Le prince charmant et
le donjon,
Cendrillon au bois
dormant,
La fée, la sorcière, le
dragon,
Et le 6° ou 7° élément…
De
quoi je cause, là ?
Cet
été, figurez-vous que la vieille petite télé de mon douar d’élection a rendu
l’âme. Devenue obsolète par la férocité de la TNT (non, pas le
trinitrotoluène, j’utilise du semtex…), je l’avais pieusement conservée dans un
placard et lui faisait prendre l’air en été justement. Contrairement à ces
foutus écrans aussi plats que ce qu’ils diffusent, elle seule disposait en
effet du petit tiroir magique permettant encore de visionner d’antiques
cassettes VHS ; chose utile en été, notamment les jours de pluie une fois
les mômes en pyjamas, pour laisser un peu de paix aux adultes entre dix-huit
heures quarante-cinq et sept heures moins le quart…
J’avais
donc profité d’un aller-retour programmé à mon douar de cantonnement pour en
ramener la grosse bébête que je n’avais plus allumée depuis les élections.
Las ! Une fois sur place, son tiroir s’est révélé aussi muet que l’autre…
Il est vrai que je ne me souviens plus depuis quand je ne m’en étais plus servi
(du
tiroir)
Un an peut être ?
Bref,
de retour dans mon cantonnement urbain, j’ai réalisé hier que, si je ne
regardais une cassette qu’à chaque mort d’évêque, le fait de savoir que je
pouvais contribuait grandement à ma sérénité… Et me voilà pris d’une envie
de revoir, que sais-je, La 317° section ?
Les tontons flingueurs ? Va
falloir que je me vote un budget DVD…
Mais
je m’égare… Question : La dernière fois que j’ai glissé une cassette dans
le tiroir, c’était quoi ?
-
Figurez-vous que c’était… Le 5° Elément
de Luc Besson… J’avais découvert cet opus
par hasard, un de ces soirs où, en déplacement professionnel, je zappais,
esseulé dans une chambre d’hôtel…
Je
ne suis pas cinéphile, je n’y connais rien et je ne m’intéresse guère aux superproductions
de science-fiction. Mais la construction de ce film m’avait fascinée.
Nous
avions là un scénario qui surfe sur la vieille antienne universelle, pré et
post chrétienne, de l’attente d’un sauveur qui doit nous éviter le stress des fins
dernières. La méthode est toujours gagnante…
Surtout,
c’était un conte de fée ! "Actualisé",
certes, mais un conte de fée tout ce qu’il y a de plus lambda avec le chevalier
sans peur et sans reproche, la jolie princesse, le dragon, les gnomes plus
bêtes que méchants, etc.
-
1° défi : Le héros. Comment faire pour que le chevalier blanc aussi fort et
efficace qu’astucieux soit crédible
pour le consommateur d’aujourd’hui ?
Simple ! C’est un Rambo des forces spéciales rangé des voitures ! Et
pour qu’on puisse le croire capable d’affectivité, de compassion et prêt à se
porter au secours d’autrui ? Ben il faut qu’il soit un peu paumé et carrément
dans la dèche…
-
2° défi : L’héroïne : Elle doit impérativement être jeune, jolie,
séduisante et aussi agréablement carrossée que nubile. Mais, tout à la fois, il
lui faut aussi être naïve, totalement innocente,
bref virginale dans tous les sens possibles du terme… Comment cela peut-il être
crédible aujourd’hui ?
Simple ! Ce ne peut être qu’une… extraterrestre !
De
plus, accessoirement, un petit côté androgyne est toujours du meilleur effet…
-
On passera sur les détails. Evidemment, le dragon est un affairiste trafiquant
hyperpuissant et hystérique du genre un doigt dans chaque pays, qui se révèle
n’être qu’un simple commis de son maître, c’est-à-dire un larbin du Mal
Absolu…
-
Enfin, tout conte de fée qui se respecte se doit évidemment de conclure sur une
scène bucolique au clair de lune, agrémentée d’une voix off nous
rassurant : "- Ils se marièrent
et eurent beaucoup d’enfants". Enfin quelque chose de ce genre…
Comment
traduire cela aujourd’hui ?
Simple ! La dernière image nous suggère fugacement le Rambo et la belle
extraterrestre en train de copuler dans une sorte de tube à essais…
Où
en étais-je ? Ah oui ! Les contes de fées… On observera que les
acurabas en redemandent. On se souviendra par exemple du succès commercial des Choristes ou d’Amélie Poulain, succès acquis pour une fois sans battage médiatique
préalable orchestré par l’établissement…
Mais c’était il y a déjà onze et huit ans. Autant dire jadis...
Aujourd’hui,
la demande spontanée de contes de fées
a su bisounoursement se libérer de ses codes surannés au profit de Xième Eléments.
Qui
oserait ricaner d’Intouchables ?
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