Les plus déracinés ne sont pas forcément ceux que l’on
croit.
L’autre jour, regardant la Une d’un hebdo, j’ai vu ce titre : "LES DÉRACINÉS !" s’étaler comme un cri de souffrance sur
fond d’image de grappes faméliques d'envahisseurs immigrés
clandestins sans papiers… "migrants" bloqués par des grilles…
Les déracinés,
donc. Pour moi, en réfléchissant un peu, ça me fait penser à Maurice Barrès. Ouais… Il s’est
complètement planté le mec ! Oui et non… Dans ce roman de 1897 prélude de
son Roman de l’énergie nationale, il
a sans doute bien perçu l’émergence de ce "Moi-Individu" qui, pour se
défendre et s’affirmer contre ce qui n’est pas "Soi" aurait cherché
son salut dans sa Nation, sa Terre et ses Morts… Mais ce n’est plus de saison.
Grâce aux bienfaits de la Gueuse de 1789, de l’abolition
des jurandes, de la loi Le Chapelier, de la loi Weil, des droits opposables, du
"Parce que je le vaux bien" de l'Oréal, de toussa, le déraciné l’est
de plus en plus ! Son "Moi-Individu" n’est plus qu’un
"Moi" tout court, plume ou feuille déjà morte livrée au mouvement
brownien des caprices du vent. Un "Moi" même plus relié – ne
serait-ce que par un tiret - à son "Individu" concret. Et cela par la
grâce des progrès de la science, des lois et des possibilités infinies de transquelquechose que la génétique
propose à ses pulsions… Sans racines… Hors sol… Mais je m’égare.
Revenons aux "migrants". A bien des égards, déracinés ils le sont. Ils le sont à l’aune
des sensations et sentiments qui régissent les épidermes sous nos latitudes. Depuis
le frigidaire, la machine à laver et l’eau sur l’évier, grande victoire pompidolienne
allant désormais de soi ; à l’ère de l’accession à la propriété, des
moyens de consommer tout et partout au pied de l’immeuble dans le cocon de l’Etat-providence
vu-que-je-le-vaux-bien avec la Carte Vitale et le gilet jaune ; quand on
mesure sa réussite et sa sécurité à
son compte d’assurance-vie et au prix de sa cuisine Ikea, comment ne pas les
juger déracinés ? Plumes au vent ?
Pourtant… Avec la conservation – dans leurs tripes et
dans le réel – du sens de la communauté
que nous avons perdu et avec leurs versets du Prophète conservés – librement ou contraints, peu importe – dans la
poche effilochée de leur unique jean, ils ont encore des racines qu’ils
viennent replanter sur une terre nettoyée au Roundup par principe de précaution
où la culture n’est plus pratiquée
que hors-sol sur des substrats artificiels que le vent emportera plus loin…
Et les vrais déracinés, pauvres cons, continuent
fébrilement à faire la chasse pour les arracher aux dernières petites pousses
résiduelles qui, çà et là, s’enracinent encore dans la terre ancestrale pour en
tirer leur nourriture...
Deux exemples de ce week-end viennent encore de le
prouver :
- Le ministère a publié dimanche au Journal officiel les nouveaux horaires
du lycée pour la rentrée prochaine. Seul bémol : pressé d’ajouter l'enseignement civique, deux matières sont
passées à la trappe : La philosophie et l'histoire-géo ont disparu du
planning de certaines séries ! (Cf. par ex. le
programme de 1° générale série S) Interrogé
par l’AFP le Ministère a fait Oups ! "- Ce sont des erreurs qui vont être corrigées, il y aura un nouvel arrêté
le plus rapidement possible…"
On pourrait n’en retenir que l’amateurisme foutoiresque des services à
Najat et de ses réviseurs lui apportant ses parapheurs. Moi j’y vois un
laisser-aller plus profond que trahissent de tels actes manqués…
- Et puis la dernière des services de Matignon au sujet d’un amendement
conteste par les bonnes âmes sur un texte concernant le contrôle des "migrants" :
«En
matière de libertés publiques, la distinction entre Français et étrangers n'est
pas pertinente»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire