Il
faut quand même que je revienne sur la déclaration enflammée commise par "Moi-Président
de la République Fwançaise" pour conclure son discours d’auto-congratulation
quelque part entre Tombouctou, la main de Fatma des monts Hombori et
l’épicerie-pompe à essence pillée-incendiée sur la route de Mopti. C’est vrai
qu’il y avait de quoi :
Probablement
entre quatre hauts murs de torchis beige et ses souliers dans la poussière (je n’y étais pas mais je
vois très bien…) notre Président était dévotement entouré par une demi-douzaine de
Bambaras en boubous, trois cirages en uniformes et casquettes avec plein de
médailles en fer blanc gagnées de haute lutte dans des opérations militaires de
guerres civiles, trois Peuhls (mais pas une seule gonzesses, pourtant Dieu qu’elles sont
belles),
un dromadaire médiocrement concerné et peu blatard mâchant son schewing-gum ,
trois marquis de cabinet et deux ministres en cravate transpirant de la nuque,…
J’en ai pas oublié ? J’ai bon ? (Non, les chèvres, on les avait fait sortir à
cause des photographes ; trop efflanqués elles n’étaient pas
représentatives… Les femmes non plus d’ailleurs…)
Ah
oui ! Hors champ des caméras il y avait bien sûr le GIGN en protection
rapprochée, eux-mêmes protégés de plus loin par un RPIMa quelconque sans
chargeurs ni percuteurs (pour
courser les islam… terroristes, ça va ; mais en présence de
Moi-Président, faut pas leur faire confiance, on ne sait jamais)
Bref,
les conditions étaient réunies pour que Moi-Président nous fasse enfin son coming out émotionnel (j’ai pas dit sexuel) L’émotion est humaine et même un Bonaparte
ne peut la cacher en de telles circonstances. Bien entendu, la force de
caractère de Moi-Président qui transparaît à chaque occasion dans sa rapidité
et son sens inné de la décision comme dans son aptitude alexandrine à trancher
les nœuds gordiens sans barguigner, sa force de caractère, disais-je, lui avait
permis jusqu’à présent de ne pas fendre
l’armure…
Dieu
sait qu’il en a vécu, cet homme : Ce fameux soir du 6 mai où
des millions et des millions d’acurabas de tous milieux, de tous âges et de
toutes conditions lui ont fait confiance en déposant à ses pieds, dans la
liesse et avec ferveur, leur avenir et celui de leurs enfants… Et bien il a
résisté ! Il a su se retenir de décapsuler sa larme de circonstance. Quel
homme !
Et
face à la liesse populaire à la
Bastille ! Ces dizaines de milliers de divers
tant aimés (ou
tant craints)
qui acclamaient son saint nom ? Non, il a su se tenir…
Et
quand lui, François Gérard Georges Nicolas, fils d’un médecin ORL politiquement
mal embouché et d’une assistante sociale, a été reçu à l’ONU et invité à
bavasser devant la planète entière, il a su rester normal, si normal…
Et
quand lui est revenue la tâche immense
de redresser les erreurs du passé à Dakar et Kinshasa, il a su rester petit
garçon… Quel homme !
Mais
être reçu au Mali ! Rendez-vous compte ! Là, il n’a pu que
craquer :
" La France est fière de vous, et moi je veux
vous dire que je viens de vivre la
journée la plus importante de ma vie politique."
Comprenons-le.
Là, il ne pouvait pas se retenir. Les conditions étaient enfin réunies pour
qu’il ouvre son cœur…
Il
avait enfin devant lui un auditoire dont il savait que tous seraient très
contents, allaient applaudir et fermer leurs gueules. Pourquoi ? Parce que
cet auditoire ne pouvait être à ses yeux qu’un ramassis de grands enfants minus
habens…
Contrairement
à New-York ou à Paris, il avait là un auditoire à sa mesure… (et
à celle de son notre portefeuille…)
Mais
ce cri du cœur malien nous en apprend surtout beaucoup sur le cerveau et
l’affect de notre Président :
-
D’abord, pourquoi le 6 mai n’a-t-il pas été jusqu’à présent le jour le plus
important dans sa vie politique ? Tout un chacun l’aurait pensé. Or ce
n’est pas le cas.
La
seule raison plausible c’est que, dans son esprit, la victoire du 6 mai allait de soi ; elle lui était due. Ce n’était à ses yeux qu’une
formalité compte tenu de la conviction qu’il avait de sa supériorité morale,
intellectuelle, technique et mentale sur son adversaire. D’où son mépris
souverain pour ce dernier et tous les imbéciles qui l’ont suivi.
-
Ensuite, pourquoi il y a trois jours dans une arrière-cour de sous-préfecture
afwicaine ? Parce que cette "action" militaire (qui lui a d’ailleurs
été imposée par les circonstances et plutôt malgré lui) lui redonne un peu
d’aura international en emmerdant un petit peu Obama, Merkel ou Van Rompuy ?
(à défaut
d’autres façons d’être écouté) - Même pas ! Seulement parce que cette "action"
lui a apporté un peu de consensus, de matière de com’ et de distractions aux
acurabas pour lui donner - enfin - un coup de pouce dans les sondages malgré le
chômage, la dette, le mariage zinzin, etc. Et cela a suffi pour en faire "la journée la plus importante de sa vie
politique" En définitive, la seule chose qui compte pour lui, c’est
son image et la poursuite confortable
de son parcours personnel….
Cette parole historique m'a fait sursauter, moi aussi, lorsque je l'ai entendue à la radio le week-end dernier. J'ai bien l'impression qu'il a sorti l'une des plus grosses conneries de sa carrière politique et j'espère sincèrement que quelqu'un saura la lui renvoyer en pleine face à un moment opportun (une campagne électorale, par exemple). A la vitesse de croisière qui est désormais la leur, Hollande et ses amis termineront leur quinquennat comme ils le méritent: dans du goudron, avec des plumes.
RépondreSupprimerIl est incroyable ce type ! Ceux qui l'ont porté là où il est doivent apprécier ! Les "journalistes ne se sont d'ailleurs pas étendus sur la question...il ne faut pas que les gens réalisent enfin qui préside leur pays...J'ignore qui est le "conseiller en communication" qui lui a soufflé cette énormité, on ne voit que l'imbécile qui l'a prononcée faisant ricaner le monde entier ! J'ai vraiment honte d'être représentée par ce rigolo-là...
RépondreSupprimerLa journée la plus importante de la vie politique d'un petit politicard dont la chance de cocu constitue le seul mérite, finalement, c'est peu de chose.
RépondreSupprimerAmitiés.
De là à penser qu'ils ont un peu aidé DSK à plonger, il n'y a qu'un pas…que je franchis avec témérité.
RépondreSupprimerce n'est pas exclu. cf. :
Supprimerhttp://leplouc-emissaire.blogspot.fr/2011/05/une-chance-de-cocus.html
Ils faisaient d'une pierre deux coups.
SupprimerEn se débarrassant d'un mec qui se traînait ou allait se traîner des casseroles (Guillon avait mis les pieds dans le plat quelques semaines auparavant…), ils mettaient ça sur le dos de Sarko.
Tout bénef !
Un vrai discours de conseiller général en déplacement pour l'inauguration d'un centre de retraitement des eaux usées, ce type a franchi toutes les bornes de l'ennui et du poncif mais il continue. A suivre donc...
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