"Pour baiser causer, sortez couverts !"
Je me souviens qu’une certaine Terrine
(ou Carine, je ne sais plus…) s’interrogeait un
jour ici sur la question de savoir s’il existait des Durex pour les vœux… Et je m’étais dit alors que je réutiliserais
bien la formule à l’occasion (des Durex pour les discours, des Durex pour les lois…)
Pourquoi ai-je repensé
à ça ? En lisant ce matin le papier de Benoît Raysky sur le Boulevard
Voltaire à propos de la novlangue des journalopes et des préservatifs qu’ils s’échinent à enfiler sur leurs claviers avant d’en
titiller la moindre touche…
Le voici :
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Les journaux nous
apprennent qu’un écrivain danois du nom de Lars Hedegaard a fait l’objet d’une
tentative d’assassinat. Il est connu pour ses prises de position farouchement (excessivement ?) hostiles à l’islam. Ce
qui lui a valu des menaces de mort provenant d’organisations islamiques ou
islamistes (je ne suis pas assez
versé dans ce délicat domaine pour faire la différence).
C’est une histoire parmi
tant d’autres. L’intérêt, c’est l’expression utilisée par la presse : "Le controversé Lars Hedegaard"
En français normal, "controversé"
veut dire "ce
qui peut se discuter, être débattu, être contesté" Ici, tel
que les journaux l’utilisent, et dans le cas précis de l’écrivain danois, cela
signifie "douteux"
Au pire, cela excuse par avance les assassins. Au mieux, ça vaut une oraison
funèbre prononcée le dos tourné au cercueil de la victime.
"Controversé" fait partie de ces mots
qui envahissent les médias, devenus une déchetterie où se déversent toutes les
ordures langagières. Ces mots-là tuent la vérité. Assassinent le réel. Mais le
réel finit toujours par se venger. "Controversé"
est en bonne et nombreuse compagnie.
Ainsi le mot "citoyen". On le
croyait tombé en désuétude depuis la Révolution française. Que nenni ! Il
est de retour. Omniprésent sur les ondes et à la télé. Dans sa publicité, la
Banque postale proclame fièrement qu’elle est une "banque citoyenne". Et ça veut dire
quoi ? Rien. La Banque postale est une banque, ce qui l’éloigne quand même
un peu des Petites Sœurs des pauvres. Publicité mensongère, donc.
Mais "citoyenne",
c’est tellement chic. Savez-vous qu’il y a des "entreprises citoyennes" ? On
supposera donc qu’elles ne cherchent pas, contrairement aux autres, les
vilaines, à faire des bénéfices. Et connaissez-vous le sens de l’expression une
"démarche citoyenne" ?
Ramasser les crottes de votre chien, selon les élus écologistes de la Ville de
Paris.
Continuons un peu.
Qu’est-ce qu’un "jeune
des quartiers" ? Tout le monde le sait, tout le monde
comprend. Et tout le monde s’étonne ou s’indigne de cette tartufferie. Mais le
journaliste qui a écrit ou, le plus souvent, recopié ces mots s’est protégé. Il
a mis un préservatif sur le clavier de son ordinateur.
Et que dire des "collèges ambition-réussite",
destinés à ceux qui, hélas, n’ont pas d’ambition et ne connaîtront pas la
réussite ? Mais il y a mieux : le "collège-lycée
élitaire". Vous pensez, pauvres bourges, qu’il est question de
Stanislas, de Louis-le-Grand, d’Henri-IV ou de Lakanal ? Pas du tout. Il
s’agit d’un établissement "destiné
aux décrocheurs scolaires" !
Certes, il n’y a pas mort
d’homme. Juste une paresseuse et imbécile propension à nier ce qui est. Mais il
y a mort d’autre chose. Quand les mots mentent, ils tuent le peu de confiance
qu’on a encore dans les médias et dans ceux – gouvernants, pédagogues,
sociologues du ruisseau – qui les inspirent. Tous des menteurs ? Le "tous des voleurs, tous des
pourris" n’est pas loin. Et il n’y a rien de plus destructeur
pour une démocratie.
Jean Daniel, du Nouvel Observateur, a
écrit un jour que le journalisme était un "foutu
métier". Il a dû sans doute se retenir pour ne pas dire un "métier foutu".
Autre référence. Un professeur de journalisme, un vrai, un grand, Jacques
Kayser, avait formulé ainsi ce qui était selon lui le rôle du
journaliste : "Tenter
de mettre en clair le discours confus et contradictoire du lecteur".
Aujourd’hui, ce sont les lecteurs, qu’on a bien tort de prendre pour des
idiots, qui voient clair dans le discours confus et contradictoire des
journalistes.
Benoît Rayski
Il
manque évidemment "développement durable",
"commerce équitable", grève
"mouvement social", licenciement
"plan de sauvegarde de l’emploi",
"pacte républicain"... La
liste est longue des mots et expressions n’étant en aucun cas controversés…
Citoyen(ne) est mon mot favori dans ce galimatias !
RépondreSupprimerJ'aime, au lever écouter une radio citoyenne en buvant du café et mangeant des tartines beurrées citoyennes. Ensuite je fais un tour citoyen sur le net, j'y lis des blogs citoyens et écris un billet qui ne l'est pas moins. Des mots-croisés ou quelque lecture citoyenne m'amènent jusqu'à midi.J'aime parfois après un déjeuner citoyen faire une sieste citoyenne avant de me mettre à bricoler de manière républicaine (faut bien changer de temps en temps). Avant le dîner citoyen, je prends un whisky du même tonneau ensuite c'est (rarement) la télé citoyenne ou (plus souvent) une lecture du même acabit puis vient le sommeil, citoyen, bien entendu.
Ainsi passent mes journées qui, bien que citoyennes, ressemblent bougrement à d'autres qui ne le seraient pas.
Tout ceci ne m'a quand même pas l'air très citoyen ; où sont les actions citoyennes en faveur de "l'ouverture", de l'amélioration de la race hermaphrodite et de la propreté des trottoirs ?
SupprimerExact,nous vivons bien sous le haut patronage de la pravda !
RépondreSupprimerAh ça, je ne crois pas.
SupprimerNos bons maîtres sont ailleurs.
"Je me souviens qu’une certaine Terrine (ou Carine, je ne sais plus…) s’interrogeait un jour ici sur la question de savoir s’il existait des Durex pour les vœux…"
RépondreSupprimerUn autre Carine, alors…
Et "l'intégration solidaire" pour dire fédéralisme européen ?
C'est pas mal non plus, ça. C'est Marion qui a déniché ça.
Je crois bien que c'est la même... C'était juste un clin d'oeil en symétrie d'un autre prénom plus maritime^^
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