Dimanche, ce sera le 21
juin, c’est-à-dire le solstice de l’été boréal ; le jour le plus long de l’année
– ou la nuit la plus courte si vous préférez. Z’aurez donc droit à la "Fête de la Musique" (à l’injonction "Faite de la Mouzik")
Cette "tradition" typiquement mitterrandienne a été instituée en juin
1982 par l’inévitable Jack Lang, alors déjà ridé sans être encore une ébauche
de brouillon d’écorché de Zadkine. Depuis lors, la chose s’est diffusée dans
plus de cent pays tant la Fwance post-1981 a apporté de lumière au monde.
Ce sera l’occasion d’entendre
les meilleures comme les pires accords que oncques ouï l’homme depuis les trompettes
de Jéricho, notamment sous mes fenêtres.
La bête enfle d’année
en année avec, il est vrai, le soutien indéfectible de la puissance publique. Le
Sinistrère de la Kultur, notamment,
sponsorise l’évènement et n’hésite pas à mettre les potes comme Ibrahim Maalouf
en tête de gondole. Bien entendu, les collectivités locales jusqu’aux plus
micro-rurales ne veulent pas être en reste et la machine subventionnaire marche
à plein régime. Quant à la Hellfest, futée,
en prenant le train à la même date, elle s’institutionnalise, profite des sous
publics et place sous la protection des forces de l’ordre la commercialisation
de ses produits dérivés. Mais je m’égare…
Le 21 juin, rappelons-le,
n’est pas seulement le jour de la
Fête de la musique. C’est aussi la Saint-Jean. Attention ! Pas la fête du "disciple que Jésus aimait", celui
du "fils, voici ta mère" de
l’Evangile. Non. C’est la fête du Baptiste, de mon saint-patron, de celui "qui est la voix de celui qui crie dans le
désert" et qu’on a tué pour satisfaire un caprice d’une Trierweiler de
l’époque... Donc c’est aussi le jour des Feux de la Saint-Jean.
Jour spécial fêté par les hommes depuis des millénaires, le solstice d’été fut
astucieusement recyclé par le christianisme dans les Feux de la Saint-Jean. Il
était donc temps de changer ça, le bougisme étant de nos jours le seul avenir
dont le futur a droit. A cet égard, Jack, marquis de Gordes et autre Marrakech,
s’est montré plus futé que les épiciers de la grande distribution qui n’ont
guère réussi à imposer Halloween à la place de la Toussaint. Mais je m’égare
encore…
Les Feux de la Saint-Jean reprenaient les traditions précédentes et
immémoriales qui faisaient de ce solstice une fête de la jeunesse avec jeux,
rites de passages, élection d’un roi et d’une reine de la Jeunesse pour la
nouvelle année… Cette fête, à l’apogée de l’Été, était fortement marquée par la
musique. Elle commençait le matin avec la messe de la Saint-Jean au cours de
laquelle on chantait et jouait l’Hymne à Saint Jean-Baptiste et elle se terminait
par un bal nocturne. Dans les villes les brasiers étaient allumés par les notables.
A Paris, le roi en personne avait la charge d’allumer le feu de la Saint Jean
sur la Place de Grève. Dans les campagnes, les grands feux rassemblaient tout
le village qui dansait et chantait autour de lui au son de musiques
traditionnelles. Les amoureux sautaient par-dessus les flammes afin de garder
intacte la flamme de leur amour. Culte du feu qui semble être la plus ancienne
forme de pratique religieuse solaire. Dans les villages, la veille ou le jour même,
tous les gens de la commune apportaient le soir des fagots et des branches
mortes que l’on empilait dans la gaieté générale. Une fois le feu éteint,
chacun rentrait chez soi avec un tison. Enfermé dans une armoire ou placé près
du lit des parents, conservé jusqu’à la Saint-Jean prochaine, il devait
préserver la maison de l’incendie, de la foudre et de certaines maladies. On
pouvait aussi en placer un morceau dans son champ pour protéger ses
récoltes de la grêle, parfois aussi (disait-on) des chenilles et des limaces…
Las ! Déjà au début du XXème, le poète breton Charles Le Goffic notait
qu’il n’y avait plus guère de feux de la Saint-Jean qu’en Bretagne, en Vendée
et en Alsace. (J’ajoute que
c’était aussi une belle tradition en Provence et dans les villages du haut-pays
niçois)
Aujourd’hui, en Fwance, on ne festoie plus autour de beaux brasiers et le principe de précaution en vigueur là où
prévalent les incendies de forêt n’en est pas la cause première. Heureusement,
nous avons la chance de pouvoir vaquer dans les rues au gré de nos envies
spontanées pour nous trémousser d’extase au son du métal, les yeux fermés et bousculé par celui qui vous fait les
poches. Et même, si ça vous tente, vous pourrez avec l’aval condescendant de la
foule assommée de vivrensemble™ masturber votre violon ou votre casserole avec
une cuillère en bois, perché sur un abribus, en espérant être remarqué par un
producteur de tubes…
L’an prochain, chacun aura son casque d’écoute sur les oreilles. Ce sera
encore plus communautaire…
Oui, oui ! Je vous assure. Ce sera bon…
Cette fête, c'est l'engeance absolue.
