Chez le Plouc-émissaire

Moments d'humeur en pataugeant au bac à sable des morts-vivants...

"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

jeudi 25 juin 2015

Guider le peuple à travers les âges…

1852…

2002…

2012…

2015…

2 ???...

Publié par Baguineau-Reseda

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Libellés : carte postale, divagations estivales, rétrécissement des horizons

2 commentaires:

Corto le Vrai25/06/2015 22:54
Excellent , sentirais-tu le vent de lé révolte à venir ? :)
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Barbara29/06/2015 21:02
Magnifique !
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D'où sort ce pseudo ? Je l'avais utilisé pour réagir à la connerie d’un opposant sur le site d’un garçon plutôt bien candidat aux législatives de 2002 (sans succès puisque plutôt bien…) Pourquoi celui-là ? Sans doute venais-je de lire René Girard traitant de la notion du bouc émissaire. Bref, c'était avant que Philippe Muray en cause. Pour plus d'infos, le Plouc-émissaire se raconte en bas de page.

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La citation du jour...

« La plus grande faute du monde moderne n'est pas d'avoir incendié les châteaux, mais d'avoir rasé les chaumières. Ce qu'on voit s'effacer, au fil du XIXe siècle, c'est la dignité des humbles. » - Nicola Gómez Dávila

La citation pour ce siècle :

"Les sociétés agonisantes luttent contre l’histoire en émettant des lois, comme les naufragés contre les eaux en poussant des cris. Brefs remous."

(Nicolás Gómez Dávila)

La citation éternellement récurrente :

"Dieu se rit des créatures qui déplorent les effets dont elles continuent à chérir les causes."

( Bossuet )

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Considérations sur la notion de plouc-émissaire :

Imaginez un plouc ordinaire, un vrai plouc de base… C’est à dire un plouc "entrée de gamme" n’étant doté d’aucune de ces options que propose la modernité du temps, qu’elles soient de série ou avec supplément (options livrées d’origine ou montées après coup…) A savoir, (options listées ici en vrac et en désordre) être : – femme – noir (pardon, black) – arabe ou assimilé – métis – issu d’autres "minorités visibles" – handicapé – homo – bi ou transsexuel – shooté à l’une ou l’autre des substances non encore dépénalisées – SDF– RMIste – chômeur – se revendiquant de l’Islam – issu d’une lignée israélite – immigré de génération récente (avec ou sans papiers, sans papier c’est mieux) – prioritairement xénophile – adepte intégriste du culte écolo - durable – fidèle intransigeant des chapelles nostalgiques de la parousie stalinienne ou de ses avatars – etc. etc. (j’en oublie sûrement quelques unes…) Pire ! Un plouc n’ayant même pas une de ces options plus ou moins gratuites (pas si gratuites que ça d’ailleurs) qui sont des plus courantes (union "libre", pacs, famille monoparentale ou recomposée,…)

Bref, un plouc sans le confort moderne qui n’éprouve pas le besoin de s’encombrer ne serait-ce que d’une seule des options ci-dessus pour mener à son goût, même si c’est cahin-caha, sa petite vie tranquille dans son monde réel. Un plouc comme on en croise sûrement encore beaucoup tous les jours dans le métro. Pourtant, on ne les remarque pas tellement ils sont transparents, couleur de muraille. Au point qu’on n’imagine plus que çà puisse encore exister ; tout juste un spécimen de zoo pour amuser les enfants le mercredi après-midi (ou bien alors pour se faire peur…) Si on ne les remarque pas c’est parce qu’ils n’intéressent a priori personne (notamment les média) mais, surtout, c’est parce qu’ils n’éprouvent guère le besoin de se faire remarquer.

Seulement voilà, lorsqu’il prend l’envie à un tel plouc de base de se faire remarquer, que la bêtise hors-sol de ses contemporains est telle qu’il ne peut se retenir de pousser un coup de gueule ou simplement de partir d’un grand éclat de rire, il remplit alors aux yeux de ses contemporains toutes les conditions requises pour devenir illico, subito, l’incarnation parfaite et tant recherchée du bouc émissaire.

