Ah oui ! J’évoquais hier soir Libé. Il ne faut pas négliger la lecture attentive de Libé. Les efforts déployés par ses journalistes
salariés pour maintenir à flot leur périssoire pourrie mérite toute notre compassion.
Mettez-vous à leur place ! Devenus hagiographes de la Cour par la grâce du
changement, on ne peut pas dire qu’ils
soient aidés par les petits marquis dont ils doivent assurer la publicité rédactionnelle. Il leur faut
pourtant faire le job et c’est de plus en plus laborieux.
Hier, donc, je lisais leur prose visant à justifier une
bonne fois pour toute l’ordonnance de référé prise dans l’heure pour invalider
le jugement de première instance annulant l’arrêté préfectoral interdisant le
spectacle de M’bala M’bala à Nantes.
Le mieux est de vous la laisser lire. [la mise en gras est
de moi] :
« (…) Saisi
dans la même urgence du référé-liberté jugé sous quarante-huit heures, le
président de la section du contentieux a annulé l’ordonnance du juge de Nantes
par une interprétation, adaptée aux
circonstances de droit et de fait, de la jurisprudence la plus classique.
Il faut lire l’ordonnance pour en saisir la portée juridique. Le juge rappelle
le caractère fondamental de la liberté d’expression «condition de la
démocratie» et garantie des autres droits et libertés ; il rappelle aussi que
l’exercice de la liberté de réunion doit être favorisé et que seules les
exigences de l’ordre public (dont le respect s’impose à tous dans une société
démocratique) peuvent justifier des atteintes à l’exercice des libertés
fondamentales, si les mesures prises sont «nécessaires, adaptées et
proportionnées».
« C’est à
l’aune de ces principes que la motivation de l’ordonnance doit être lue et
comprise. Depuis l’arrêt Benjamin (1933),
l’administration doit prendre les mesures permettant l’exercice de la liberté, à condition de disposer des forces de
police susceptibles de maîtriser le risque de troubles. Le préfet n’en disposait que très
difficilement : fallait-il prendre le risque de débordements ou l’empêcher
par une interdiction de la réunion ? Cette dernière mesure s’imposait pour
prévenir la menace caractérisée de réitération d’un délit, qui est à
l’évidence un trouble ne serait-ce
qu’immatériel à l’ordre public ; et il n’est d’aucun intérêt de disserter de
l’existence d’un trouble strictement matériel, c’est-à-dire par des
manifestations plus ou moins violentes pour ou contre le délinquant. Car le trouble à l’ordre public est
intrinsèquement caractérisé par le risque de renouvellement de propos portant
une atteinte grave et manifeste à la loi pénale, qui traduit le principe de
sauvegarde de la dignité de la personne humaine et qui vise à assurer la juste
protection de «la cohésion nationale» en sanctionnant une discrimination
contraire aux principes constitutionnels, européens et internationaux. »
Vous
suivez ? Z’êtes encore là ? Bon.
Ce
galimatias est aussi triste et scandaleux qu’il est du plus haut comique !
-
Tout d’abord, il me fait découvrir un concept que j’ignorais, qui me met dans
un état de grand ravissement et me paraît promis à un grand avenir :
"Le trouble immatériel à l’ordre
public"
-
Ensuite, Libé nous confirme, s’il en
est besoin, que Manuel Gaz et-des-GAV-réunies ne disposait pas des forces de
police nécessaires pour mettre de l’ordre dans une éventuelle baston entre les spectateurs
ayant payé leur place et des indignés rameutés par pépé Klarsfeld et son fiston.
Ça fait plutôt désordre…
-
Surtout, Libé fait feu de tout bois,
écrit n’importe quoi et se moque de ses lecteurs en invoquant l’arrêt Benjamin de 1933 à l’appui de sa bouillie :
Cet arrêt du Conseil d’Etat, base-culte de la jurisprudence en la matière jusqu’à
hier, ne confirmait pas une interdiction en annulant son annulation en appel (faut
suivre…) mais annulait l’interdiction. La lecture de l’arrêt (qui n’évoque ni les
moyens de police ni le trouble immatériel)
est un monument de défense du droit d’expression en réunion en contradiction
flagrante avec la prose de Libé...
-
Enfin, le comique en bouquet final : La cause de l’arrêt de 1933. M.
Benjamin devait donner une conférence à Nevers sur le thème… “Deux auteurs comiques : Courteline et Sacha Guitry.” ! Devant
les nombreuses protestations de… syndicats
d’instituteurs reprochant au conférencier de les ridiculiser à l’occasion
de chacune de ses interventions, le maire de Nevers décida d’interdire la réunion.
Cette décision fut annulée par le Conseil d’État au motif que les risques de
troubles à l’ordre public allégués par le maire pour interdire cette réunion
n’étaient pas tels qu’ils aient pu justifier légalement l’interdiction de cette
réunion, la liberté de réunion étant garantie par les lois du 30 juin 1881 et
du 28 mars 1907.
Faites-moi
l’analyse raccordant l’arrêt d’aujourd’hui à l’arrêt Benjamin en utilisant les moyens de droit avancés par Libé. Je ramasserai les copies…
Tiens !
Pendant que j’y suis. Je croyais que les "gros titres" de la presse d’information visaient à
synthétiser une information, à apporter une nouvelle
au lecteur. D’enrichir sa connaissance des faits, quoi ! Ce
matin dans La Croix, je lis :
"Le secteur associatif progresse grâce aux emplois d’avenir"
P’tain
la news !
Le secteur associatif progresse donc grâce à des emplois plus ou moins fictifs et plus ou moins précaire payés par le contribuable...
RépondreSupprimerC'est vraiment génial....
Pour le reste, cela démontre inintelligence des journalistes" de libé....