Savez
pas ce que c’est que le Vivrensemblien ?
Non ? C’est pas grave ! Le Vivrensemblien est (semble-t-il, restons
prudent) une des strates les plus fraîches de la période du Cénozoïque récemment
authentifiée par l’Union Internationale des Sciences Géologiques. Bref, le Vivrensemblien descend du
Précambrien, que dis-je, du Paléoarchéen, comme l’homme descend de deux
belles-mères, chose bien connue et depuis longtemps documentée…
Le
Vivrensemblien, donc. Strate fort mince au regard de la nuit des temps
géologiques, fort mince et qui le restera. Frémissement discret de la pellicule
superficielle non-enracinée des
dernières couches en date de l’ère quaternaire, comment se fait-il que les
géologues les plus affûtés ont pu la distinguer à l’œil nu ?
D’abord
parce que le Vivrensemblien ne relève pas de la géologie mais – n’ayons pas
peur des mots - de la psychiatrie en
général et de la sociolalie en particulier. Les géologues ne sont donc pas compétents, doivent se mêler de ce qui
les regarde (tout dirigeant démocrate, social et républicain vous le dira) et c’est
à raison que le Vivrensemblien n’est pas dans le dictionnaire.
En
demeurant, aussi fugace sera-t-il peut-être, le Vivrensemblien est une période
historique qui peut s’observer. Et être observé par n’importe qui, le géologue
pouvant dans le cas d’espèce être avantageusement remplacé par le premier
abonné au gaz venu pour peu que la grâce divine lui ait épargné certaines
pathologies…
L’acuraba
lambda est donc en mesure de repérer le Vivrensemblien. Et c’est facile. Il
suffit pour cela d’un seul discriminant qui ne trompe pas, un marqueur qui
permet d’identifier à coup sûr le Vivrensemblien qui se sédimente de la manière
la plus parfaite dans ce que certains appellent, dit-on, l’ère pédalonautique.
Ce
marqueur, c’est le recours systématique à une grille de lecture d’un
manichéisme absolu et sans exception chaque fois qu’un emmerdement se présente
ou, tout simplement, qu’on est confronté au réel : On est loin des
soixante nuances de gris, il faut qu’il
n’y ait que du blanc versus du noir. Du
blanc et du noir… Sinon, sans l’inquiétante
noirceur d’un coin du décor, comment le blanc pourrait-il rester
confortablement blanc-blanc ? On pourrait alors se poser des questions qu’y-faut-pas…
Comment faire ses fins de mois sans pouvoir stigmatiser
du noir ? Le Vivrensemblien n’existe donc qu’en n’ayant de cesse de
trouver à noircir du gris Trianon et à blanchir du gris perle… ou à noircir du
gris souris et à blanchir de l’anthracite, peu importe.
On
a vu ça avec la Manif pour tous versus
les sauvageons du Trocadéro.
On
a vu ça avec l’affaire Clément Meric, l’Action antifasciste versus
JNR-Troisième voie.
On
voit ça tous les jours, "débordements de banlieue" versus Soupe au cochon, etc.
Avant-hier,
on a eu un petit bijou : La corporation des taxis versus UBER-POP…
Je
ne m’étends pas. Suffit d’aller chez Corto
les suites données à ces "débordements"…
E
plus tout est gris, plus il est
difficile de décréter du haut du magistère qui est noir et qui est blanc, plus
c’est la panique !
Monté
sur ses ergots, le guignol placé on-ne-sait-pourquoi (si), au sommet de la heurte* du système Vivrensemblien
trépigne, chausse ses bottes de lider
maximó et proclame n’importe quoi !
Il
paraît que c’est normal.
* "Heurte" :
n.f. "Masse pyramidale de matières,
souvent considérable, qui se forme au droit des chutes dans les fosses
septiques" (Littré)
J’éprouve une tendresse particulière pour ces vieux mots français qui, après bons et loyaux services, tel l’allumeur de réverbère ou le poinçonneur des Lilas, ont perdu leur emploi par la férocité du progrès technique…
J’éprouve une tendresse particulière pour ces vieux mots français qui, après bons et loyaux services, tel l’allumeur de réverbère ou le poinçonneur des Lilas, ont perdu leur emploi par la férocité du progrès technique…
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