Au café, je lis dans mon quotidien une petite brève dans un coin :
"Une centaine de députés européens vont exiger des excuses – voire la démission – de Günhter Oettinger, commissaire européen à l’énergie, qui a proposé de mettre en berne les drapeaux des pays trop endettés afin de les punir"… Et ces braves députés d’exprimer leur indignation en ces termes : "Proposer d’humilier les Etats endettés comme une des solutions à la crise va à l’encontre des valeurs européennes. La Commission doit prendre des sanctions."…
Perso, cela me suggère deux remarques :
1°- Que ce commissaire teuton de l’inexécutif européen en ait gros sur la patate des Grecs, on le comprend. Qu’il le fasse savoir aussi. Après tout, c’est la moindre des choses qu’on sache ce que pensent les guignols qu’on paie à brasser le vide. Mais sa suggestion débile d’un ridicule absolu met en lumière de manière exemplaire ce brassage de vide qui constitue la seule échappatoire possible qu’ait ces commissaires pour avoir l’air de "poser un acte" justifiant leurs sinécures.
J’imagine un prof qui, dans une de ces classes où chaque élève vaque à ses pulsions perso dans le plus complet bordel, voudrait envoyer le plus turbulent au piquet avec un bonnet d’âne. Il ne le ferait pas. Car lui, il se coltine avec le réel, il n’est pas hors sol…
La connerie de Günther Oettinger n’est qu’une manifestation parmi tant d’autres de l’impuissance du bidule bruxellois trop content de réglementer la hauteur des cuvettes de WC pour masquer sa vacuité et qui se tord les doigts de perplexité devant la crise comme un homard qui vient de trouver un vélo.
La Commission n’a pas à prendre des sanctions. La commission est la sanction…
2° Les députés, maintenant… J’ose pas dire les élus du peuple pour cette assemblée d’apparatchiks des partis politiques de tous bords et de notables ou présumés tels placés en position éligible par tel ou tel cabinet ou comité pour les remercier d’on ne sait trop quoi ou, bien souvent, pour s’en débarrasser… Les députés, donc, qui ont cosigné cette merveille.
Deux concepts ressortent de leur prose dont chaque terme a sûrement dû être pesé et soupesé avec empressement par quelques-uns de ces petits marquis de cabinet et chargés de com’ qui pullulent autour de ces indignés.
- Le premier, c’est humilier. Une fois encore, et nonobstant le refus des extrêmes, on observe cette tendance à aller aux extrêmes dans le choix des qualificatifs, sans doute est-ce une nécessité pour bénéficier en retour de la jouissance onaniste d’être cité par les médias. Les Grecs ont des reproches à se faire ; et alors ? Faut-il leur en faire reproche ? les tancer ? les sanctionner ? les punir ? Non ! Car ce serait les mettre en cause, leur demander d’assumer… Humilier c’est mieux : Pas de référence à leur éventuelle responsabilité et connotation de victime… Il y a là derrière tout le reflex pavlovien de bisounours et/ou modernoeud face au réel : l’école, la récidive, l’économie souterraine, le touriste de Lampedusa, le martyr palestinien, la déesse Kâ, etc.
On voit bien, toutefois, que le communiqué est la résultante d’un compromis européen ; la rédaction eue été franco-française, à humilier on aurait sûrement préféré stigmatiser…
- Le second concept, c’est… les valeurs européennes. Là, c’est le must ! Il n’y a plus rien à dire vu que c’est la version non nationale, donc supérieure, du pacte républicain…
Amen…
Benedicat vos omnipotens deus!
RépondreSupprimerIl n'y a rien a ajouter, ce que vous écrivez est frappé au coin du bon sens.Quel malheur!
Amitiés.
Pour l'omnipotens, je demande un délai...
RépondreSupprimerSublime, comme souvent....
RépondreSupprimerha les valeurs européennes !
RépondreSupprimersublimes valeurs !
mais on ne sait trop lesquelles bien sûr
c'est les trucs qu'on met (ou qu'on sort bien souvent faute de mieux ) du chapeau pour faire bien dans les idscours
c'est la valeur d'éloge si chère à muray
les valeurs européennes ne se recoupent pas avec les valeurs républicaines ( dont on ignore , elles aussi ce qu'elles sont ) mais elles en sont un peu le prolongement lorsqu'on tente de trouver un terrain d'entente , dans un meeting pipolitiuqe par exemple
enfin , pas sûr qu'on les dégaine à ce moment là
c'est pas fait pour être montré à tout le monde , hein , rien qu'aux happy fews
pas certain que les metallos de florange ou de gandrange se soient vus sermonnés à coup de valeurs européennes lorsqu'ils ont beuglé qu'on les privait de leur gagne pain ( mais l'état nounou pourvoira à leur provende en endettant leurs arrières petits enfants , bref)
peut être que les valeurs européennes auraient à voir avec "les lumières que le monde entier nous envie"?
pas si sûr
comme le reste , ces lumières qu'on nous envie ( qui étaient tout sauf démocratiques , mais plutôt élitistes en diable , bref)ne s'expliquent pas , au moins devant la populace , on peut en causer entre initiés , ou dans les colonnes des journaux ( l'immonde ou libé), mais devoir se coltiner ça devant un parterre d'analphabètes ...bonjour!
vaut mieux les réserver à un public qui te contredira pas , genre artistes ratés ou instits se croyant investis d'une mission ( pas les postiers , pas les agents des impôts, pas les fonctionnaires territoriaux )
et là encore , faut pas expliquer , faut glisser
imaginez que dans l'assemblée ( mais c'est fort improbable , hein ) un gus lève le doigt et dise "heu , mande pardon m'sieu l'orateur , mais les valeurs européennes/républicaines/les lumières quelles sont elles ? est ce que vous pouvez nous les décrire , nous les expliquer , nous donner une définition claire , précise , tout terrain , exploitable en somme ?"
voyez l'orateur sécher , sa machoîre se déboiter, son nez s'allonger, puis le quidam interrupteur s'écrier "mais quel rapport avec la fermeture de gandrange , alors ?"
bref
une valeur à n'utiliser qu'en dernier recours
je me souviens d'un lip-dub des jeunes modemistes dans lequel on les entendait chanter "subsidiarité , fédéralité"
hillarant