En
des temps reculés heureusement révolus, largement documentés jusqu’aux périodes
d’avant-hier soir (gréco-romaines puis des grandes invasions germaniques,
vikings ou asiates…), les "barbares" étaient farpaîtement identifiables ;
et identifiés…
Plus
récemment, disons hier, peut-être sous l’influence de quelque retenue
judéo-chrétienne, les "barbares" se sont mués en "barbaresques" ;
ils n’étaient donc plus à proprement parler des "barbares" mais des
individus "de forme barbare". Infréquentables et dangereux, ils présentaient
certes "toutes les caractéristiques des barbares" mais sans qu’on
puisse en tirer des conclusions hâtives quant à leur nature profonde. Après
tout, ces canards n’étaient-ils pas aussi des enfants du Bon Dieu, accessoirement
un peu plus sauvages que d’autres ?
Au
demeurant, ces "barbaresques" restaient parfaitement identifiables et
identifiés sans état d’âme ni la moindre
hésitation par nos pères. En cas de doute, les mises à sac sur nos côtes, avec pillages,
viols, enlèvement de villageois vendus comme esclaves et la piraterie en Méditerranée
furent longtemps là pour le rappeler… C’était de la "barbarie" bien
réelle dont la mise en œuvre nécessitait le recours à des "barbaresques"
tant il est vrai qu’on a rien sans rien et que, quoi qu’en pense la libre pensée, la "barbarie" n’advient
pas par l’opération du Saint-Esprit.
Et
aujourd’hui comme hier, la "Barbarie" prospère dans nos contrées
comme ailleurs. On trouve beaucoup de "barbaries" de grande qualité offertes
à la vente sur les rayonnages des magasins, et même en promo sur les têtes de
gondoles. En revanche, j’ai beau chercher, je ne trouve plus de de "barbaresques" !
L’article a curieusement disparu des présentoirs… Il est vrai qu’en cherchant
bien on peut encore en trouver, au détail et sans packaging, à condition de s’aventurer dans les arrières boutiques d’un
de ces rares bric à brac de proximité tenus par des types en blouse grise, le crayon
de bois Caran d’Ache sur l’oreille comme on n’en fait plus…
Or,
Dieu (Allah,
Yahvé, toussa…) m’est témoin : Il est des contrariétés de nature qui demeurent incontournables : Pour qu’il y ait un
veau il faut que la vache aille au taureau. Et quelles que soient les oraisons et mortifications de
Sainte Dialogue (vierge
et martyre) et de Saint
Padamalgam (évêque
in partibus infidelium),
pour qu’il y ait "barbarie" il faut qu’il y ait sinon un "barbare",
du moins un "barbaresque" ! Et à ça, même Sainte Rita de Cascia
à qui je dois mon bac n’y peut rien !
Il
est donc stupéfiant qu’aujourd’hui, en ces temps où rien n’est plus rassurant
que la traçabilité, on ne puisse plus
acheter de la barbarie, même de très grosses barbaries de qualité supérieure - du genre de celles qu’on ne se paie qu’une fois dans sa vie – où l’emballage,
la notice et la garantie vous indiquent clairement et précisément l’origine,
la composition et, surtout, le cursus diplômant
de formation des "barbaresques"
qui ont œuvré laborieusement en étant mal payés par une multinationale non
précisée afin que vous puissiez en profiter !
N’achetez
pas de la Barbarie sans indication précise sur les Barbaresques ou Barbares
producteurs. Ça cache quelque chose de suspect…
"- Les barbares ne sont pas nécessairement des gens
courageux : ce qui leur donne de l’audace est la passivité tremblante et
soumise de ceux qui sont en face d’eux. Je dirais même que la passivité
tremblante et soumise crée des vocations de barbares et constitue une
incitation à la barbarie."
(Guy
Millière - 21 avril 2009)
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