Je
suis rentré cet après-midi d’une réunion de famille dont je ne vous conterai
rien mais qui fut un de ces petits moments de bonheur qui ponctuent la vie du poor lonesome widower…
Pourquoi
vous en causer alors ?
Parce
que je viens à cette occasion de traverser les paysages de la France…
-
J’ai donc quitté ce matin un des douars de cantonnement de ma lignée. Celui-là,
précisons-le, n’est pas au tréfonds de la Lozère ou un de ces écarts périphériques chers à Christophe
Guilluy. C’est quand-même le chef-lieu de 26.000 habitants d’une agglo’ en
comptant 60.000 à une demi-heure de TER de Paris (à l’ouest, certes…)
Evidemment, il y a différents quartiers
mais tout de même…
En
bordure d’un entrelacs de petites rues bordées de pavillons accolés assez
modestes et tous pareils avec leurs jardinets, une école communale, publique et laïque donc, bâtie comme un grand hangar
autour de sa cour… C’est là qu’officie ce cher Dante en qualité d’élève de CP. Il habite si près qu’il s’y rend à
vélo en traversant la seule grande rue au feu rouge…
Dante
a tenu hier soir à me montrer sa photo de classe en me détaillant ses potes… Photo classique avec l’institutrice
et ses 25 élèves… Sur les 25 élèves, il y en a un (d’ailleurs un de ses
potes mais son prénom, bien-de-chez-nous, m’échappe) dont je ne saurais dire s’il est
mulâtre, un chouïa magrébin, voire latinos foncé… Et les 24 autres sont sans
conteste tous des leucodermes pour jus…
Incidemment,
j’ai appris qu’il y en avait au moins huit qu’il voyait très souvent le
dimanche à la Messe…
-
Dans la foulée, j’ai donc ensuite pu admirer d’autres paysages de la France. Grâce aux attentions compréhensives quoique résiduelles de Sud-Rail et de la
CGT, j’ai pu m’attarder plus
longuement devant certains tableaux que
devant la Joconde au Louvres, compressé entre deux japonais… J’ai ainsi
successivement contemplé les intérieurs d’une rame de TER, d’une gare
parisienne, de deux rames de métro et des couloirs de correspondance en prime, d’une
autre gare parisienne, d’un wagon de TGV, de la gare de Lyon Part-Dieu puis d’encore
deux rames de métro et enfin les extérieurs de quelques rues familières…
-
Pour conclure ma journée un autre paysage
m’attendait : Celui du parvis de l’Opéra. Là, une grosse soixantaine de
guignols occupait l’espace en tapant sur des bidons avec une ardeur de
trisomiques découvrant une nouvelle activité. Une banderole et des drapeaux noirs
ornés de croix blanches (des
x genre signatures d’analphabètes)
annonçaient que l’Opéra était "occupé".
Ce
happening qui nous cassait les
oreilles en s’appropriant l’espace public durant plusieurs heures était l’œuvre
d’un "collectif unitaire chômeurs-intermittents-intérimaires"
Manifestement, si le gros de la troupe semblait constituée d’intermittents du spectacle vivant, le
tract distribué n’en disait pas un mot. Pas la moindre envolée lyrique sur la
défense de la Kultur ou quoi que ce soit de ce genre. Il n’évoquait que l’assurance chômage en général. Et les pancartes
n’évoquaient que la précarité. Point…
Comme quoi, il n’y a guère qu’Aurélie Filippetti pour penser que la défense des
intermittents d’estrade est un sujet porteur…
Mais
ce n’est pas ça qui a retenu mon attention. Il y avait là quelques cheveux
rouges et même je crois une tignasse teinte en bleu. Mais tous, j’ai bien dit
tous, étaient… exempts de diversité !
Je suis resté un bon moment à les
détailler tous : Eh bien, rien à voir avec le métro, le train et les halls
de gare ! Pas un black, pas un Beur, que dalle ! Ces précaires-là sont-ils bien le reflet de
la Fwance ?
Mais
ce qui m’a troublé, ce qui m’a inquiété, c’est que, par l’homogénéité de leur
look ethnico-épidermique, ils relevaient tous de la même espèce que la classe
de Dante !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire