet acronyme dont le caractère générique administrativement exhaustif est de nature à favoriser le vivre-ensemble. Il remplacerait avantageusement de nombreux termes (tels que, par exemple, citoyen, électeur, …) trop précis ou ciblés et donc porteurs de discriminations et d’exclusions…"
C'est vrai que acuraba est un progrès, mais il n'inclut pas les clandestins, donc il reste un peu discriminatoire quand même. Si vous désirez les inclure, je vous conseille accuraba plutôt que acurabac, la deuxième proposition sonnant comme une spécialité pharmaceutique.
RépondreSupprimerLe clandestin est un Ayant-droit...
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