Il est bon de rêver un peu, d’autant que ‘’le pire n’est jamais sûr’’ et que l’avenir donne parfois raison aux visionnaires hors sol… Il n’en demeure pas moins que lorsque les dits visionnaires oeuvrent pour les décisionnaires, leurs rêves me foutent une peur bleue…
Je vous livre ci-après la contraction d’un texte publié il y a dix jours (pour le graphisme, les mises en italiques sont de moi) :
"Dans l’hypothèse, qu’il ne faut pas écarter où le triomphe de la rébellion libyenne déboucherait sur la création d’un gouvernement démocratique dans ce pays, les conséquences seraient profondes. Il suffit en effet de jeter un œil sur une carte pour voir apparaître une nouvelle géographie au sud de la Méditerranée.
Dans un univers où l’effondrement du communisme avait précipité la chute des dictatures, le monde arabe conservait une triste unité. Des rives de l’Atlantique jusqu’à la Mésopotamie, les tyrannies l’emportaient, qu’il s’agisse des monarchies traditionnelles ou des régimes nationalistes et militaires des raïs nés dans le prolongement de la décolonisation.
Désormais, de la Tunisie à Égypte, l’Afrique du nord possède désormais un vrai continuum démocratique. Celui-ci se prolonge, malgré une hostilité de façade, avec Israël, une oasis démocratique dont les citoyens arabes jouissent paradoxalement de libertés jusqu’alors inconnues hors de l’Etat hébreux. Cisjordanie et Liban, (malgré de puissants communautarismes incarnée par le Hezbollah) constituent des Etats partiellement démocratiques.
"On voit ainsi se dessiner une sorte de nouveau « croissant fertile ». Le croissant démocratique que nous voyons se dessiner aujourd’hui irait de Tunis à Ramallah et serait à terme parfaitement complété par la chute du régime Al-Assad en Syrie. Le bloc démocratique arabe pourrait alors atteindre l’Irak qui entreprend la construction, un peu chaotique mais néanmoins cohérente, d’un système démocratique et dont l’exemple a sans doute joué dans les révoltes arabes de 2011 un rôle souterrain mais crucial. La Turquie, puissance musulmane et démocratique, formerait le flanc nord de cet ensemble.
"Ce croissant démocratique, rayonnant au cœur du monde arabe, exercerait évidemment une profonde influence sur les pays périphériques, encore aux mains de potentats locaux. Il est probable que, peu à peu, le spectacle des sociétés libérées éroderait le soutien aux régimes autoritaires existants, qui se maintiennent aujourd’hui par la répression policière, la peur de la guerre civile (Algérie) ou les concessions financières (Arabie saoudite).
"Si ce croissant démocratique maintient son unité et si les systèmes démocratiques locaux s’enracinent, les conséquences seront aussi majeures dans la périphérie du monde arabe. On peut d’abord imaginer que l’Europe ne regardera pas sans réagir la naissance de ces jeunes démocraties.
Même s’il existe aujourd’hui une « fatigue de l’élargissement », celle-ci ne sera pas éternelle et le précédent des anciens États communistes pourrait faire jurisprudence. On n’échappera pas, dans la décennie 2010, à un débat sur une extension de l’Union européenne vers le sud, retrouvant, après celle de l’Europe « carolingienne », la logique du Marenostrum des Romains. Dans la décennie 2020, l’entrée de la Tunisie et de Égypte sera sans doute jugé d’autant plus naturelle que la démocratisation de ces pays aura rendu leurs sociétés plus proches des nôtres" [Notez que l’auteur n’évoque pas la Turquie dont l’adhésion serait forcément déjà ancienne dans 9 ans…]
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Question à deux balles : A qui devons-nous ce texte ?
- A Guillaume Lagane, maître de conférences à Science-Po, soit.
Sachez toutefois qu’il est aussi haut fonctionnaire spécialiste des questions de défense et qu’il occupe un poste d'administrateur civil au Ministère de la défense…
Deux balles ? C'est votre jour de chance, je crois qu'il me reste un peu de monnaie que je gardais pour mon kebab de midi.
RépondreSupprimerA comparer à Aymeric Chauprade !
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