Chaque
jour qui passe apporte sa petite touche complémentaire pour rappeler à l’animal
ploukèmien (exemplaire
unique s’il en est bien que ne bénéficiant pas du statut d’espèce protégée), lui rappeler donc, qu’il est sur la
pente de son inéluctable vieillissement. L’alourdissement pondéral et l’usure par
lassitude naturelle des connections neuronales ne sont sans doute pas étrangers
aux effets d’une flemme, oh combien respectable, qu’accentuent la cessation –
assez honnêtement "pensionnée" - de toute activité mercenaire et, plus encore, la
cessation du compagnonnage avec l’autre moitié de lui-même ; cessation que
tente de compenser au quotidien le côté taciturne de la bête… Sur ce dernier
point, le Plouk-èm’ pourrait faire sienne la phrase de je ne sais quel monarque
(Louis
XIV, je crois) disant devant
le catafalque de son épouse décédée, en substance à peu près ceci : "C’est
le seul chagrin qu’elle m’ait donné…" Euh… Enfin, le Plouk-èm’ pourrait la
faire sienne… à peu près…
Mais
je m’égare.
Un
petit signe de vieillissement, donc :
Ce
samedi, bon type, je me suis enfin décidé à descendre "à la ville" (à 9 km quand-même !) pour acheter un nouveau lecteur de
DVD… L’ancien (et
premier céans) n’était qu’un
don charitable d’un de mes fils se débarrassant il y a bien six ans de son
vieux matos déjà jugé obsolète mais-pouvant-encore-servir... Depuis quelque
temps, la bête s’obstinait à afficher trois fois sur quatre "lecteur vide" ;
ce dont, perso, je n’avais guère à foutre, mais qui, en période estivale,
provoquait exaspération et revendications syndicales dans la jeune classe.
Alors même que l’engin n’avait comme fonction quasi-exclusive que de maintenir
l’ordre social dans ladite classe aux heures délicates d’avant le dîner (sacro-saint apéro des
grands) et des mises en
pyjama…
Chez
Darty, donc, le Plouk-èm’ se trouve perplexe devant le rayonnage, lit toutes
les étiquettes, éprouve les sentiments classiques chez le type qui redoute de
se faire arnaquer… et finit par accoster une accorte et jeune vendeuse
commercialement avide de répondre à ses questions.
La
fille a très vite compris à qui elle avait à faire… "- Le Blu-ray",
queksé ?". Moi, terre à terre, je voulais savoir ce qu’il y avait
dans la boîte comme accessoires, notamment comme cordon "connectique".
Y en a pas ? - Non, M’sieur… Le summum, c’est que rien sur la boîte n’indiquait
qu’il y avait une télécommande. Bien sûr, ça allait de soi ! Tronche de la
fille : la même que celle d’un vendeur de bagnoles à qui j’aurais demandé
s’il y avait une manivelle pour démarrer la bête en cas de besoin…
Dimanche,
donc, je me décide à mettre la bête en service pour la plus grande joie de la
jeune classe pressée de retrouver l’ours Paddington ou Tintin…
Dans
la boîte, le fourbi habituel. Et notamment deux dépliants et un "disque"
de la maison Phillips.
Le
premier papier décrit sur quatre volets la procédure de mise en service de la
bête. Le truc très simplifié sans aucune explication littéraire, tout juste une
série de dessins pour analphabètes mais bien suffisants pour le cerveau d’un
quelque-peu-lettré. Le second est un drap de lit à multiples pliages C’était
vite vu, il ne s’agissait en rien d’un mode d’emploi technique ; dans la
même police de caractères que les notices pharmaceutiques, il vous donne en
vingt-six langues (j’ai
bien dit vingt-six)
toutes les réserves de responsabilité du fabricant, qu’il ne faut pas mettre le
matos dans le four, mettre les doigts dans la prise, etc. Sur le disque, enfin,
je lis en gros : User Manual. Bref,
comme avant d’user, il faut mettre en
service, je laisse toussa de côté et
installe la bête en suivant attentivement l’ordre des cases de la bande
dessinée dépourvue de phylactères…
La
chose faite, je fourre dans le tiroir le User
Manual, persuadé de voir alors s’afficher sur l’écran le Mode d’Emploi et, notamment, des
explications claires sur la fonction de tous les petits boutons de la télécommande…
Ouais… Tout ce que j’obtiens à l’écran, c’est "lecteur vide"…
Je
vérifie tout, je vérifie le positionnement du disque, je repars à zéro, je
recommence… J’ai passé comme ça vingt minutes en retombant toujours sur ce
foutu "lecteur vide"…
Puis,
par hasard, ayant fait encore une fois ressortir le tiroir du "mange disc",
mon œil empreint de lassitude tombe sur une inscription en petits caractères en
bordure de l’User Manual : for PC or
MAC only…
Du
coup, j’ai mis l’ours Paddington à la place et ça a marché aussi sec !
Je
suis quand même allé fourrer l’user-manual dans ma babasse pour ne pas mourir idiot.
Le CD comportait en tout et pour tout 26 fichiers Pdf. Pas aussi con qu’on
pourrait le croire, je n’en ai ouvert qu’un, celui qui avait le suffixe /FR… Et
vous savez quoi ? J’ai vu s’afficher sur l’écran l’exact copié-collé des
deux dépliants, rien de moins mais rien de plus non plus.
Depuis,
je m’interroge sur ce doublon majorant les frais d’emballage et la facture
carbone…
Et
me vient une idée qui devrait plaire à Ségolène entre le Nutella et les
limitations de vitesse : Pour réduire l’impact humain sur l’environnement,
on devrait purement et simplement interdire les notices explicatives dans les
boîtes, que ce soit sur support papier ou numérique. Il suffirait d’imprimer
sur l’emballage l’espèce de carré dont le nom m’échappe que l’on photographie
avec son smartphone pour afficher le user manual sur son écran timbre-poste…
Ainsi,
les vieux ploucs comme moi dont le téléphone ne fait ni GPS ni sèche-cheveux
seront privés de lecteurs de DVD et autres cafetières électriques. Un bien pour
la planète tant il est vrai que l’horizon indépassable de l’idéologie, de la
spiritualité, de la morale et du légal d’aujourd’hui est que l’espèce humaine n’ait
aucun impact sur Terre et que son fugace passage ne puisse même plus y être traçabilisé…
Ça m'arrive régulièrement, je passe un coton imbibé d'alcool ménager sur la lentille émettant le faisceau et ça repart comme en 14.
RépondreSupprimerEt c'est bien Louis XIV à la mort de son épouse (peu) adorée.
Le Nain
Excellent... anne
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