Un
premier élan du cœur boosté par ma
naturelle charité chrétienne me poussait ces jours derniers à vouloir vous
parler de la Fête de l’Humanité avec
un chouïa de tendresse nostalgique.
Il
est vrai que ce n’est pas tous les jours que l’on a 77 ans et qu’il est bien
naturel d’avoir un geste de compassion pour tous ces fossiles et ces marteaux qui
seront désormais privés de la lecture de Tintin…
Il ne leur reste même plus Pif gadget…
La
fête de l’Huma, donc. Toujours la même avec ses concerts de musiques variées ;
avec ses cabanes à frites et ses stands d’assoc’s sagement alignés dans les
allées rebaptisées rues
Jacques-Prévert, Che-Guevara, Hô-Chi-Minh, Salvador-Allende,
Ethel-et-Julius-Rosenberg, Missak Manouchian… Avec désormais de nouvelles artères judicieusement nommées :
rues Salah-Hamouri, Yasser-Arafat, Marouane-Barghouti… On a l’âge de ses
artères…
Et,
bien sûr, avec ses chapiteaux dédiés aux débats…
Qu’en
retenir ? Un premier sourire en lisant qu’hormis Benabar, le groupe
musical en tête d’affiche cité se nommait New
Order et l’envie d’en faire le titre du billet. Mais non car il y a eu la
suite :
Tout
d’abord, après un autre sourire en remarquant le changement progressif de la
phraséologie des présentations : "recueillir
la pulsation du monde et la transformer en énergie durable", la
découverte d’un nouveau concept mis en valeur durant toute la fête : "Naissance d’un mouvement
anti-austéritaire"…
Ce concept d’austéritaire m’a réjoui… Puis la
compassion a pris chez moi le dessus en assistant à la marche contre les licenciements, grande manifestation et signe de combativité. Cette démonstration de force s’est déroulée…
dans les allées de l’espace clôturé de la fête. Un peu comme une procession du
Saint-Sacrement conduite en catimini par le curé entre les hauts murs de la
cour du presbytère…
Et puis l’orientation
générale de l’édition 2012 méritait-elle tant d’efforts naïfs des clergés,
bedeaux, chaisières et grenouilles de bénitier de cette "paroisse"
pour attirer de nouveaux fidèles et
compenser la disparition du prolo de notre enfance que le bobo et le petit prof
ne sauraient suffire à compenser ?
Ils avaient
pourtant mis le paquet avec deux grandes soirées : "Algérie : 50 ans
d’indépendance" et "Sabra et Chatila, 30 ans après" Cool…Et sur
les cinq grands débats, on a eu droit
à "Méditerranée : quelle solidarité entre les deux rives ?",
"Qu’est devenu le Printemps arabe ?" et "Temps de solidarité
avec les réfugiés Maliens"…
Mais voilà.
Ils avaient osé inviter Caroline
Fourest à un débat ! Insultée,
bousculée, recevant fruits et légumes, privée de parole… Par qui ? Evidemment
par un commando de non-paroissiens
adeptes de la religion de paix, d’amour et de tolérance que nous connaissons
bien (et, nous
dit-on, de leurs supplétifs d’esstrême-drouâte…) Ce fut particulièrement jouissif de voir nos braves
cocos se faire traiter de racistes… Et de voir ceux-ci scander Liberté d’expression ! Fascistes ! à l’adresse des barbus et femelles ensachées hystériques
honteusement discriminés ainsi qu’aux racailles chères à Mélenchon….
Surtout,
surtout, les fidèles étaient sans
bras, envahis chez eux, contraints de renoncer à l’office comme de braves cathos sans défense au sanctuaire brutalement
occupé par Act-up… Comment ne pas
avoir pitié d’eux… Que sont les gros bras de la CGT d’antan devenus ?
Mais cessons
de ricaner devant ses pauvres bolchos résiduels. On peut compatir à leur
déception.
En revanche,
il y en a d’autres qui méritent au minimum notre mépris et, disons-le, plus que
le goudron et les plumes…
Je ne
parlerai pas du PS qui n’a envoyé à la Courneuve que des sous-fifres, Harlem
Désir s’étant judicieusement trouvé autre chose à faire. Non, je parle du
Gouvernement de la France, notre
gouvernement :
En théorie,
si j’en crois les principes expressément affirmés par le Président (mais nous savons ce qu’ils valent
après 120 jours), le
gouvernement n’avait rien à faire es
qualité dans cette galère partisane. Il a néanmoins cru bon de dépêcher sa
porte-parole pour y prêcher la bonne parole.
Huée tout au
long du trajet entre sa voiture et l’entrée de la salle, Najat Vallaud-Belkacem
n’a pas pu en placer une. Dès ses premiers mots, elle s’est fait traiter de
menteuse par un public vociférant. Le débat a tourné court et fut annulé. Discrètement
exfiltrée comme on dit maintenant, elle a évidemment été harcelée par les
journalistes voulant lui faire dire ce qu’elle en avait pensé.
Tout ce qu’elle
a trouvé à leur dire, c’est :
Pour
garantir le redressement et la croissance, nous avons un gouvernement qui nous
donne confiance…
Vous m'avez bien fait rire ! N'empêche que les communistes ont des élus en nombre. Preuve qu'il est toujours utile d'avoir un cousin bien placé même si de temps à autre on ne peut se retenir de lui cracher à la face. Le cousin en est d'autant moins rancunier que sans les deux ou trois pour cent de résidus bolchéviques il serait encore dans l'opposition...
RépondreSupprimerOn peut au moins dire que Caro Fourest ne s'est pas trompée sur une chose : la tentation obscurantiste est susceptible de générer un sacré bordel à gauche et les grands humanistes ne sauront plus où donner de la tête entre la promotion de l'individu déraciné et progressiste, d'un côté, et la défense de l'immigré discriminé dont la culture est une richesse, de l'autre.
RépondreSupprimerSinon il n'y a pas que notre gouvernement qui ait fauté (oh surprise !) par ce malheureux choix partisan... A en croire les affiches (moches) qui m'ont pollué la vue au cours des dernières semaines, tout le service public de la radio soutenait cette fête "anti-austéritaire". Je suppose que leur excuse, c'est qu'il y a des chanteurs et que c'est le boulot... mais utiliser nos deniers pour prêter une sono et permettre de gonfler le budget chipolatas des permanents du PCF, c'est mesquin.