C’était huit
jours après la grande marche républicaine
du dimanche précédent. Pas la même pointure mais quand-même. Pas aussi
médiatisée et on se demande bien pourquoi vu la place accordée d’habitude à ces
gens dès qu’ils sont trois pelés à brailler. Mais ça aurait fait un peu tache à
la télé, n’est-ce pas ?
Certes,
c’était organisé comme une contre manif autorisée
à celle du même jour, interdite,
organisée par un collectif regroupé autour de Riposte laïque et des
Identitaires. Mais ce n’est pas pour ça que j’ai envie d’en causer huit jours
après. C’est parce que j’ai bien aimé comparer ces deux affiches.
Sur
les deux, personne ne pleure Charlie,
on n’est pas là pour prétendre être ce qu’on n’est pas entre un hymne national dont on n’a rien à foutre
et une minute de silence. On lève le
poing et on vocifère. On est tonique et on est sûr de soi…
-
A gauche, on ne sait pas qui a édité l’affiche mais c’est sans importance (c’est une entorse à
la loi mais ce n’est pas grave, n’est-ce pas ?) Les corps sont un peu penchés en
avant ; on sent qu’ils avancent,
en rangs serrés. Ce n’est pas Star War
mais ils sont du côté de la force et c’est War
quand-même… Ils sont tous là. Le graphiste a bien fait son boulot et n’a oublié
personne : du chibani au gars à
casquette qui pourrait être chauffeur-livreur, vigile… ou grossiste dealer. Entre
les deux, on a le zyva de base, cariatide attitrée des entrées de HLM, puis la
furie crépue qui se la joue Houria et l’ensachée qui se la boucle… Vous me
direz qu’il a oublié les barbes et les chemises de nuit. Pas besoin, elles sont
derrière et ce n’est pas le moment.
Ils
sont en marche. Ce sont des battants. Des battants ? Non. Pas
besoin… Ils n’ont pas besoins de se bouger vraiment. Ils n’ont pas besoin de se
battre, il leur suffit de lever une paupière pour que l’autre rentre à la niche en crevant de trouille. Ils n’ont même pas
besoin de se baisser pour ramasser dans le caniveau ce qu’ils réclament, on le
leur tend sur un plateau, en tremblant… Ce sont des non-battants mais des
gagnants…
-
A droite c’est autre chose. C’est plus statique. On s’empile un peu comme s’ils
se croyaient encore place de la Bastille en mai 2012. Ils ont réussi à mettre
le mot impérialisme et deux poings gauches levés, on ne se refait pas… Le
graphiste n’a pas oublié les quotas ethniques et la parité. Un bon point Coco !
Tous bien propres sur eux. C’est sûrement sans faire exprès, mais la face de
craie devant fait un peu couillon de service, le jeune black a l’air paumé et l’autre
au cache-nez met une touche de couleur. Si la femme au foulard rose arrive à
donner une petite touche de féminité, le plus intéressant ce sont les deux
autres femelles : L’une domine l’ensemble et n’a pas besoin de crème
solaire. L’autre est carrément livide avec une tronche d’hystérique et… une
écharpe de marque. Sur cette affiche-là, certains ne sont que des figurants
recrutés pour les photos. D’autres sont vraiment représentatifs des militants
de l’OCML Voie Prolétarienne… Avec quelques films de retard – et quelques rêves
de violence d’avance – ils sont aussi couillons que l’établissement et l’acuraba lambda de base. Tellement couillons qu’ils
sont les premiers à servir ceux de la première affiche, les premiers à leur apporter
leurs couilles sur un plateau…
Entre un poing levé et une main tendue, je ne vois qu'une différence de style.
RépondreSupprimerAu bout à gauche de la gauche, il y a même un pépé en béret.
RépondreSupprimerC'est le chibani !
SupprimerJ'aime les affiches mythomaniaques genres No Passaran bon décryptage merci
RépondreSupprimersur l'affiche de gauche en noir et blanc , la voilée qui ne dit mot a sans doutes ses raisons
RépondreSupprimersi vous regardez bien, le pourtour de son orbite gauche est surligné ( si , si ,regardez bien ) , on a donc stylisé un cocard
pour résumer , une voilée , battue....elle a dû dire ( ou pas dire ) à son homme "ji vais ala manif"
"ta gueul'spiss di counass!"
et paf !