Par un
communiqué tiré sur six lignes (pas plus que pour Michel Delpech mais quand même six de plus que pour Hélie
Denoix de Saint Marc), l’Elysée "rend
hommage" comme il se doit à Boutros
Boutros-Ghali, décédé hier au Caire à 93 ans. Bon.
Fils de
grande famille, ce juriste arabe égyptien, chrétien de confession copte ("Boutros", c’est "Pierre"
en arabe), avait fait ses études à Paris puis
à Columbia et enseigné à l’université du Caire. Quatorze ans ministre des
Affaires étrangères d’Egypte sous Anouar el-Sadate et Hosni Moubarak, vice-premier
ministre sans vrai premier ministre (il ne pouvait avoir le titre, n’étant pas musulman), il était à la manœuvre lors de l’initiative de paix
de Sadate et son accord avec Begin. "Kissinger égyptien", il est bombardé
suite à cela à la tête de l’ONU et on lui reprochera son impuissance face aux
drames du Rwanda, de Bosnie, etc. Mais ce n’était que l’impuissance du machin… Comme l’écrit François d’Alançon
ce matin dans La Croix : "Ceux
qui s’attendaient au règne tranquille d’un septuagénaire en fin de carrière… ceux
qui pensaient que l’ancien bras droit de Sadate allait docilement suivre les
avis du Conseil de sécurité sont offusqués… Agacés par son indépendance, les
Américains l’empêchent d’accomplir un second mandat à l’ONU alors que quatorze
membres sur quinze du Conseil de sécurité étaient favorables à sa reconduction…"
Et on a eu droit à Kofi Annan,
fonctionnaire de la boutique…
Il sera
ensuite, par la grâce de Chirac, secrétaire général de la Francophonie. C’est
vers cette époque que j’ai eu le privilège de le croiser à Monaco et d’écouter un
moment cet homme dans une conversation à quelques-uns. L’aisance d’élocution et
la précision dans la nuance de son français en remontrerait à Senghor ou à Finkielkraut
(n’évoquons
pas le Pédalonaute) Depuis
2002, il s’était retiré de la vie publique. Ce qui ne l’a pas empêché d’exprimer
son soutien au président Al Sissi et de plaider pour une réconciliation avec…
Bachar Al Assad…
Relevé dans des
interviews :
- « Les Balkans sont une guerre de riches »
- «La parité qui existait entre les deux
superpuissances américaines et soviétiques conférait aux Nations unies un
équilibre, une certaine force. Mais aujourd'hui, les États-Unis sont persuadés
d'avoir écrasé la Russie et se comportent comme s'ils étaient seuls, ce qui, on
l'a vu au Moyen-Orient, crée des problèmes et affaiblit beaucoup l'organisation.»
- «Sissi
a sauvé l'Egypte. Si elle était devenue fondamentaliste, ce que sont à 100% les
Frères musulmans, il y aurait eu des fondamentalistes à Paris demain. L'Égypte
est en guerre. En guerre contre les Frères musulmans.»
Comme l’écrit
La Croix : « Chrétien dans
un océan d’Islam, riche dans un océan d’indigence, c’est psychologiquement un "minoritaire",
donc un observateur plus "dégagé" et peut-être plus sensible qu’un
autre face aux incohérences du nouvel ordre mondial. »
On touche là, je
crois, à notre problème : Pour rester cohérents, il faut être minoritaire.
On ne peut devenir majoritaire en restant cohérents. Mais je m’égare…
Quoi qu’il
en soit, Boutros était un grand bonhomme et méritait que j’en fasse plus de six
lignes…
RIP Boutros.
RépondreSupprimerEt merci Ploukem !
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer