"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mercredi 17 février 2016

Il était Boutros...



Par un communiqué tiré sur six lignes (pas plus que pour Michel Delpech mais quand même six de plus que pour Hélie Denoix de Saint Marc), l’Elysée "rend hommage" comme il se doit à Boutros Boutros-Ghali, décédé hier au Caire à 93 ans. Bon.

Fils de grande famille, ce juriste arabe égyptien, chrétien de confession copte ("Boutros", c’est "Pierre" en arabe), avait fait ses études à Paris puis à Columbia et enseigné à l’université du Caire. Quatorze ans ministre des Affaires étrangères d’Egypte sous Anouar el-Sadate et Hosni Moubarak, vice-premier ministre sans vrai premier ministre (il ne pouvait avoir le titre, n’étant pas musulman), il était à la manœuvre lors de l’initiative de paix de Sadate et son accord avec Begin. "Kissinger égyptien", il est bombardé suite à cela à la tête de l’ONU et on lui reprochera son impuissance face aux drames du Rwanda, de Bosnie, etc. Mais ce n’était que l’impuissance du machin… Comme l’écrit François d’Alançon ce matin dans La Croix : "Ceux qui s’attendaient au règne tranquille d’un septuagénaire en fin de carrière… ceux qui pensaient que l’ancien bras droit de Sadate allait docilement suivre les avis du Conseil de sécurité sont offusqués… Agacés par son indépendance, les Américains l’empêchent d’accomplir un second mandat à l’ONU alors que quatorze membres sur quinze du Conseil de sécurité étaient favorables à sa reconduction…" Et on a eu droit à Kofi Annan, fonctionnaire de la boutique…  
Il sera ensuite, par la grâce de Chirac, secrétaire général de la Francophonie. C’est vers cette époque que j’ai eu le privilège de le croiser à Monaco et d’écouter un moment cet homme dans une conversation à quelques-uns. L’aisance d’élocution et la précision dans la nuance de son français en remontrerait à Senghor ou à Finkielkraut (n’évoquons pas le Pédalonaute) Depuis 2002, il s’était retiré de la vie publique. Ce qui ne l’a pas empêché d’exprimer son soutien au président Al Sissi et de plaider pour une réconciliation avec… Bachar Al Assad…

Relevé dans des interviews :
- « Les Balkans sont une guerre de riches »    
- «La parité qui existait entre les deux superpuissances américaines et soviétiques conférait aux Nations unies un équilibre, une certaine force. Mais aujourd'hui, les États-Unis sont persuadés d'avoir écrasé la Russie et se comportent comme s'ils étaient seuls, ce qui, on l'a vu au Moyen-Orient, crée des problèmes et affaiblit beaucoup l'organisation
 - «Sissi a sauvé l'Egypte. Si elle était devenue fondamentaliste, ce que sont à 100% les Frères musulmans, il y aurait eu des fondamentalistes à Paris demain. L'Égypte est en guerre. En guerre contre les Frères musulmans

Comme l’écrit La Croix : « Chrétien dans un océan d’Islam, riche dans un océan d’indigence, c’est psychologiquement un "minoritaire", donc un observateur plus "dégagé" et peut-être plus sensible qu’un autre face aux incohérences du nouvel ordre mondial. »

On touche là, je crois, à notre problème : Pour rester cohérents, il faut être minoritaire. On ne peut devenir majoritaire en restant cohérents. Mais je m’égare…

Quoi qu’il en soit, Boutros était un grand bonhomme et méritait que j’en fasse plus de six lignes…

3 commentaires:

  1. RIP Boutros.

    Et merci Ploukem !

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  2. kobus van cleef18/02/2016 22:27

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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