RépondreSupprimerJe n'aurai que 2 mots :
RépondreSupprimerOh Yeah !
Et bonne fête (du Plouc pas de la musique !)
Droopyx
Le hellfest, c'est 8 millions de budget avec 80 000 euros de subventions... autant dire rien par rapport aux retombées économiques pour la ville de Clisson et des alentours.
RépondreSupprimerIl existe aussi dans l'ouest de la France un holyfest à Arradon mais bon, il n'y a personne... 1200 spectateurs pour l'édition 2013.
Je crois que les supermarchés, les campings, les bistrotiers, les hôteliers de Clisson n'échangeraient pour rien au monde le hellfest contre le holyfest. Même si ça leur a couté 80 000 euros d'impôts.
Merci pour le Benê...
SupprimerVu l'état des finance de l'Etat et des collectivités, 80 000 € c'était trop : Chaque festivalier aurait accepté de payer 0,55 centimes d'euro de plus sans dommages pour Clisson. Les 3 pelés (galeux?) d'Holyfest aussi d'ailleurs.
Merci d'être passé...
Si on prend la cathédrale de Tulle chère à notre président, c'est 3.8 millions qui ont été débloqués par le gouvernement pour faire plaisir aux anciens électeurs du grand timonier de ce pays.
SupprimerOn peut donc arrêter de subventionner les arts (un monument comme une cathédrale en fait aussi parti) mais je sens que quelques dents grinceraient si certains bâtiments tombaient en ruine.
On peut dire aussi que tout touriste qui visite une cathédrale doit payer. on applique le principe, du consommateur/payeur.
Accessoirement, je vous apprends que si un festivalier consomme une bière à 5 euros, sachant que dessus il paie 2 euros de taxe... vous constaterez rapidement qu'après 3 jours, 100 000 personnes remboursent peut être 500 fois le montant des subventions. Si vous ajoutez la TVA sur les campings, les taxes de séjour hôtelières versées à Clisson, votre argument en carton, ne tient pas... cherchez autre chose, mon ami.
SupprimerOuais. Vous faites bien partie de tous ces braves gens qui confondent tout. Il y a le "patrimoine", qu’il soit dans les musées ou "biens nationaux", architecturaux par exemple. A l’autre bout du spectre, il y a le "spectacle vivant", les "performances", les entreprises "culturelles" commerciales, etc. Tout aussi respectables que le cirque Pinder. A eux de faire leur preuve avec un public, le seul public. Artistes ou saltimbanques, certains prouveront peut-être un jour qu’ils seront devenus des monuments de notre patrimoine culturel commun… Il sera temps alors de les momifier dans le "patrimoine" au côté des cathédrales vides. Perso, pour que les choses soient claires, je milite pour la suppression pure et simple du Ministère de la Culture et son remplacement par un ministère délégué à la conservation du Patrimoine. Point barre.
SupprimerMais je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça. Bonjour chez vous et restons-en là.
Re pour le "vrai plouc" : Raison de plus ! Quand on part sur 185 € le billet pour les trois jours plus la bouffe, la bibine et la nuit, on ne regarde pas à payer 186 € ! La vente de 150 000 places étant bookée, encaissée en trésorerie dès janvier, les organisateurs n’ont rien à foutre de ces 80.000 € ! Où qu’ils passent ailleurs, dans l’aide sociale, la dette ou les taxis des ministres, Clisson, ses loueurs, ses limonadiers, etc. et Bercy ne l’oublions pas, feraient leur beurre pareil. Je suis plouc et le revendique. Vous, vous raisonnez comme un commis d’épicerie. Restons-en là.
Supprimer