"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

jeudi 12 décembre 2013

Cachez ce sang que je ne saurais voir !



Ce sang, ces tripes ouvertes, ces corps lynchés, torturés à mort et gisant désarticulés qui étaient ceux de personnes. De ci-devant vivants qui devraient l’être encore, sous le manteau protecteur grand ouvert de droidlhom™ qu’ils n’ont pas eu la chance de connaître et que le monde nous envie…

Tout organisme vaguement administratif exerçant plus ou moins un rôle de magistrature cherche à étendre ses prérogatives. C’est la loi du genre. Et ça vaut bien entendu pour le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. S’arroger peu ou prou le rôle inexistant (et c’est heureux) d’un hypothétique Conseil de l’Ordre des Journalistes est une chose qui le chatouille. Etendre ses prérogatives en matière de censure est aussi une tentation naturelle. Et d’autant plus tentante qu’une censure orientée conforme aux penchants de l’exécutif actuel n’est plus une censure (vilain mot) mais le seul souci légitime de protéger l’acuraba du doute, chose néfaste pour la religion d’Etat que nul n’oserait contester (droidlhom™, vivrensemble™, toussa)

Prenant le prétexte d’avoir été choqué en février dernier par quelques images "peu soutenables" diffusées par France 2 (intervention française au Mali) le CSA vient d’adopter une nouvelle recommandation sur le traitement des conflits.
Cette recommandation adressée à toutes les chaînes concerne le "traitement des conflits internationaux, des guerres civiles et des actes terroristes". Elle invite les médias au "respect de la dignité de la personne humaine en s’abstenant de présenter de manière manifestement complaisante la violence ou la souffrance humaine lorsque sont diffusées des images de personnes tuées ou blessées et des réactions de leurs proches".

En dentelle, ah que la guerre est jolie…

Il recommande également de respecter "l’ordre public et l’honnêteté de l’information" tout en traitant "avec la pondération et la rigueur indispensables les conflits internationaux susceptibles d’alimenter des tensions et des antagonismes au sein de la population".

Si le souhait d’éviter aux regards puérils et innocents des traumatismes inutiles et des prises de conscience prématurées est légitime, cette recommandation me semble tomber, comme par hasard, à point nommé. Dans cet ukase dédié au respect de la dignité des victimes, de la souffrance des proches, etc. vous m’expliquerez ce que vient faire "l’ordre public" et le traitement des infos afin de ne pas "alimenter des tensions et des antagonismes au sein de la population". Même si on a compris, vous et moi…

Bref, il ne faudrait pas que l’acuraba moyen au ventre plein qui n’a jamais connu la guerre chez lui, bordé bien au chaud entre dame Sécu et le principe de précaution, puisse être perturbé par le réel. Des fois qu’il s’imagine avec des ennemis ! (hormis les gngnphobes, évidemment…)    

Ça me refait penser, moi qui radote, à un passage de ce que j’écrivais en 2010 après une conversation avec mon Martien :

"S’agissant de la guerre psychologique, pour ne pas inquiéter les siens l’Empire du Bien évite de diffuser les violentes harangues quotidiennes et bestiales d’appel au meurtre éructées par les leaders les plus violents de l’ennemi. En revanche, il offre avec gourmandise une tribune aux porte-parole de l’ennemi dès lors qu’ils paraissent présentables et rassurants. Parallèlement, l’Empire du Bien s’emploie activement à poursuivre et condamner ceux des siens qui critiquent ouvertement l’ennemi…"


2 commentaires:

  1. A partir du moment où on nous prêche les bienfaits de certaines guerres, il ne faut évidemment pas que le public puisse visualiser le résultat certain de toute guerre : des morts.

    RépondreSupprimer
  2. je ne crois pas que ce soit la vue des morts qui les choque. En France une grosse paire de nichons et un braquemart d'âne sont plus censurés qu'une scène de torture ou d'assassinat. Ce qui les choque c'est qu'on puisse en tirer des conclusions sur "qui tue qui".
    Ce que résume notre Plouc en "il ne faudrait pas que l’acuraba moyen [...] puisse être perturbé par le réel."

    RépondreSupprimer