C.V. du Plouc-émissaire (de celui dont il est précisément question ici)

Le plouc-émissaire est né de père et mère inconnus dans une ville que nous ne nommerons pas. Les lois de la physiologie étant ce qu’elles sont, il est arithmétiquement avéré que la conception du plouc-émissaire a eu lieu durant la période troublée de la libération de ladite ville en 1944. Le géniteur du plouc-émissaire pourrait donc très bien être ce jeune polonais mobilisé malgré lui dans la Wehrmacht, sans armes et mains en l’air, qui a si longtemps agonisé, saigné comme un bœuf sur l’avenue B…, ayant reçu gratuitement x balles de la part de vaillants FFI de la dernière heure soucieux de se constituer un CV de héros. On encore un de ces tabors marocains alors très présents sur zone… Ou peut-être un vrai héros de la Résistance… Ou plutôt, même si c’est moins glorieux mais beaucoup plus probable, un monsieur-tout-le-monde lambda qui, en cette période de restriction, vaquait à la satisfaction de ses divers besoins… Quant à la génitrice du plouc-émissaire, c’était, dit-on, une jeune fille originaire d’un coin plutôt rural de pas très loin de là, donc a priori "bien de chez nous". Quoi qu’il en soit, le plouc-émissaire lui sait gré de lui avoir donné la Vie. Le plouc-émissaire a ensuite eu la chance d’être recueilli et élevé par des gens qu’on classerait aujourd’hui au maximum et avec indulgence en catégorie CSP-, mais plutôt modeste+. Le plouc-émissaire est ce qu’on appelle un produit de l’école publique, laïque et républicaine, conjugué avec (ou corrigé par...) une éducation domestique imprégnée de convictions catholiques. Il a râlé plus d’une fois sur Lagarde & Michard ou sur la Princesse de Clèves. Mais aujourd’hui il ne le regrette pas. Le plouc-émissaire n’a pas toujours été raisonnable. Il fut un temps où, bien qu’encore mineur, il portait tous les deux jours sa gamelle à un type de l’OAS condamné à mort par contumace qui crevait lentement d’un cancer dans une chambre de bonne. Chaque fois, en y allant, le plouc-émissaire se demandait s’il allait trouver un cadavre froid ou les flics. Jeunesse passée, le plouc-émissaire a vite compris que De Gaulle n’avait pas eu tous les torts. Mais si le plouc-émissaire tient à évoquer cela aujourd’hui, c’est parce qu’il revendique pour lui-même et sa dignité au moins autant de respect qu’on en accorde aux porteurs de valises du FLN.

Le plouc-émissaire a plus tard fait une honnête carrière en exerçant des responsabilités en phase directe avec la réalité concrète de la vie des entreprises, mais dans le cadre d’une institution où, tout en devant rendre des comptes sur ses résultats, il n’avait pas le choix de ses collaborateurs et disposait de fort peu de moyens d’action sur eux. Ce qui, somme-toute, est une école de la vie comme une autre…

Aujourd’hui, le plouc-émissaire contribue consciencieusement par sa survie à creuser la tombe du système de retraite par répartition.

Le plouc-émissaire vit seul dans une ville que nous ne nommerons pas et qui n’est pas la première que nous ne nommerons toujours pas. Il n’est pas divorcé (ce qui ferait chic) mais veuf (ce qui est moche) Madame plouc-émissaire est partie continuer sa vie autrement depuis quelques temps déjà (de toute façon ce sera toujours hier) Mais si le plouc-émissaire vit seul, il n’est pas seul. Même si c’est géographiquement d’assez loin, il a la chance d’être entouré par ses descendants. Un clan en vrai béton, tous différents mais tous unis entre eux comme les doigts de la main et où toutes les ‘pièces rapportées’ jouent le jeu. Quand il déprime, le plouc-émissaire se sait porté par ce clan qui est sa plus grande fierté (pas pour l’éventuelle réussite sociale des uns ou des autres mais bien pour ce qu’ils sont) Le plouc-émissaire se sent aussi accompagné sur sa route par la transcendance divine (ce qui ne l’empêche pas de boitiller souvent, vu que sa guibole fides semble quand même être un peu plus courte que sa guibole ratio…)

Malgré tout, au quotidien, le plouc-émissaire vit seul. Il meuble alors souvent son temps en surfant sur Internet (une papy-sitter qui en vaut bien une autre…)

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