Question
idiote qui m’est venue à l’esprit hier et dont je n’aurai évidemment jamais la
réponse. Pourtant, bénéficiant sans doute d’une relative absence de concurrence
due à mon désœuvrement momentané, je la retrouve toujours présente dans mes
pensées ce matin. Pour m’en défaire, il suffirait peut-être que j’en parle à
quelqu’un. Essayons.
Dans
un contexte où la baballe au Brésil et le bordel ferroviaire occupent le temps
de cerveau disponible des acurabas aux ventres pleins, dans un contexte où, d’une
émotion médiatique initiale les massacres quasi quotidiens par Boko Aram s’étiolent
en feuilleton de faits divers, dans
un contexte où la puissance militaire et la férocité sans nuances d’une ébauche
de Califat imposent une épuration éthique
au cœur de l’Orient compliqué, il m’est
revenu un souvenir, une image à la fois ancienne et très précise :
J’étais
à Alep. C’était la fin du printemps 1993. Une petite rue du bazar qui
grouillait de monde. Des gens de tous âges et de toutes conditions vaquaient à
leurs occupations respectives. Le long des façades plutôt décrépites, entre les
portes d’immeubles, tous les rideaux de fer étaient relevés et offraient au regard,
ici des étals bien garnis de marchandises,
là des ateliers de petite mécanique en pleine activité. Rien à voir avec les
rues désertes aux rideaux baissés criblés d’impacts de balles des riches heures
de Beyrouth…
Et même s’ils étaient plutôt défraîchis, les portraits de Hafez el Assad étaient partout, en affiches ou suspendus au-dessus de nos têtes comme du linge qui sèche…
Et même s’ils étaient plutôt défraîchis, les portraits de Hafez el Assad étaient partout, en affiches ou suspendus au-dessus de nos têtes comme du linge qui sèche…
Sachez
aussi qu’en Syrie les écoliers et les collégiens portaient alors tous un
uniforme, lequel se résumait à un… treillis militaire à leur taille. Manière
intelligente pour mettre tous les mômes sur le même pied et éviter le côté
fashion-victim et la course aux marques qui ravageait à l’époque nos collégiens
aux ventres pleins…
Dans
cette petite rue où il y avait du monde, j’ai croisé un jeune collégien en
treillis. Marchant du pas vif et décidé d'un gosse qui sait où il va, ce petit
brun à la mèche en bataille n’était déjà plus un enfant. Il devait avoir au moins onze ou douze ans. Juste croisé.
Lui ne m’a pas remarqué, sans doute même pas vu, et a disparu, fondu parmi les
passants.
Mais
moi, pourquoi donc l’avais-je remarqué et pourquoi ce souvenir remonte-il
aujourd’hui ?
Parce
que, arrivant presque à ma hauteur, d’une façon très naturelle, sans
ostentation ni souci de discrétion, là, comme ça, tout en marchant dans la rue…
il s’était signé ! Il avait fait
un signe de croix…
Relevant
la tête, j’avais alors compris : Il venait de passer au droit d’une porte
d’immeuble au-dessus de laquelle, ornant le linteau, il y avait un crucifix…
Dans
ce pays, dans ce quartier à 88% musulman de stricte obédience, personne n’avait
alors réagi, n’avait été indigné ;
ni ceux en costards ni ceux en chemises de nuit, ni celles en robes d’été ni
celles sous emballages…
J’avais
alors pensé aux ricanements ironiques que son geste aurait alors déjà provoqués
en France il y a vingt ans. Sans imaginer encore les inconvénients, voire les poursuites
que ça aurait pu lui occasionner dans la Fwance d’aujourd’hui…
Il
avait l’âge de mon dernier fils. Aujourd’hui il a (aurait eu ?) environ trente-trois ans.
Qu’est-il devenu ? S’il n’a pas fini torturé, égorgé ou sous les bombes, qu’il soit assis sur les gravats de sa maison, ou réfugié, ou en exil, peut-être chez nous, que pense-t-il de nous, aujourd’hui ?
Qu’est-il devenu ? S’il n’a pas fini torturé, égorgé ou sous les bombes, qu’il soit assis sur les gravats de sa maison, ou réfugié, ou en exil, peut-être chez nous, que pense-t-il de nous, aujourd’hui ?
In memoriam…
beau billet ! merci
RépondreSupprimerJe préfère pas supposer ce qu'il pense, voyez vous
RépondreSupprimerÇa doit sûrement être du bien....
Non ?
Merdalors, est ce possible ?
Un syrien qui serait pas d'accord avec les declarances tonitruantes du pedalonaute et de laurent le sanglant ?
's'il vit et s'il ose penser , son opinion est surement proche de la mienne !
RépondreSupprimerJe suppose qu'il nous dirait pas merci
RépondreSupprimerMais on dirait que la leçon commence à porter
Obanania s'est ému, le grand coeur, des zexecutions sommaires des chiites irakiens et propose..... des drones
Soyons justes, il propose aussi..... 300 troufions.... pour protéger ses ressortissants en Irak...
Nous autres, le pehidedrouadlom ( dans les trous de la democrature) ,nous ne proposons rien
Comme d'hab
Aurions nous d'ailleurs quelque chose à proposer ?
Non
Si !
Une leçon de pédagogie par Fabius, déguisé en mossieur météo....
Si la honte et le ridicule tuaient, je me reconvertirais en croque mort....