"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

vendredi 14 janvier 2011

Un peu de recul avant le match - II

Deuxième texte annoncé, donc. L’encore jeune Criticus a mis son blog en sommeil depuis plus de six mois mais alimente toujours la toile. Mercredi dernier il a produit le texte suivant publié en tribune libre par Les enfants de la zone grise. Je le propose ci-dessous à votre réflexion :
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Je n’ai pas assisté aux Assises internationales sur l’islamisation qui se sont tenues en décembre dernier à Paris. J’ai hésité pourtant, comme j’avais hésité à aller au fameux « apéritif républicain » du 4 septembre 2010, qui se servait du prétexte du 140e anniversaire de la proclamation de la IIIe République pour dénoncer le danger qui pèserait sur nos « valeurs républicaines ». Quel danger, au fait ? "La charia" ironise Marie-Thérèse Bouchard, relayée d’abord par un court billet de Stag, puis par un article plus approfondi.
Si je ne suis pas allé à ces « événements », c’est bien sûr parce que j’avais mieux à faire, mais aussi parce que je ne me voyais pas écouter des orateurs défendant des idées à l’opposé des miennes sous prétexte qu’il y aurait urgence à une « Union sacrée » contre l’islamisation de l’Europe. La gravité de celle-ci semble faire perdre la raison à ceux qui s’en inquiètent, et qui sont de plus en plus nombreux. À en lire ou en écouter certains, il faudrait que les Européens oublient subitement leurs divisions philosophiques pour repousser l’envahisseur mahométan.
Je pense au contraire que l’islamisation est le révélateur d’une série de problèmes qu’il faut résoudre avant de savoir comment, avec qui et au nom de quoi l’on doit neutraliser ce danger.

L’impossible accord sur les causes du mal et les fins poursuivies

L’ennui, c’est que l’accord sur les moyens n’est possible qu’entre personnes qui s’entendent au préalable sur les causes du mal, et les fins qu’elles poursuivent. Quoi de commun entre des laïcards, des féministes, des libertariens, des identitaires, des cathos tradi, à part leur opposition à l’islam ? Prôneront-ils les mêmes solutions, si tant est qu’ils en aient en stock ?
Quel dénominateur commun trouver quand certains des « islamophobes » pensent qu’il faut défendre le tandem État-Providence/société de consommation contre l’islam, tandis que d’autres (dont je fais partie) considèrent que celui-ci n’est que le « châtiment » de celui-là ?
L’exemple de Geert Wilders et du Parti de la Liberté (PVV) aux Pays-Bas est très révélateur : voilà un homme qui, au péril de sa vie, mène depuis plusieurs années un combat déterminé contre l’islamisation des Pays-Bas. Le PVV constitue désormais la troisième force politique du pays et soutient la coalition au pouvoir, sans y participer. Il se pourrait, vue la dynamique favorable pour Geert Wilders, que celui-ci soit conduit dans les années à venir à participer au gouvernement, voire à le diriger. Mais pour défendre quoi ? Dans ses interventions publiques, Geert Wilders souligne immanquablement l’« homophobie », le « machisme » et l’« antisémitisme » inhérents à l’islam. Il est à cet égard le digne héritier de Pim Fortuyn et de Theo Van Gogh, assassinés en 2002 et 2004 et qui avaient défendu des positions analogues.

Pas de solution à l’intérieur du système

Admettons que Geert Wilders finisse par l’emporter aux Pays-Bas. Admettons même que dans chaque pays européen, un parti semblable s’impose. Que ferait-il ? Expulser tous les musulmans d’Europe ? Avec quels hommes pour le faire ? Qui, dans les administrations dont on connaît l’obédience politique des syndicats qui les co-gèrent avec les gouvernements, accepterait d’appliquer les mesures décrétées par ces derniers ou votées par les Parlements ? Qui, dans la presse dont on connaît les affinités partisanes, rendrait compte favorablement de telles mesures ? Qui, parmi les magistrats chargés, en dernier ressort, de faire observer la loi, irait dans un sens favorable aux vues des majorités fraîchement élues ?
La solution est impossible à l’intérieur du système actuel, sauf insurrection remise aux calendes grecques faute de troupes. Et le contexte n’est guère favorable à leur émergence…

