- La marche des crayons…
"- La France va se lever vers ce
qu’il y a de meilleur." a déclaré le Président Hollande…
Cet immense rassemblement-communion de tout un peuple ne doit évidemment
rien à l’action présidentielle, ni au travail de nos gouvernants, ni aux
bricolages de nos politiques, ni au vivrensemble™
- le saint du jour - qu’on nous rentre dans le crâne à coups de marteaux
stigmatisations catégorielles et de cynisme judiciaire… Il ne doit quasiment rien
non plus à la sensibilité et à la raison.
Il doit tout, en revanche, à la sensiblerie et à l’émotion avec, çà et là,
quelques coups de pouce opportunément orchestrés. Un barnum de placebo-thérapie
collective, une cellule un chapiteau de soutien psychologique avec indulgence
générale donnée à tous les pèlerins…
Et pour que cela soit possible, il a fallu un fait déclencheur. La mort de
quatre juifs Porte de Vincennes n’aurait pas suffi. Elles se rajoutent pour
faire bon poids mais, seules, n’auraient pas eu plus d’effet au bout de quatre
jours que les assassinats d’enfants par Merah…
Tout bien réfléchi, toussa n’a
été possible que grâce à Charlie. A
Charlie Hebdo et à la réaction corporatiste de la profession : La liberté
Patrie liberté d’expression en danger ! Euh… leur liberté d’expression, pas celle de Zemmour et autres, pas
vraiment la nôtre non plus… Mais cépapareil !
Il a fallu Charlie ; Charlie était le plus petit commun
dénominateur sur lequel pouvait s’accorder ces foules immenses. Et même pas le
canard en soi mais tous justes trois mots dupliqués à l’infini, une
affirmation vide de tout engagement
personnel au milieu de la foule, donc qui ne mange pas de pain.
Finalement, la seule chose, le seul concept, la seule liberté réelle, et même le seul slogan primaire sur lequel, après
trente ans de démolition, on arrive encore à faire se lever ce qui fut une Nation, c’est "Je suis Charlie",
nouvelle définition de la nationalité française universelle… Retour dans
l’utérus, je vais chez Auchan, madame passera payer…
- De l’utilité des crayons…
Le Président de la République aurait pu rester à l’Elysée où j’ose espérer
qu’il y a du boulot par les temps qui courent. Il aurait alors envoyé aux participants
un message de soutien, plein de chaleur, de force d’âme et qui, tout à la fois,
rassure et motive… Il a choisi d’y aller. Comme un citoyen normal (alors que
son job c’est de ne pas être normal, mais passons…) L’avantage c’est qu’il n’avait pas à s’engager, il
lui suffisait de défiler, congratuler, consoler, condoléancer les familles des victimes, étreindre en un abrazo frénétique
prolongé pour les caméras un des journalistes survivant qui pleurait sur son
épaule pendant qu’il lui tapotait le dos. C’était beau. L’avantage, disais-je,
parce que ça, depuis la Corrèze il sait faire.
Du coup, évidemment, tout le gouvernement a suivi. Et bien sûr il y avait
là tout ce qui compose l’arc républicain :
huit anciens premiers ministres (on avait ressorti Edith Cresson), les syndicats et les partis, de Mélenchon à
Dupont-Aignan (celui-là c’était
limite)… Parce
que ça s’appelait marche républicaine,
voyez-vous. Ce n’était pas une marche nationale, on se comprend…
Bien sûr, il y avait aussi les autorités religieuses : le président du
Consistoire central israélite, le directeur exécutif de la Conférence des
rabbins européens, le président du CRIF, un évêque représentant de la
Conférence des évêques de France (Le Monde a cru utile de préciser : "Le pape François sera, quant à lui, absent"…) Il y avait le recteur de la mosquée de Paris. Le CFCM
et même l’UOIF ont appelé les fidèles à rejoindre
la marche. ,
Ceci-dit, contrairement aux manifs
pour tous, les journalistes se sont curieusement abstenus de faire des remarques
sur l’écrasante leucodermie de la foule (sauf à Marseille
où la commentatrice n’a pas pu s’en empêcher dans la préfecture de la 49°
Wilayas)
- Le sommet des crayons…
"La France, capitale du monde."
