"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

dimanche 17 octobre 2010

Pyongyang sur Saône…

Dimanche bien calme et gris entre Saône et Rhône. Contraste apaisant après l’habituel grouillement du samedi après-midi où les traîne-savates en capuches envahissent de leurs noirs essaims les espaces piétonniers de l’hyper centre. Repos dominical du guerrier, donc, pour le fonctionnaire trentedeuxheurisé comme pour le mercenaire de la mondialisation (pour la mère de famille, je ne sais pas)

L’occasion de refaire le monde autour d’un verre. Ou de parler d’autre chose. Ouais, à condition de s’entendre… parler. Fond sonore permanent venant du dehors. Je lève les yeux sur la place quasi déserte. Je la vois traversée par quelques quidams emmitouflés que tentent de retenir une douzaine de braves associatifs en tee-shirts rouges enfilés sur leurs doudounes… Figurez-vous que c’est aujourd’hui la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté (l’occasion de se rappeler que demain c’est la Journée nationale de l’épilepsie, on n’est pas rendu…) Bref, des gens bien gentils qui ne font pas de bruit. Le bruit, il nous est aimablement dispensé par une sono tout aussi aimablement mise en place par la municipalité. On aurait pu espérer de la musique, même de la techno ou du rap comme il est désormais fréquent en ce lieu. Non. Rien que des discours... Et quand je dis discours, je suis d’une indulgence dont même mon indécrottable charité chrétienne se surprend. Une succession de guignols du genre à n’avoir jamais tenu un micro (sauf peut-être pour brailler des slogans dans une manif) se succèdent pour postillonner dans la membrane. Et ça depuis déjà plus cinq heures de temps. Et pour servir quelle jactance aux passants et riverains, je vous le demande ? Apparemment des revendications et des déplorations entrelardées de témoignages poignants à faire pleurer Margot sur la misère au Botswana et dans les quartiers, au Kamtchatka et dans les centres de rétention ; mais probablement pas sur la misère en Lozère ou dans le Finistère*… Je dis apparemment parce qu’on entrave que pouic… Mais bref, on s’entend pas.

Je repense aux trottoirs d’Hanoi où les haut-parleurs vous saoulaient de slogans et discours du matin au soir et du soir au matin. A Pyongyang, ce doit être pareil. Lyon au nord du 38° parallèle…

Non, ce n’est pas tout à fait pareil.
Là bas, on vous serine de phrases à la gloire du pays, de son régime, de ses réalisations. Bonnes ou mauvaises, on essaie de vous donner des raisons d’être fiers de ce que vous êtes…
En corollaire, les gens passent, indifférents, occupés qu’ils sont à trouver quelque chose à se mettre dans le ventre…
Ici, on vous serine des raisons de vous en vouloir à vous-même, d’être honteux du système qui vous fait vivre et on vous demande de passer à la caisse…
En corollaire, les gens qui passent ralentissent souvent pour écouter, puis s’éclipsent. Mais en baissant les yeux…

[*Addendum tardif : Bon, il arrive qu'on orthographie "Finisterre" en plouclangue spontanée...]

6 commentaires:

  1. Billet excellent. Et assez terrifiant, au fond.

    (Sinon : Finistère...)

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  2. Journée de l'épilepsie ?! J'en crise déjà.
    (Sinon FINISTERE !)

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  3. Hanoï et sa rue affairée, une vraie ruche bourdonnante, Hanoï et ses trottoirs propres au petit matin après que les femmes sont passées, Hanoï et ses bonzes communistes corrompus qui ne promettent rien d'autre que l'Enrichissez vous, si vous pouvez

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  4. j 'espère quand même que c 'est une journée CONTRE l 'épilepsie... sinon c'est vraiment pas sympa!
    ps: depuis que vous avez modifié votre Finistère, les commentaires précédents ont l 'air étranges...

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  5. @ Dixdiag – 1° Le titre officiel est "Journée nationale de l’épilepsie" Allez savoir… (vendredi 29, c’est la mondiale du psoriasis, n’oubliez pas…)
    2° Non seulement ma crainte révérencielle de l’écrivain en bâtiment et de l’incorruptible coupeur de têtes me pousse à corriger illico mes impardonnables fautes, mais ça me donne une double satisfaction :
    a) celle de faire passer leurs commentaire pour abscons, ou alors
    b) donner à ma boutique un petit air de complicité réservée aux initiés pour ceux qui "ne font que passer sans savoir" ^^

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  6. "Figurez-vous que c’est aujourd’hui la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté"
    et aussi pour l'élimination de la faim dans le monde, j'espère!
    Il parait que tapie voulait rendre le chômage hors-la-loi. Pourquoi ne l'a-t-on pas laissé faire, ce brave homme?

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