Ajoutons à cela que si ces partis réussissaient à remporter les élections, ils ne répondraient en rien à ce qui a rendu possible le mal qu’ils prétendent vouloir éradiquer : le sabotage des systèmes éducatifs et la crétinisation qui en résulte, l’asservissement des populations européennes par l’État-Providence (Geert Wilders ayant délaissé sa position libertarienne initiale pour se concentrer sur l’islam), l’éclatement de la cellule familiale et la dénatalité subséquente, le consumérisme comme narcotique faisant oublier aux Européens qu’ils se sont, contrairement à ce qu’on leur dit, appauvris au cours des dernières décennies en s’endettant…
À ces symptômes de la décadence, les mouvements anti-islamiques n’apportent pas de réponse : les « Démocrates de Suède » défendent la social-démocratie scandinave, quant aux partis appartenant plus à la « droite nationale » (UDC en Suisse, Lega Nord en Italie, Vlaams Belang en Flandre), ils n’offrent pas d’alternative crédible à la société de consommation.
Même, donc, dans le cas fort improbable où des partis anti-islam gagneraient les élections en Europe, leurs chances de parvenir de manière concrète à leurs fins seraient à peu près nulles.

« Sortisme » et sécession

Est-ce à dire qu’il n’y a rien à faire, aux plans individuel, familial, local ? Si, même si le contexte actuel ne permet pas de compter outre mesure sur les initiatives spontanées. Les individus sont atomisés dans des enfers urbains ou péri-urbains. Les familles sont éclatées (divorces, fuite du père, exode des enfants ayant grandi vers les métropoles). Il n’y a plus guère de vie locale authentique : les régions sont de plus en plus centralisées, administrativement et économiquement, par les capitales régionales, les villes moyennes s’organisent de plus en plus en conurbations interminables, quant aux petites villes et aux villages, s’ils ne sont pas déserts, ce sont de simples dépendances résidentielles des villes.
Toutefois, comme nos échanges sur les blogs en attestent, le Web constitue une chance de pouvoir réfléchir aux moyens de sortir du système actuel. Tant que les réseaux de communication tiennent debout (et ce ne sont pas les plus vulnérables), il est en effet possible, par exemple, à des parents qui se rencontreraient sur Internet et qui vivraient à proximité les uns des autres de mettre en place des solutions de home-schooling pour l’éducation de leurs enfants, comme cela se fait aux Etats-Unis. Avec le recul des États dans leurs missions régaliennes qui s’annonce, crise des dettes publiques aidant, il sera également possible à ces mêmes familles de commencer à penser à leur approvisionnement en armes et à leur apprentissage du maniement d’icelles grâce au partage d’expérience. Hormis pour les habitants de mégapoles (Paris, Londres), il sera également facile à ces familles de trouver des fournisseurs alimentaires qui leur permettent d’échapper à l’enfer des zones commerciales.
De tels embryons de société ne pourraient pas être construits sur des affinités idéologiques, mais plutôt sur le plaisir que l’on a à vivre avec tel ou tel, qui ne les recoupe pas forcément. Et une fois ces communautés constituées, elles ne pourraient s’agréger de nouveaux membres qu’en leur donnant envie de les rejoindre. Le rejet de l’islam n’y suffira pas. La haine ne suffit pas à la réalisation d’un individu, et il n’y a pas de raison qu’il en aille autrement d’un groupe.
Si ces communautés réussissent, malgré le harcèlement du fisc (la dernière administration qui fonctionnera, à n’en pas douter), à perdurer, il y a toutes les chances qu’elles représentent une véritable alternative quand les entreprises seront en faillite, faute d’activité économique suffisante, et ce qui restera de service public aura définitivement renoncé à protéger les gens.
À partir d’une certaine masse critique, il sera possible à ces entités territoriales de faire graduellement sécession d’un État à l’agonie, puis de nouer des liens entre elles, via des sites Web indépendants d’abord, et enfin dans le monde réel. C’est peut-être, paradoxalement, la deuxième étape qui sera la plus délicate. Constituer un réseau d’amitiés sur Internet suppose que les leaders des entités partagent une vision du monde. Comme l’a rappelé Stag, l’« entreprise la plus admirable en la matière est sans conteste Alternative Right, dont une antenne francophone ferait un bien fou à la fafosphère européenne ». Ce site, qui concilie information, analyse et réflexion, vole à quelques milliers de pieds au-dessus d’un Fdesouche qui se contente d’une revue de presse réalisée pour l’essentiel à partir des médias mainstream.

