Je ne sais plus pourquoi, mais je me souviens que quand nous recevions
trois couples à dîner (c’était dans
une autre vie), avec huit convives j’avais
toujours un problème avec le "plan de table"… Au fond, la solution
aurait été de virer le mec le moins marrant – donc probablement le plus
réaliste.
Suite au premier "choc pétrolier", l’année 74 du précédent siècle
vit apparaître un groupe de discussion et de partenariat économique, juridiquement
informel et non contraignant, réunissant USA, Japon, RFA, , France et GB. On
appela ça le G5. Il devint G6 en 75 en invitant l’Italie au club, puis G7 en 76
en ajoutant le Canada… Ce n’est que vingt ans plus tard, après les diverses
péripéties que l’on sait que la Russie intégra officiellement le club dès lors
renommé G8…
Eh bien, après seize réunions annuelles ayant eu, notamment, à se pencher
sur les suites du 11 septembre et la crise financière de 2008, voilà-t-y pas qu’en
2014 la Reichkanzlerin Angela fit son caca nerveux et ne voulut plus voir la
Russie autour de la table. Toussa
pour une bête histoire d’Ukraine et de Crimée, je crois… Sautant sur la bonne occase,
Obama suggéra qu’on boude l’invitation des Russes chez qui devait avoir lieu la
prochaine et imminente rencontre programmée pour laquelle ils avaient déjà mis
le couvert à Sotchi. Comme gifle, on ne pouvait pas faire mieux… A la place et
à la date prévue, on se réunit à sept, entre soi ; et où, je vous le
demande ? A Bruxelles ! C’est-à-dire ni chez l’un ni chez l’autre
mais chez tous et personne à la fois, le truc à faire plaisir aux Européens… On
notera que, pour l’occasion, le petit non-pays accueillant la sauterie a été
autorisé à rétablir pour quelques jours le contrôle aux frontières interdit par
l’accord de Schengen. Tout un symbole…
Bref, c’est ce week-end qu’a lieu la réunion suivante de ce G7 dépollué après éviction de l’Ours. Tout
le monde est content… Tous les sujets brûlants du moment pourront être abordés
entre gens de bonne compagnie : L’Etat islamique, l’Irak, la Syrie, l’Ukraine,
les taux, le prix du pétrole, etc. sans être embêtés par les commentaires hors
sujet de l’Ours. Sûr qu’on laissera aussi Hollande tenir le crachoir sur le
climat dont tout le monde se fout ; ça lui fait plaisir et, en meublant
les comptes rendus, ça laissera un peu sous le tapis tout ce qui n’avancera pas
d’un poil en l’absence des poils de l’ours.
L’important, c’est de faire apparaître sur le papier l’isolement du plantigrade en question…
Le fait que de plus en plus de dirigeants de pays de l’U.E. fassent la
queue pour être reçus à Moscou (Grèce, Slovaquie, Hongrie, Chypres,…) est sans
importance. Et si Poutine sera à Rome la semaine prochaine, il ne se limitera
sans doute pas à une audience chez le Pape…
Non. Le plus important se situe plutôt du côté de l’intensification
manifeste de la coopération engagée dans de nombreux domaines entre la Russie
et la Chine. Que ce soit de façon bilatérale ou au sein de l’Organisation de
coopération de Shanghai où l’Inde, l’Iran et le Pakistan sont observateurs et
la Turquie partenaire…
D’autre part, la Russie a manifestement pris le leadership d’une véritable
institutionnalisation des BRICS dont elle présidera le prochain (premier vrai ?) sommet qui aura lieu ce mois-ci à Moscou. Là, le
Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du sud auront un ordre du jour chargé. Ils auront au
programme des choix à faire et des décisions concrètes à prendre sur des
projets probablement déjà très travaillés :
- la création d’une banque de développement commune aux cinq pays pour le
financement de projets d'infrastructure intéressant plusieurs d’entre eux.
- la création d’un pool de réserves monétaires, d’institutions financières et
une agence de notation qui leur seront propre.
- la création d’une banque commune de réserves de combustibles et d’un
organisme commun de politique énergétique…
- il y aura évidemment aussi sur la table divers projets de coopération
dans les domaines de l’industrie, de la recherche et des hautes technologies…
Bref. Les BRICS ont l’intention de compter
sur la scène internationale. Certes, nul ne sait ce qu’il en sortira mais ce
qui est sûr, c’est que les USA ont atteint leur objectif à court terme. Bien
sûr, ils savent bien que leur hégémonie n’aura qu’un temps et ils ne savent pas
encore s’ils auront à faire avec un monde en deux blocs (eux et la Chine) où à un multilatéralisme (moins confortable…) Mais en
attendant, ils ont réussi à détacher l’Europe de la Russie pour se la garder
comme larbin et clientèle contrainte.
Vu la façon dont évolue l’Europe, on se demande bien à quoi ça va leur
servir…
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