Ce
midi, tout en consommant en tête à tête avec moi-même mon déjeuner de pauvre
veuf solitaire, j’écoutais d’une oreille distraite sur France-Cul’ une ode à la
gloire des races anciennes de poules…Eh
oui ! On vivote en écoutant ce qu’on veut bien nous donner à entendre…
J’y
ai appris un tas de choses intéressantes. En préambule, tout d’abord, une voix radiophoniquement
féminine m’a expliqué l’origine de la symbolique du coq gaulois. Elle m’a
rappelé que si gallii désignait à la
louche les Celtes chevelus, pour les
Romains c’était aussi les poules… Et que Jules César se moquait des Gaulois, l’aigle
romain allant croquer leur poulailler… Par réaction, le coq devint un symbole
de fierté pour le peuple… A la recherche
d’un logo pour éliminer la fleur de
lys, les guillotineurs de 1792 optèrent donc pour le coq qui fit longtemps
concurrence à Marianne avant de se résoudre à ne plus prendre l’air - souvent la
queue basse – que sur les maillots bleus d’un Zidane ou d’un Thuram…
Mais ce n’est là qu’anecdotes à vérifier
servant à introduire l’interview d’un producteur de gallinacés spécialisé, passionné par les races anciennes et notamment par la gauloise dorée... Ces races, parfaitement adaptées aux climats et végétations
locales ont été largement dominantes depuis la nuit des temps jusqu’à 1950. On
ne voyait qu’elles caquetant dans les cours de ferme ou déplumées à l’étal des
volaillers. Elles ont alors disparu ; et cela en moins de dix ans…
Que
c’était-il passé ? Tout simplement l’arrivée des Américains à la
Libération (n’oubliez
pas le L majuscule)
Et avec eux les méthodes ayant fait leurs preuves outre-Atlantique, notamment
en matière d’industrialisation de la production agricole. On importa alors des souches des Amériques pour améliorer les
rendements. Et pour les poules, on a fait des croisements (on
ne dit pas métissage pour les ovipares
à plumes)
en privilégiant l’apport des souches importées
afin d’obtenir leurs qualités justement
recherchées ; voire on est allé au plus simple et plus rapide en remplaçant… Il est vrai que les souches
importées, déjà issues de savants croisements, donnaient des bestioles qui arrivaient plus jeunes à la maturité reproductive,
qui faisaient moins d’os et plus de viande (et de gras) beaucoup plus vite… Tout bénef’…
Bien qu’on rencontre encore parfois des
poules rousses (n’oubliez
pas de leur dire bonjour, vous en croiserez de moins en moins), vous aurez aussi
remarqué que quand vous pensez "poule" (celle dont on parle
ici, je précise),
vous "voyez" instinctivement une poule blanche. Pour nos aïeux, elles
étaient plus colorées, voire multicolores avec des robes assez sombres. Car
elles savaient devoir faire fomec
sous les arbres pour se camoufler aux regards des prédateurs aériens. Aujourd’hui, en batterie sous hangar c’est une
dépense physiologique inutile, d’autant qu’on n’a plus la corvée de plumer à
domicile et qu’elles laissent leurs robes au vestiaire avant d’exposer leurs
appas au consommateur sur rayonnage réfrigéré….
En 1960, on ne trouvait plus une seule race
ancienne dans le commerce… Après deux bons millénaires (documentés mais sûrement plus) sans changement
génétique majeur, seulement dix ans pour disparaître ! Compte-tenu de l’espérance de vie de ces
bestioles, non pas naturelle mais programmée par l’homme et en faisant la
moyenne (pondeuses
et viande de "poulet") on peut dire que leur disparition n’a pas demandé plus
de cinq à six générations…
Je
n’ai pu que m’étouffer de rire entre la poire et le fromage en pensant aux
efforts déployés par Fwance-Cul’ pour promouvoir et illustrer le drame vécu par ces
races anciennes dont les coqs
pesaient le double des coqs d’aujourd’hui et dont la chair avait du goût.
Je
vous laisse méditer sur d’autres métissages et remplacements appelés de ses vœux
par Fwance-Cul’ pour répondre aux besoins de l’économie et des caisses de
retraite.
Ce
sera tout pour aujourd’hui.
Il y a de quoi méditer, en effet. Ces pignoufs de bobos à cultivation gallinaire ne perçoivent même pas la symbolique des concepts qu'ils manipulent au hasard de leur divagations ondulatoires.
RépondreSupprimerAutrment dit c'est que des pauvres c...
Amitiés.
Pour avoir élevé de ces races anciennes, je confirme.
RépondreSupprimerPour les actuels remplacements, deux générations suffiront.
Cela fait deux dimanche de suite que mon mari est absent pour le déjeuner du dimanche et que je me retrouve donc de façon occasionnelle pauvre "veuve" solitaire et ça n'est pas drôle du tout, surtout avec tous mes ados qui jouent au coq et qui animent tout le repas de noms d'oiseaux sous mon autorité complètement défaillante.Je bats des ailes comme une bonne poule mais sans succès aucun.
RépondreSupprimerMoi qui suis un "visuel", je "vois" très bien La Crevette, la crête ébouriffée, courant dans tous les sens, cot-cot, cot-cot, dans un nuage de plumes, autour de la table de salle à manger où sept ou huit renardeaux aux gueules peines de dents lapent leurs assiettes avec gourmandise sous le regard contemplatif et étonné de Gabrielle^^
SupprimerOui le tableau est exact!^^ Les renardeaux ont mangé du poulet évidemment.
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