Ce soir, ARTE inflige à
ses téléspectateurs captifs trois heures trente de film historique retraçant l’odyssée
d’Oulianov (Saint Lénine, quoi !) de Suisse à Petrograd à travers l’Allemagne
dévastée. En train. Train à vapeur d’époque, Tchouc, tchouc… Saga à la Michel Strogoff avec la faim, les
disputes, les traitres, les méchants Cosaques, etc…
Heureusement que les
journées n’ont que 24h et qu’il faut maintenir en permanence dans le Paysage
Audiovisuel Fwançais un temps d’antenne cumulé incompressible dédié au
Trump-bashing. Et aussi faire en ce moment un peu de place au lancé de truie
cochon ! Parce que sans ça, hein, de la Révolution d’octobre 1917 on en boufferait matin, midi et soir !
Vous me direz que, le
temps quotidien d’antenne hors pub et météo étant limité (c’est contrariant, ou
je sais), avec
cette poussée de la mode pour l’aube
rouge à l’est et la nostalgie bolchévique, on est moins saoulé que ces
derniers mois par des émissions quasi quotidiennes sur l’Allemagne hitlérienne.
Ça nous change un peu mais ça ne nous fait pas pour autant des vacances…
Pourquoi je vous cause
de ça ?
Parce qu’il y a
manifestement une différence profonde entre la façon dont ce centenaire est
abordé chez nous et chez les Russes qui sont, que je sache, de loin les plus
concernées par cette histoire ; leur Histoire.
Chez nous, c’est une
occasion que n’allaient pas rater nos médias pour frétiller, pour s’esbaudir,
pour en rajouter… Et, disons-le, pour meubler
faute de pouvoir ou vouloir parler de ce qui fâche ; pour s’occuper. Mais on remarquera quand-même
que les experts si prompts à bavasser
ne se bousculent pas au portillon : Traiter doctement du nazisme est une
chose ; mais là, documentaires bienveillants et films-fictions historiques
façon épopées suffisent… Restons convenables…
Chez les Russes, en
revanche, rien qui ressemble à notre bicentenaire de la Révolution le 14
juillet 1989 ! Avant-hier 7 novembre, 100° anniversaire de leur Révolution
bolchévique (25
octobre en 1917, encore sous calendrier julien) ce fut vraiment le service minimum à
Moscou : Sur la Place Rouge, au lieu de la formidable parade militaire d'antan,
on a eu droit à une reconstitution historique suscitant le recueillement :
Des soldats revêtus d’uniformes de… 1941 ont refait symboliquement le défilé de
départ au front de la bataille de Moscou, lorsqu’il a fallu, avec des pertes
considérables, aller stopper l’avancée des forces nazies alors aux portes de la
ville… Non pas une référence aux soviets, mais à la Grande guerre patriotique… Le président n’est même pas apparu sur
la Place Rouge et le 7 novembre est maintenant là-bas un jour ouvré comme un
autre…
Imaginez le 14 juillet jour
ouvré chez nous ! Ce serait une catastrophe, un recul, un abandon. Oui, un
abandon dramatique. Pourquoi ? Parce qu’en Fwance, on a effacé tout ce qui
fait une Nation et on n’a plus que ce principe fantasmé de la République
symbolisée par une Marianne de plâtre dans ses mairies et ses palais et par des
institutions qui ne tiennent encore debout qu’avec des hochets comme la parité
et les quotas… Même si cette République n’est plus qu’un cadavre pourrissant
par la tête, encore masqué par un hologramme tant qu’on ne coupe pas l’électricité,
ça reste encore pour le plus grand nombre le dernier totem auquel se raccrocher…
Les Russes, eux,
peuvent se permettre de mettre à la benne leur Révolution avec ses 70 ans de
malheur indicible et de sang. Ils le peuvent et continuer à aller de l’avant.
Ils le peuvent car eux n’ont rien effacé de ce qui fait leur être : leur capacité
de résilience, leur âme slave, la famille, leurs nationalités et
l’Eglise orthodoxe…
Aux boursouflures grandiloquentes
de Victor Hugo, je préfère quand-même la prose de Fiodor Dostoïevski…
Vous êtes injuste avec le père Hugo.
RépondreSupprimer"L'homme qui rit" est un roman baroque magistral...
Cela dit Donald Trump a le mérite pour la bien-pensance culturo-audiovisuelle d'être le candidat idéal: Détesté,bien sûr,mais toujours susceptible,s'il y met de la bonne volonté,d'avoir lui aussi son hastag "Balance ton porc!"
Cette programmation d'ARTE sur le petit voyage de Lénine,avec tapi rouge déroulé sous ses pieds par les teutons, pour aller faire sa petite "Révolution" au pays,est assez écoeurante.
Toujours cette hypermnésie sur les crimes du nazisme et,à l'opposé,une relative amnésie ou un désintérêt pour ceux du communisme.
Toujours les mêmes ornières mentales aussi,parce qu'il ne faut tout de même pas désespérer Billancourt...
Thierry Wolton,qui vient de signer une somme implacable sur les bourreaux du Communisme et leurs complices,s'était vu demandé,par un journaliste,s'il ne craignait pas de désespérer ceux qui y avaient cru,comme s'il faisait là une mauvaise action.
C'est toujours la même guimauve morale du politiquement correct,qui vous accusait déjà naguère,de "faire le jeu de",si vous dénonciez les crimes de l'idéologie communiste,et qui vous accusera aujourd'hui,avec les mêmes mécanismes mentaux de déni,dans le cas du fanatisme mahométan...
Vendémiaire.
Oui, je pense que les russes ont assez bouffé de communisme pendant plus de sept décennies pour ne pas avoir envie d'en re-bouffer le soir à la veillée !
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