Donc, Abdelkader Merah est
revenu en 5° semaine pour entendre le verdict de la Cour d’Assises spécialement
réunie pour lui. Il aura fallu plus qu’un quinquennat pour qu’il soit enfin
fixé sur son sort ; délai assez scandaleux au regard de ses droits pour sans doute faire froncer
les sourcils de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Mis bon.
Reconnu coupable de complicité d’association
de malfaiteurs (dans
un but terroriste, que cépabien) mais acquitté de l’inculpation de
complicité d’assassinat (faute
de… preuve), il a écopé de
vingt ans de réclusion criminelle. Bon. Compte-tenu d’une peine dite "de
sûreté" des deux tiers, il ne bénéficiera pas (semble-t-il, ne nous
avançons pas trop) de la
panoplie habituelle de remises de peine dont certaines quasi automatiques. Il
devrait donc "sortir" libre comme l’air au bout de treize ans et
quatre mois. Et comme il a très probablement déjà dû passer en détention
préventive les cinq ans et demi qu’ont duré l’enquête et l’instruction de son
cas, il devrait concrètement être libéré dans huit ans… Huit années qu’il
passera à faire du prosélytisme auprès de ses codétenus en étant nourri,
logé et soigné à nos frais, sans payer ni pension ni taxe d’habitation…
Huit années au terme desquels il n’aura alors que… 43 ans…
Sans attendre que son avocat fasse appel
pour replaider un acquittement général de son client, le ministère public a
illico fait appel à minima. Maipoukoidonc ?
D’ici un nouveau procès (disons… dans trois ans
si tout va bien), je doute
qu’on puisse trouver un élément nouveau prouvant la complicité d’assassinat après
avoir brassé les minutes de cinq années d’enquêtes… Tout au plus, l’évolution d’ici
trois ans des circonstances de l’actualité, de l’ambiance médiatique et… de la
composition du tribunal peuvent, le cas échéant, aggraver le verdict… Faire
appel ne mange pas de pain (sinon un surcroît de frais de justice) et laisse un peu de marge pour… voir
venir…
En effet, derrière cet appel du Procureur,
il n’y a qu’une seule raison, un seul souci qui taraude les tripes des autorités, même si elles ne peuvent pas le dire : Personne ne sait quoi faire de ce genre d’individus !
Car il ne s’agit pas d’un civil auteur
de crimes ; il s’agit d’un soldat.
Un soldat de l’ennemi qui ne faisait que son boulot de soldat et qui a été fait
prisonnier par faute-à-pas-de-chance suite à une embuscade…
Car guerre
il y a. L’autre Catalan l’avait bien dit, l’œil noir bonapartioïde fixant
on-ne-sait-quoi au loin et la mâchoire serrée à s’en effriter les molaires… Mais
cette guerre est un incommensurable merdier sans issu puisque l’on s’échine à
dire qu’il n’y a pas d’ennemi !
Et la guerre, mon con, c’est une situation
existentielle où l’autre veut me faire disparaître en ce que je suis. Ou je me
laisse faire et je n’existe plus, ou c’est la guerre. C’est comme ça et il me
faut faire avec, c’est-à-dire la faire. C’est lui ou moi…
Bon. Jusqu’à avant-hier soir, toussa finissait par aboutir le plus
souvent à la victoire d’un camp sur l’autre. On arrêtait de s’étriper et, que
ce soit par peur, par lassitude, par intérêt ou juste pour sauver les meubles,
on trouvait des arrangements qui réglaient,
notamment, le sort des prisonniers que chacun stockait de son côté (de façon évidemment extrajudiciaire) faute d’avoir voulu ou pu les liquider…
Seulement voilà : Chacun connaissait, ou reconnaissait, qui était son
ennemi. Il était formellement identifié et, le cas échéant, on pouvait lui
parler. Voire se mettre d’accord avec lui sur des principes ou même sur le recours à un arbitre commun…
Aujourd’hui, on se refuse à voir qui que
ce soit dans le rôle d’ennemi. La guerre est bien réelle et, dans de fugaces
instants de lucidité, "on" admet du bout des lèvres son existence.
Mais sans ennemi ! Donc a fortiori sans soldat ennemi ! Alors, quéksé que ces sortes de Martiens dont
il faut bien qu’on s’en dépatouille ?
Seule solution d’attente, en reculant pour peut-être un jour mieux sauter : comme
de méchantes personnes ayant fauté, on
les traite par la voie judiciaire d’un
Etat de Droit.
Alors quoi ? Alors le soldat de
l’ennemi terroriste pris après avoir mené sur ordre de sa hiérarchie
de sa propre initiative une offensive nous ayant occasionné de lourdes pertes
notamment civiles doit être appréhendé autant que faire se peut vivant. On lui lira ses droits. On lui fera passer une visite médicale
préalablement à une garde à vue, assisté par son avocat, en veillant scrupuleusement
à éviter les vices de forme pouvant justifier une annulation de la procédure et
une remise d’office en liberté. Puis on le déférera au parquet qui
quémandera sa mise en détention provisoire au JLD (juge des libertés et de la
détention) en attendant la
nomination d’un juge d’instruction qui se plongera dans le dossier…
On veillera alors à sa sécurité, à son
maintien en bonne santé et à son équilibre alimentaire en l’hôtel de
Fleury-Mérogis en attendant un procès dans x années peut-être, puis l’appel,
puis le recours à la Cours Européenne des Droits de l’Homme...
Ça paraît ridicule et, effectivement,
nous sommes ridicules.
Mais c’est l’occasion pour certains de se faire des droits d’auteur.
Pourvu que ça dure…
Non, mais attendez, on n'est tout de même pas aux Etat-Unis, où un président loufoque peut se permettre de souhaiter la peine de mort pour un présumé innocent ... En France, on est civilisés, et tout le monde sait qu'on (enfin, pas tous, mais au moins ceux qui décident pour les autres) préférera canner plutôt que de ne pas respecter les Droidlom et du terroriste !
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