Le Président de la République a estimé nécessaire d’inviter à cette marche républicaine le ban et l’arrière ban de nos
voisins, amis ou non, concurrents ou commensaux. Ceux-ci, évidemment, ne
pouvaient diplomatiquement pas se défiler. On a donc eu droit, avec tout le
surcroît de dépense de protection qui va avec, à la présence, regroupés selon
leurs titres, de (reprenez
votre respiration) :
La chancelière allemande, le premier ministre britannique, le président du
conseil italien, le président du gouvernement espagnol, le président de la
Commission européenne, le président du Parlement européen, le président du
Conseil européen ; Les présidents de la Confédération Helvétique, de
Roumanie, de l'Ukraine, du Kosovo, du Mali, du Niger, du Bénin, et de
l'autorité palestinienne ; Le roi et
la reine Jordanie ; Les chefs des gouvernements danois, belge,
néerlandais, grec, portugais, tchèque, letton, bulgare, hongrois, croate, polonais,
irlandais et luxembourgeois ; Les premiers ministres danois, suédois, finlandais,
norvégien, maltais, slovaque, slovène et israélien…
Rendez-vous compte ! Le Pédalonaute a réussi à réunir à Paris un G34
et quelque chose ! Un "sommet" sur un thème faisant unanimement
consensus, un sommet qui, contrairement à la plupart des autres s’est conclu
par une avancée puisque il n’y avait
rien à décider et que tout le monde en est reparti d’accord ! Faut dire
que personne n’avait à apporter de dossier, même pas sur la lutte contre le
terrorisme dont-on-ne-dira-pas-d’où-il-sort ; il n’y avait qu’à venir communier et battre le pavé avec de
bonnes chaussures…
Et si François II Pédalonaute a réussi cette performance, c’est par la
seule grâce d’être Charlie comme les braves
gens et les cons. On en revient à mon premier paragraphe et on tourne en rond…
Tiens et pendant ce temps la Croatie élisait une présidente très à droite
RépondreSupprimerTout ce cinéma va vite retomber. Mai 68 vient de se faire assassiner par ses petits enfants, les gens ont surtout montré qu'ils n'étaient pas prêts à tout accepter. L'avenir promet d'être passionnant !
RépondreSupprimerÉtonnant, et bien de le rappeler, de voir le décalage entre l émotion populaire soulevée par les tueries Merah et celles de la semaine dernière...
RépondreSupprimerc'est tout à fait çà : je remarque que personne n'a souligné l'âge "respectable" si ce terme peut s'employer pour ce genre de personnages) des victimes et le jeune âge des perpétrateurs!
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerMerci de votre analyse toujours aussi pertinente à mon sens. Je vous envoie un lien vers un article peut être passé inaperçu du "Journal de Mayotte" ...
http://lejournaldemayotte.com/societe/dis-moi-qui-est-charlie-je-te-dirai-qui-tu-es/
Lionel
Tout à fait d'accord avec vous , le Plouc ,surtout avec le contenu du premier paragraphe, relatif à l'émotion de nos peuplades occidentales, et j'ajoute de leur pétoche de gros moutons bien nourris , bien abrutis de consumérisme , de loisirs et de spectacles de toute nature! Honte , oui, honte à ce corporatisme médiatique qui, avec un mot d'ordre imbécile,a réussi à jeter dans la rue ces millions de débiles mentaux paniqués et sans nerfs ! Quant à "Tout-mou"; rien à ajouter à votre texte : il va de soi...
RépondreSupprimerJ'étais dimanche à Marseille, je vous confirme l'absence de diversité!
RépondreSupprimerDes manifestants non divers et la police ne matraque pas?
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