"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

lundi 16 juin 2014

Qu’est-il aujourd’hui devenu ?



Question idiote qui m’est venue à l’esprit hier et dont je n’aurai évidemment jamais la réponse. Pourtant, bénéficiant sans doute d’une relative absence de concurrence due à mon désœuvrement momentané, je la retrouve toujours présente dans mes pensées ce matin. Pour m’en défaire, il suffirait peut-être que j’en parle à quelqu’un. Essayons.

Dans un contexte où la baballe au Brésil et le bordel ferroviaire occupent le temps de cerveau disponible des acurabas aux ventres pleins, dans un contexte où, d’une émotion médiatique initiale les massacres quasi quotidiens par Boko Aram s’étiolent en feuilleton de faits divers, dans un contexte où la puissance militaire et la férocité sans nuances d’une ébauche de Califat imposent une épuration éthique au cœur de l’Orient compliqué, il m’est revenu un souvenir, une image à la fois ancienne et très précise :

J’étais à Alep. C’était la fin du printemps 1993. Une petite rue du bazar qui grouillait de monde. Des gens de tous âges et de toutes conditions vaquaient à leurs occupations respectives. Le long des façades plutôt décrépites, entre les portes d’immeubles, tous les rideaux de fer étaient relevés et offraient au regard, ici  des étals bien garnis de marchandises, là des ateliers de petite mécanique en pleine activité. Rien à voir avec les rues désertes aux rideaux baissés criblés d’impacts de balles des riches heures de Beyrouth… 
Et même s’ils étaient plutôt défraîchis, les portraits de Hafez el Assad étaient partout, en affiches ou suspendus au-dessus de nos têtes comme du linge qui sèche…
Sachez aussi qu’en Syrie les écoliers et les collégiens portaient alors tous un uniforme, lequel se résumait à un… treillis militaire à leur taille. Manière intelligente pour mettre tous les mômes sur le même pied et éviter le côté fashion-victim et la course aux marques qui ravageait à l’époque nos collégiens aux ventres pleins…

Dans cette petite rue où il y avait du monde, j’ai croisé un jeune collégien en treillis. Marchant du pas vif et décidé d'un gosse qui sait où il va, ce petit brun à la mèche en bataille n’était déjà plus un enfant. Il devait avoir au moins onze ou douze ans. Juste croisé. Lui ne m’a pas remarqué, sans doute même pas vu, et a disparu, fondu parmi les passants.
Mais moi, pourquoi donc l’avais-je remarqué et pourquoi ce souvenir remonte-il aujourd’hui ?

Parce que, arrivant presque à ma hauteur, d’une façon très naturelle, sans ostentation ni souci de discrétion, là, comme ça, tout en marchant dans la rue… il s’était signé ! Il avait fait un signe de croix
Relevant la tête, j’avais alors compris : Il venait de passer au droit d’une porte d’immeuble au-dessus de laquelle, ornant le linteau, il y avait un crucifix…
Dans ce pays, dans ce quartier à 88% musulman de stricte obédience, personne n’avait alors réagi, n’avait été indigné ; ni ceux en costards ni ceux en chemises de nuit, ni celles en robes d’été ni celles sous emballages…
J’avais alors pensé aux ricanements ironiques que son geste aurait alors déjà provoqués en France il y a vingt ans. Sans imaginer encore les inconvénients, voire les poursuites que ça aurait pu lui occasionner dans la Fwance d’aujourd’hui…

Il avait l’âge de mon dernier fils. Aujourd’hui il a (aurait eu ?) environ trente-trois ans. 
Qu’est-il devenu ? S’il n’a pas fini torturé, égorgé ou sous les bombes, qu’il soit assis sur les gravats de sa maison, ou réfugié, ou en exil, peut-être chez nous, que pense-t-il de nous, aujourd’hui ?

In memoriam 

4 commentaires:

  1. kobus van cleef16/06/2014 19:47

    Je préfère pas supposer ce qu'il pense, voyez vous
    Ça doit sûrement être du bien....
    Non ?
    Merdalors, est ce possible ?
    Un syrien qui serait pas d'accord avec les declarances tonitruantes du pedalonaute et de laurent le sanglant ?

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  2. 's'il vit et s'il ose penser , son opinion est surement proche de la mienne !

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  3. kobus van cleef20/06/2014 07:03

    Je suppose qu'il nous dirait pas merci
    Mais on dirait que la leçon commence à porter
    Obanania s'est ému, le grand coeur, des zexecutions sommaires des chiites irakiens et propose..... des drones
    Soyons justes, il propose aussi..... 300 troufions.... pour protéger ses ressortissants en Irak...
    Nous autres, le pehidedrouadlom ( dans les trous de la democrature) ,nous ne proposons rien
    Comme d'hab
    Aurions nous d'ailleurs quelque chose à proposer ?
    Non
    Si !
    Une leçon de pédagogie par Fabius, déguisé en mossieur météo....
    Si la honte et le ridicule tuaient, je me reconvertirais en croque mort....

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