C’est donc à nous, hommes de clavier, de commencer à réfléchir à un véritable média indépendant, sur le modèle d’Alternative Right, ou carrément en créant une antenne d’Alternative Right en langue française. S’il reste assez de rédacteurs francophones inquiets de l’islamisation de l’Europe, mais aptes à en analyser les causes et à proposer des solutions.

Criticus

Addendum par le Plouc : Et comme rien n’est simple vous pourrez, si vous en avez le courage, trouver le point de vue contraire (priorité à l’union électorale de tous contre l’Islam) exposé par Philippe Lemoine en vous plongeant dans le fil de ses échanges avec Roman Bernard (donc Criticus) en commentaire du billet de Marie-Thérèse Bouchard cité au début

4 commentaires:

  1. La question des priorités mérite en effet d 'être posée mais il me semble que l 'article de mademoiselle Bouchard auquel est fait allusion soit plus animé par l'aigreur que par un vrai questionnement. La façon dont les commentaires sont filtrés et le bannissement dont j 'ai été l'objet, avec d 'autres " réacosphériens" me conforte dans cette idée.
    tiens, et puis ça m 'agace, je vais lui faire un billet... au risque de me faire bannir sur d 'autres blogs...

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  2. Perso, je ne me référais pas au billet bouchardien évoqué qui était hors de mon sujet. Plus que de l’aigreur y transparaît un peu plus que de coutume cette déprime devant la désespérance de l’époque qui est, me semble-t-il, toujours sous-jacente dans les billets de Marion Messina, lesquels sont souvent des petits bijoux d’observation lucide.
    En contrepoint du texte de Criticus, je suggérais simplement à qui voulais aller plus loin d’aller rechercher chez Bouchard, dans le fouillis des 70 et quelques commentaires, le premier de Philippe Lemoine et le fil qui s’en suivit avec Criticus. J’aurais peut-être mieux fait de le reprendre ici en antithèse mais ça aurait trop rallongé mon post…

    Je découvre qu’elle vous sur-modère ! Faudra que j’aille relire ce qu’elle a laissé passer de vous pour me faire une idée…

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  3. Vous êtes bien aimable de mentionnez mon échange avec M. Bernard. Je voudrais simplement apporter une précision sur ma position dans cet échange. Je prône en effet une stratégie de conquête de l'État par les élections, mais l'objectif ultime est de mettre un terme à l'immigration de masse, le rejet de l'islam n'étant qu'un levier électoral dont il faut tirer parti. Comme je l'ai dit au cours de ma conversation avec M. Bernard, le problème serait le même si, au lieu de Noirs et d'Arabes, c'étaient des Tibétains qui se transportaient par millions chez nous : à terme l'Europe subirait une transformation démographique qui entraînerait la disparition de notre civilisation. Le fait que la plupart des immigrés soient de confession musulmane et que l'islam heurte nos us et coutumes de plein fouet est paradoxalement une chance, dans la mesure où cela rend plus facile le rassemblement d'une majorité contre l'immigration de masse.

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  4. "Vous êtes bien aimable de mentionner" Décidément, j'ai un problème avec le français ces temps-ci...

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