"- Crotte ! " laissa échapper la baronne douairière. Sa longue
main osseuse, pâle et décharnée au petit doigt levé avait un peu tremblée en
approchant la tasse de porcelaine de ses lèvres en cul de poule. Une tasse du
service "aux petits oiseaux" vouée à aller un jour où vont toutes
choses ; sans doute sans gloire par
la maladresse d’une souillon à l’office, mais peut-être, qui sait, dans la dignité en étant euthanasiée par un de ces jeunes gandins
attendant l’héritage, enthousiastes à l’idée de boire enfin dans de l’Ikea…
- Crotte avait-elle dit dans le silence gêné lorsque la goutte
de thé s’esplartcha, arrogante et bien
visible, sur le napperon au point d’ombre du guéridon…
"- Hum…" dit le
nez de sa voisine… La veuve du notaire laissa échapper un soupir discret…
Elle ne pouvait pas dire merde comme tout le monde ?
De quoi je cause ?
Toujours et encore de la même avancée continuelle du progrès nous guidant sur la
voie de notre Salut, c’est-à-dire vers une sorte de sérénité bouddhique, un
état où les contrariétés du réel n’auront
enfin plus aucune prise sur nous. Bref, un état qui a quelque chose à voir avec
la mort pour causer comme avant-hier
soir, histoire de me faire comprendre des vivants
(il en reste, semble-t-il)
Je cause donc des efforts
considérables déployés pour tordre le sens des mots, pour les édulcorer, pour
les remplacer dès lors que leur bestiale trivialité pourrait devrait nous
épouvanter, ou nous perturber, ou tout simplement nous faire douter… Imaginez
qu’un locuteur veuille
exprimer une idée, une notion, un concept, un sens ayant un rapport concret
avec le réel ; cela pourrait nous déranger ! Par principe de précaution, par correction,
il est légitime de nous épargner une aussi insupportable agression !
Aujourd’hui donc, ressorti
de la naphtaline pour l’occasion, le déjà vu Dr Bernard Kouchner soi-même a été invité avec gourmandise à commenter
pour France Inter le jugement d’acquittement de son confrère Bonnemaison,
serial-killer éthique blancheur persil.
- En incidence, je précise que si je
me suis senti incapable d’y aller de mon propre commentaire ici, ce n’est ni
par manque d’intérêt ni par "respect des décisions de justice", mais
l’effet d’une grande lassitude… Il vous suffit d’aller lire le point de vue de Corto.
Histoire qu’on ne l’oublie
pas, le ci-devant porteur de sac de riz (un seul, une fois, une
minute, le temps de la photo) a donc demandé que le mot euthanasie ne soit plus utilisé car on y
entend «nazi», «ce qui n’est pas gentil».
Et, après avoir qualifié "illégalités fécondes" les sept meurtres au compteur de l’urgentiste
(c’est plus positif que médecin…), il a délayé la sauce :
«N’employons plus jamais le mot "euthanasie". D’abord, il
y a "nazi" dedans, ce n’est pas gentil. Et puis on a tout de
suite l’impression d’une agression, vous voyez, qu’on va forcer les gens, comme
le mot "ingérence". Il faut
employer des mots qui sont doux, la fin de vie doit être quelque chose que l’on
partage avec les siens et qui est un témoignage d’amour plus que de brutalité…»
Il s’emmerde pour pas grand-chose :
Il suffit d’ajouter une légalité féconde à la loi Leonetti en insérant
une ligne de plus (la dernière) à la nomenclature des protocoles de soins palliatifs.
Ne me dis pas qu il a vraiment dit çà le porteur de riz ?
RépondreSupprimerSi !
SupprimerMon commentaire sera court, Kouchner est un connard.
RépondreSupprimerNotre pays est dans de bien mauvaises mains, les socialistes nous imposent une barbarie moderne, que faire?
Et je l'ai entendu dire les mêmes conneries ce soir sur LCP
RépondreSupprimerMais l'IVG post natale, j'achète
RépondreSupprimerComme expression, je veux dire
Ou alors la CED, cessation d'existence déterminée ? Ou définitive ?
Ou alors la EHARGI? Évolution habituelle après reprise de gestation interruptible ?
Ça a de la gueule, ça, la EHARGI
Dans Kouchner, il y a couche… mais loin de moi l’idée qu’il en tienne une bonne.
RépondreSupprimer