« Et si quelquefois, sur les
marches du palais, sur l’épais tapis du statut, dans la solitude morne de la
fonction, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au
vent vide, à l’inversion de la courge, à l’alignement des planètes, au déplumé,
à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule sans
amasser mousse, à tout ce qui chante faux, à tout ce qui parle pour ne rien
dire, demandez quelle heure il est ; et le vent, la courge, les planètes,
le déplumé, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s'enivrer ! Pour n’être pas les
esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ;
enivrez-vous sans cesse !
De mémoriel, de repentance ou de moi-je, à votre guise. »
[Adaptation
(très) libre de Charles Baudelaire - Enivrez-vous, Le
Spleen de Paris, XXXIII]
Si Manu la Mâchoire s’enivre de foot
en général et du Barça en particulier, le Pédalonaute, lui, s’enivre de
commémorations, d’inaugurations, de célébrations, d’occasions de se faire voir
et de postillonner dans le crachoir. On oubliera le kérosène et tout le fourbi
qui va avec car si ça ressemble à une tournée électorale, vous savez bien que ça
n’a rien à voir.
- Aujourd’hui, donc, François II Pédalonaute sera à Tulle en Corrèze pour
honorer de sa présence la marche silencieuse rendant hommage comme chaque année
aux 99 otages pendus par les nazis un 9 juin. C’est aujourd’hui le 71°
anniversaire.
Bien sûr, il profitera de "l’après-minute-de-silence" pour "échanger"
à voix basse avec les autochtones qui ont bien de la chance : En cinq
mois, c’est son cinquième déplacement à Tulle ; après les vœux aux Corréziens,
une série d’inaugurations en février et les deux dimanches de vote aux
départementales…
Bien sûr aussi, on s’en tiendra au rappel de l’horreur : Sur les 3.000
hommes raflés au hasard, les 120 malheureux sélectionnés pour être pendus sur des
critères comme d’être sales ou pas rasés… Et le décompte macabre s’arrêtant à
99 parce que les bourreaux ont manqué de cordes… On ne s’appesantira pas sur le
reste… On ne rappellera pas que les maquisards FTP remontés de la mine, descendus des collines et, surtout, renforcés
par tous les résistants de la vingt-cinquième heure en ce surlendemain du
débarquement de Normandie, pressés de faire leur "nettoyage", militairement
incompétents et trop sûrs d’eux, savaient que la division SS Das Reich
remontait du sud et n’était pas loin… Ils ont libéré la ville… et l’on abandonné le lendemain au premier coup de
feu… Et on préfère ne pas se souvenir que la population qui applaudissait le
maquis le 8, le tenait pour responsable le 10… Heureusement, la Das Reich s’étant
ensuite illustrée à Oradour, on a pu lui faire porter 100% du chapeau… et l’a
ressortir pour célébrer le culte antifasciste reloaded de 2015…
- Demain mercredi, après avoir expédié la corvée hebdomadaire du Conseil
des ministres, le Pédalonaute sera en déplacement à Bruxelles pour une rencontre entre l’Union Européenne et la
Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes…
- Jeudi, il sera en déplacement à Genève pour une conférence internationale du travail au siège de l’OIT
- Vendredi il sera à 11 h à Nantes pour honorer
de sa présence le Congrès de la Mutualité française.
- Puis, dès 15 h, il sera à Angers pour inaugurer la « Cité de l’objet
connecté »
A propos de cette "Cité de l’objet connecté" dont j’ignore tout
et où il se fera accompagner par Emmanuel Macron pour faire sérieux, je
reproduis ci-après les propos tenus dans le Courrier de l’Ouest d’aujourd’hui
par le patron d’une boîte locale de 280 salariés du secteur numérique : "Nous
sommes un certain nombre de chefs d’entreprises à ne pas comprendre à quoi cela
va servir et comment cela va marcher exactement. C’est un projet porté
par un groupe industriel privé mais qui reçoit des fonds publics. (…) Sur
la gouvernance, je suis partagé. Pour que le bateau avance, il faut un
capitaine. À ce stade, j’accorde le bénéfice du doute. Si ça peut aider des
entreprises à trouver de nouveaux produits, j’applaudis des deux mains. Mais je
trouve que ce n’est pas clair."
- Puis, toujours vendredi, c’est sans débander que le Pédalonaute sera à
18h30 à Vitry sur Seine, au Musée d’art contemporain du
Val-de-Marne, pour visiter la
première exposition sur le métro du Grand Paris et ses territoires…
- Samedi, il sera au Mans pour assister
au départ des 24 heures.
- Et le soir-même, il sera à Saint-Denis, au Stade de France, pour assister à la finale du TOP14 de Rugby…
- Enfin, Dimanche, il sera à
Bordeaux pour inaugurer Vinexpo…
Manifestement, il s’enivre avec une fébrilité qui commence à inquiéter.
Pour conjurer le réel ? Pour oublier ? On dans l’espoir inconscient de
péter un câble avant l’échéance pour tenter de laisser une trace dans l’Histoire ?
Enfin, une trace… Dans le genre de ceux dont le seul titre de gloire est de n’avoir
pas eu le temps de faire ce qu’on attendait d’eux…
Ca sent l'épitre aux corrèziens où les pitres aux corrèziens !
RépondreSupprimerPersonne ne l'a sifflé à Tulle ?
RépondreSupprimerParce que au Mans, il a eu sa dose
Les journalisses qui s'étaient insurgé contre les siffleurs et les persifleurs du 11 novembre 2013 ne mouftent plus
Dos rond, regards chagrins sur les godasses, ça devient indéfendable, un mec comme ça