Comme un choc de simplification…

Oui, quelques fois, ça fait quand-même un choc…

Je me souviens vaguement du jour où le Pédalonaute semoulier nous a causé de ce new deal inédit : Le choc de simplification ! Un truc auquel personne n’avait eu le courage de penser avant lui et  qui allait suffire pour booster la trajectoire de compétitivité. Un choc nécessaire, indispensable, toussa,  certes, mais surtout, surtout, un choc suffisant dans les domaines qui fâchent. Car chaque fois que l’on mettra en place une simplification administrative, on pourra dire que l’on a fait une réforme de structure. Et on y travaille. Par exemple, proroger de dix à quinze ans la durée de validité de la Carte Nationale d’Identité (non obligatoire, gratuite et restant preuve d’identité quand elle est périmée) est à l’évidence une réforme de structure, une courageuse réforme de l’administration préfectorale et des services de l’Etat Civil. Voilà le genre de réforme qui ne mange pas de pain et dont l’annonce à grand renfort de trompettes permet de reporter encore de quelques jours la révision des politiques publiques et des effectifs qui vont avec… Et d’ici-là, on trouvera encore une autre simplification à annoncer pour tenir jusqu’à la rentrée 2014…

J’avais déjà plus ou moins consciemment compris ça lorsqu’il a sorti la simplification de sa caisse à outils…

- Mais je n’avais pas imaginé que la recherche systématique des gisements de simplifications s’appliquera aussi à la simplification du raisonnement, à la simplification de la pensée…

Et ça m’a fait un choc ce matin :

Invité hier par une centaine de journalistes accrédités à venir bavasser autour de la terrine de canard et du  poulet aux petits pois, Moi-président s’est vu carrément demander par un journaliste (étranger, forcément étranger, et même Allemand)  "s’il croyait vraiment à ce qu’il racontait". Je passe sur sa réponse en magnifique contreplaqué. En revanche, comme l’origine de la question était évidemment toute entière dans son fameux "la reprise est là", il a éprouvé le besoin d’embrayer sur le thème en disant "- En tout état de cause, nous sommes sortis de la crise de la zone euro"…

Et comme son interlocuteur, mâchoire sans doute pendante, semblait en attendre un peu plus, il a ajouté :

"- C’était l’été dernier et on sait qu’il ne se passera rien de grave cet été"…     

- Et j’ai aussi découvert ce matin les additions de simplification :

Le Comité interministériel pour la modernisation de l’action publique que nous connaissons bien a décidé avant-hier de créer un Commissariat général à l’égalité des territoires.

Ah ! L’égalité des territoires ! L’égalité du fond du Val Montjoie cher à Christophe Barbier et des hauteurs du Lubéron chères à Jack Lang et au Divin Marquis ! L’égalité de la dalle d’Argenteuil et des Quinconces à Bordeaux ! De la plage de Palavas et des châteaux de la Loire ! De… de…

Bon. Cépatou. Le Commissariat général à l’égalité des territoires, donc, regroupera (je n’ai pas dit fusionnera, faut pas déconner quand-même) la Datar que nous connaissons bien, le secrétariat général du Comité interministériel des villes dont vous n’ignorez rien et l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances dont vous bénissez chaque jour l’efficacité citoyenne…

Ce commissariat relèvera du Premier ministre, sera à la disposition de la ministre de l'Égalité des territoires et du Logement et du ministre délégué chargé de la Ville. Il sera dirigé par un commissaire délégué.

Cébien ; en effet :

« Cette nouvelle organisation permettra de promouvoir une approche transversale et sera un instrument de justice territoriale et de lutte contre les inégalités spatiales » et, surtout,  elle apportera « une réponse républicaine », afin « de réparer les territoires meurtris ».

Rassurez-vous. J’ai très bien supporté le choc ; pour l’instant...